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ADR

Adresser avec le pronom personnel. Conj. Je m’adresse, je m’adressai, je me suis adressé. Il signifie, se présenter directement à quelqu’un, avoir recours à lui, lui demander une grâce, réclamer sa protection, son secours. Consugere. Il faut s’adresser directement à Dieu. Le Roi veut qu’on s’adresse à lui pour obtenir des grâces. Il faut s’adresser au Parlement pour faire entériner une rémission. Je m’adresse à vous pour me tirer du mauvais pas où je suis engagé.

On dit proverbialement, il faut s’adresser à Dieu plutôt qu’à ses Saints ; pour dire, qu’il vaut mieux s’adresser directement au maître pour obtenir quelque grâce, que d’employer pour cela la faveur de ses créatures, ou de ses domestiques.

s’Adresser. Attaquer quelqu’un, soit par raillerie, soit par malignité. Oppugnare, insectari, petere, lacessere. Prudemment on ne doit point s’adresser aux personnes puissantes, de peur de succomber sous leur crédit. S. Evr. Vous êtes bien téméraire de vous adresser à moi. Ce reproche ne s’adresse qu’aux lâches.

On dit, à qui vous adressez-vous ? Vous vous trompez. Vous vous êtes mal adressé ; pour dire, à qui vous jouez-vous ? Vous n’y trouverez pas votre compte. Je sais bien à qui je m’adresse.

ADRESSÉ, ÉE. part. Missus, inscriptus.

ADRIA. Ville des Vénitiens en Italie. Hadria. Elle est dans le Polésin de Rovigo, sur une petite île formée par le fleuve Tartaro. La mer l’a presque détruite, & son Évêque réside à Rovigo. Cette ville donna son nom au golfe ou mer.

ADRIANE. Adrianopolis. Ville de la province de Cyrène en Afrique. Ce nom vient de celui de l’Empereur Adrien, qui, comme le témoigne Spartien, au lieu de monumens publics, aimoit à donner son nom à des villes. Comme les médailles écrivent toujours HADRIANUS par un H, il faudroit aussi en François écrire Hadrien, & Adriane ; mais l’usage contraire a prévalu.

☞ ADRIANÉES ou ADRIANALES. s. f. pl. Hadrianea, Hadrianalia. Jeux institués en l’honneur de l’Empereur Adrien. Il y avoit deux sortes d’Adrianales ; les unes se célébroient tous les ans, & les autres tous les cinq ans. M. Tristan explique dans son premier Tome une médaille qu’il croit conserver la mémoire de ces Jeux. On y voit le bœuf Apis, avec la marque d’un croissant. Le Chevalier Marsham croit que cette médaille & quelques autres semblables, furent frappées en Egypte l’année qu’on fit l’Apothéose d’Adrien, après avoir célébré les Jeux.

☞ ADRIANISTES. s. m. pl. Théodoret met les Adrianistes, au nombre des hérétiques qui sortirent de la secte de Simon le Magicien ; mais aucun auteur ne parle de ces hérétiques.

Les sectateurs d’Adrien Hamstedius, un des novateurs du xvie siècle, furent appelés de ce nom.

ADRIANOPOLI. Ville de Thrace auprès de l’Hébre. C’étoit le siége de l’Empire des Turcs, avant la prise de Constantinople. Adrianopolis. Ils l’appellent maintenant Endren.

ADRIATIQUE. La mer Adriatique. Adria, Adriaticum mare. C’est le Golfe de Venise, appelé quelquefois par les Latins, Mare superum ; & qui, selon Strabon, L. 7. prit le nom d’Adriatique, du fleuve Adria. On trouve encore deux autres mers appelées Adriatiques dans des siècles plus reculés : 1.o S. Jérôme dans la vie de S. Hilarion, c. 30. appelle mer Adriatique, celle qui est entre la Palestine & la Sicile. 2.o Les Auteurs de la vie de Saint Willibalde dans Surius, Jun. VII. & dans Canisius, Var. Lect. T. IV. appellent la mer Phénicienne, mer Adriatique. Apparemment c’est le nom que les Phéniciens donnoient à la Méditerranée, l’appelant grande mer, ים אדיר, ou peut-être יםאדירה, Jam adir, ou Jam adira, d’où en Latin l’on aura fait Adria, & Adriaticum mare. Les Hébreux l’appeloient aussi ים הגרול, la grande Mer.

☞ ADRIEN. s. m. Nom propre d’homme. Adrianus. Sur toutes les médailles latines & les monumens antiques, ce nom est écrit par un H ; ce n’est que dans les siècles postérieurs qu’on l’a retranché. Adrien fut adopté par Trajan, auquel il succéda.

ADROBE, ou ATROBE. Rivière de la Tartarie Moscovite. Adroba, Atropa. Elle commence près de la petite ville de Simberska ; & après avoir reçu les eaux du Sook, elle change de nom, & prend celui d’Usa, puis se décharge dans le Volga, du côté de l’orient, entre Bolgar & Samara.

☞ ADROGATION. s. f. Terme de Jurisprudence. C’étoit une sorte d’adoption qui n’étoit différente de l’adoption proprement dite, qu’en ce qu’il falloit que le sujet qui consentoit à être adopté par l’adrogation, fût libre, affranchi de la puissance paternelle, soit par la mort de son pere naturel, soit par l’émancipation ; & parce qu’elle se faisoit dans l’Assemblée du Peuple, pendant que la République subsistoit, & depuis, par un rescrit des Empereurs. Hors ces différences, qui ne regardent que la forme, c’est dans le fond la même chose que l’adoption. Adrogatio, arrogatio. Ce mot se disoit aussi chez les Romains d’une personne Praticienne, qui se faisoit aggréger dans l’ordre des Plébéiens, pour parvenir au Tribunat, & pour gagner l’affection du peuple. ☞ Ainsi c’étoit proprement l’association ou aggrégation d’un Praticien a l’ordre des Plébéiens.

ADROIT, OITE. adj. Qui a de l’art dans l’action, qui a une grande dextérité de main, de corps. Industrius, solers, dexter. Ce sauteur est bien adroit, bien agile. Cet ouvrier est fort adroit de la main.

Adroit, dans le sens figuré. Qui a l’art de conduire ses entreprises d’une manière propre à y réussir. Il faut qu’un Négociateur soit adroit. M. l’Abbé Girard Syn. C’est un esprit adroit. Ac. Fr. Solers. Suhtilis.

Adroit, synonyme d’habile. L’homme adroit opère avec art & d’un air fini. L’homme habile travaille d’un air entendu & savant.

On le dit quelquefois substantivement, mais dans le style familier ou populaire ; pour dire, rusé, fin. Astutus. Défiez-vous de cet homme, c’est un adroit.

À DROIT. adv. Du côté droit, qui est opposé à gauche. Dextrà. On dit populairement, qu’un gaucher ne fait jamais rien à droit.

ADROITEMENT. adv. Avec adresse, d’une manière adroite & subtile. Dexterè, subtiliter, callidè. Ce coupeur de bourse lui a volé adroitement sa montre dans sa poche. Il a conduit cette affaire fort adroitement.

ADRUMETE. Adrumetum. Ancienne ville d’Afrique, appelée aujourd’hui Hamameta par les Arabes. Elle a eu un Évêque suffragant de Carthage ; & en 394 il s’y tint un Concile. Elle étoit capitale de la province de Bysacène. Strabon l’appelle Adrume, & Étienne Adrumès. Mais Ptolomée, Salluste, Hirtius, Pline, &c. la nomment Adrumète. Salluste dit que c’étoit une Colonie Phénicienne.

Scaliger, & après lui, Drusius, Casaubon, & d’autres prétendent que ce nom est Phénicien, & signifie le Palais de Pluton, חצר מות, Palais de la mort. D’autres soutiennent que cela ne peut être, qu’on auroit dit Adramota, & non Adrumetum ; peut-être même Hatsarmotha, ou Hatsramotha, plutôt qu’Adramotha ; que d’ailleurs il n’y avoit point de raison de l’appeler ainsi ; qu’elle étoit dans un pays beau & fertile ; qu’une ancienne inscription la nomme, COLONIA CONCORDIA ULPIA TRAJANA AUG. FRUGIFERA HADRUMETINA ; que Pline, L. XVII. 5. XVIII. 10. Varron, de Re Rust. L. i. c. 44. Silius Italicus, L. VIII. mettent la Bysacène parmi les contrées les plus fertiles. Bochart aime donc mieux tirer son nom de חצר Palais, & םאה cent, & sous-entendre שערים mesures, parce que son territoire produisoit cent pour un. Cet étymologie ne prévient pas les connoisseurs en sa faveur. Adrumète s’appelle aujourd’hui Mahometta, & par les Arabes Hamametha. Le Concile d’Adrumète se tint en 394. Quelques Moines d’Adrumète, au commencement du cinquième siècle, se scandalisèrent de la doctrine de Saint Augustin.

ADSCRIPTITII, ou GLEBÆ adscripti servi. Esclaves chez les Romains, qui étoient attachés à la culture d’une certaine terre, tellement qu’ils ne pouvoient être vendus qu’avec cette terre.