Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/9

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Nicolas s’avançant vers elle ; venez, ma mère, il y a un fiacre à la porte, et, jusqu’à lundi du moins, nous allons retourner à notre ancien domicile.

— Et vous y trouverez tout prêt à vous recevoir, et un cœur ravi de vous y voir, par-dessus le marché, ajouta miss la Creevy ; à présent, laissez-moi descendre avec vous. »

Mais Mme Nickleby n’était pas si facile à mettre en mouvement ; et d’abord elle insista pour aller voir en haut si on n’avait rien laissé ; et puis, au moment où elle montait le marchepied de la voiture, elle crut se rappeler un petit pot de faïence qu’on avait oublié sur la tablette de l’arrière-cuisine ; et puis, quand elle fut dedans, elle se rappela avec inquiétude un parapluie vert qui devait être derrière une porte qu’elle ne pouvait dire. À la fin, outré de désespoir, Nicolas donna ordre au cocher de partir, et le choc causé par le brusque départ de la voiture fit tomber des mains de Mme Nickleby un schelling dans la paille. Heureusement ! car, lorsqu’elle l’eut retrouvé, il était déjà trop tard pour chercher dans ses souvenirs malencontreux ce qu’elle pouvait avoir encore oublié à la maison.

Nicolas, après avoir bien fait charger les effets, congédié la domestique et fermé la porte à clef, sauta dans un cabriolet et se fit conduire près de Golden-square, dans une rue de traverse, où il avait donné rendez-vous à Noggs, et tout cela si lestement qu’il était tout au plus neuf heures et demie quand il y arriva.

« Voici la lettre pour Ralph, dit Nicolas, et voici la clef. Surtout, quand vous viendrez me voir ce soir, pas un mot devant le monde de ce qui s’est passé hier : les mauvaises nouvelles ne vont déjà que trop vite, et ma mère et ma sœur les sauront toujours assez tôt. Avez-vous entendu dire s’il s’est fait beaucoup de mal ? »

Newman secoua la tête, voulant dire qu’il n’en savait rien.

« Je cours m’en assurer sans perdre de temps.

— Vous feriez mieux de prendre un peu de repos, répliqua Newman ; vous êtes malade ; vous avez la fièvre. »

Nicolas lui fit signe de la main assez négligemment que ce n’était pas la peine d’en parler, et dissimula l’indisposition réelle qu’il ressentait depuis qu’il n’était plus soutenu par l’excitation des premiers moments. Il se dépêcha de prendre congé de Newman Noggs, et le quitta.

Newman n’était pas à trois minutes de Golden-square ; mais dans le cours de ces trois minutes, il prit et remit la lettre dans son chapeau plus de vingt fois. Ce fut d’abord par devant qu’il voulut la voir, puis par derrière, puis ensuite des deux côtés,