Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome1.djvu/447

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Pendant ce temps, il avait conduit ses visiteurs au plus beau salon, où l’on voyait son portrait peint par Spiller et son buste exécuté par Spoker.

« Mes filles vont être enchantées, dit-il. Si je pouvais me lasser d’un tel sujet, il y a longtemps, mon cher monsieur, que je serais las de les entendre constamment se promettre ce bonheur, et faire sans cesse allusion à notre rencontre chez mistress Todgers. Et leur jeune et belle amie qu’elles désirent tant connaître et aimer (car la connaître c’est l’aimer), j’espère que c’est elle que je vois en ce moment. J’espère qu’en lui disant : « Soyez la bienvenue sous mon humble toit ! » je trouve quelque écho dans ses sentiments. Si les traits sont l’image du cœur, je n’ai que faire de craindre. Une physionomie et une expression des plus avenantes !

— Mary, dit le vieillard, M. Pecksniff vous flatte. Mais la flatterie ne peut qu’être bienvenue de sa part. Il n’en fait pas commerce, elle vient du cœur. Nous pensions que M.

— Pinch, dit Mary.

— Que M. Pinch serait arrivé avant nous, Pecksniff ?

— En effet, il était arrivé avant vous, mon cher monsieur, répliqua Pecksniff, élevant la voix pour la gouverne de Tom qui se trouvait sur l’escalier ; et il allait, je pense, m’annoncer que vous veniez ici, quand je l’ai prié d’aller frapper d’abord à la chambre de mes filles pour s’informer de ma bien-aimée Charity, dont la santé n’est pas tout à fait aussi bonne que je le désirerais. Non, dit M. Pecksniff, répondant à l’expression de leur visage, elle ne va pas très-bien ; je regrette d’avoir à l’avouer. C’est une affection nerveuse, pas autre chose. Je ne suis pas inquiet. Monsieur Pinch ! Thomas !… cria Pecksniff, de son accent le plus affectueux. Venez ici, je vous prie. Vous n’êtes pas de trop ici. Depuis longtemps Thomas est mon ami, vous devez le savoir, monsieur Chuzzlewit.

— Merci, monsieur, dit Tom. Vous me présentez avec tant de bonté et vous parlez de moi en termes si bienveillants que j’en suis fier.

— Mon vieux Thomas ! s’écria son patron, d’un ton de belle humeur, que Dieu vous bénisse ! »

Tom annonça que les jeunes demoiselles Pecksniff allaient paraître, et qu’elles apprêtaient de concert les meilleurs rafraîchissements que la maison pût fournir. Tandis qu’il parlait, le vieillard le considérait attentivement, mais pas avec