Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/7

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bien l’avouer, plus de plaisir que de peine, car sir Tumley Snuffim avait exprimé l’opinion que cette demoiselle n’allait pas à la constitution de Mme Wititterly.

« Quant à la petite bagatelle de ce qui lui est dû, dit M. Wititterly, je la… (violent accès de toux qui l’interrompt mal à propos), — je la… devrai à Mlle Nickleby. »

Il est bon de savoir que M. Wititterly aimait assez à devoir quelques petites choses, et à les devoir toujours. Il n’y a pas d’homme qui n’ait son faible. C’était là celui de M. Wititterly.

— S’il vous plaît, monsieur, » dit Nicolas ; puis, renouvelant ses excuses d’un si brusque départ, il enlève, pour ainsi dire, Catherine dans le fiacre, et recommande au cocher de les mener bon pas à la Cité.

C’est donc vers la Cité qu’ils courent en effet, autant du moins qu’on peut l’espérer d’un fiacre. Il se trouvait justement que les coursiers demeuraient à la Chapelle Blanche, et qu’ils avaient l’habitude d’y retourner déjeuner… les jours où ils déjeunaient. L’espérance du picotin leur fit donc presser la course avec plus d’activité qu’on ne devait raisonnablement s’y attendre.

Nicolas envoya devant lui Catherine prévenir en haut sa mère, pour qu’elle ne fût pas alarmée de son apparition subite, et, quand elle fut préparée, il se présenta devant elle avec beaucoup de respect et d’affection. Newman, de son côté, n’avait pas perdu de temps. Il y avait déjà une petite charrette à bras à la porte, et l’on se dépêchait d’y transporter les effets.

Mais par exemple, Mme Nickleby n’était pas femme à se presser jamais, pas plus qu’à comprendre à demi-mot les choses qu’on voudrait effleurer à raison de leur importance ou de leur délicatesse. Aussi, bien que la bonne dame eût déjà eu à subir une préparation d’une grande heure, de la part de la petite Mlle la Creevy, et qu’elle fût en ce moment éclairée sur la situation par les explications les plus claires de Nicolas et de sa sœur tout ensemble, elle était encore dans un état d’égarement et de confusion si étrange qu’elle ne voulait comprendre pour rien au monde la nécessité de précipiter ainsi les choses.

« Pourquoi, mon cher Nicolas, ne demandez-vous pas à votre oncle quelles pouvaient être en cela ses intentions ? disait Mme Nickleby.

— Ma chère mère, répondait Nicolas, ce n’est plus le temps d’aller discuter avec lui. Nous n’avons plus qu’une chose à faire, c’est de le rejeter loin de nous avec le mépris et l’indignation qu’il mérite. Votre honneur, votre réputation exigent qu’après la découverte de sa conduite infâme, vous ne lui ayez plus au-