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AFF

des affirmations servent au plaideur qui gagne son procès, pour faire taxer ses voyages.

AFFIRMATIVEMENT. adv. D’une manière affirmative. Affirmatè. Il m’a soutenu cela affirmativement & positivement. On dit dans l’Ecole, quand on propose une question, je répons affirmativement ; pour dire que la chose est ainsi.

☞ AFFIRMER. v. a. C’est employer le serment pour faire croire ce que l’on dit & pour détruire tout soupçon désavantageux. Affirmare. M. l’Abbé Girard. Voy. Assurer. Ce verbe dans sa signification la plus générale, veut dire la même chose qu’assurer, soutenir qu’une chose est vraie. Pouvez-vous affirmer cela ? Vous ne deviez pas si légérement affirmer une chose qui se trouve fausse. Dans une acception plus rigoureuse, c’est employer le serment pour faire croire ce que l’on dit, & pour détruire tout soupçon désavantageux. Syn. Fr. Affirmer tout ce qu’on dit, c’est le moyen d’insinuer aux autres qu’on ne mérite pas d’être cru sur sa parole. Les menteurs se font une habitude de tout affirmer ; les juremens ne leur coûtent rien. La bonne manière défend de rien affirmer que lorsqu’on en est requis dans le cérémonial de la Justice. Voyez Assurer & Confirmer.

Affirmer, en Justice, c’est lever la main devant le Juge, jurer qu’une chose est véritable. Jurejurando affirmare. Il a été déchargé de la demande qu’on lui faisoit, en affirmant qu’il avoit payé. Il faut qu’un compte qu’on présente soit affirmé véritable pardevant le Juge ; qu’on affirme la vérité d’une dette, quand on en a obtenu la collocation.

☞ En Logique on dit qu’une proposition affirme, quand elle exprime qu’une chose est. Toute proposition affirme ou nie.

AFFIRMÉ, ÉE. part.

AFFISTOLER. v. a. Terme de dérision, bas & populaire ; pour dire ajuster. Le voilà joliment affistolé.

AFFISTOLEUR. s. m. Ce mot veut dire rapporteur, selon Coquillart. Voyez Borel. Il n’est plus du tout en usage.

AFFLEURER. v. a. Terme d’Architecture. Réduire deux corps saillans l’un sur l’autre à une même surface ; comme une trape au niveau du plancher. Æquare ad libellam. Desafleurer est le contraire.

Affleurer. Terme de Mécanique. Toucher, joindre de fort près. Proximè adaptari. L’avantage de cette roue sur l’autre, est d’avoir un peu plus de simplicité dans sa construction ; mais elle a aussi beaucoup plus de frottement, parce que l’auge doit affleurer assez exactement les côtés, sinon il se fait beaucoup de perte d’eau. Des Billettes. Acad. 1699, Mém. 185.

☞ AFFLICTIF, IVE. adj. Ce mot n’est employé qu’au féminin, joint avec le mot peine. On appelle peine afflictive, toute peine corporelle, ou celle à laquelle la justice condamne un criminel, & qui n’est pas simplement pécuniaire. Pœna pœnaria.

AFFLICTION. s. f. état de tristesse ou d’abattement où nous jette un grand accident, & dans lequel la mémoire de cet accident nous entretient. Dolor, mœror, ægritudo. Les élûs sont éprouvés dans l’affliction. Les discours étudiés de ces consolateurs sans douleur, irritent plus l’affliction qu’ils ne l’adoucissent. M. Scud. Il reçut une sensible affliction de la mort de son ami. Ablanc. Je trouverai la paix dans mon affliction la plus amère. Port-R. Il n’y a qu’une affliction qui dure ; c’est celle qui vient de la perte des biens. La Bruyère. Il y a des femmes qui ont la triste & fatigante vanité de se rendre célébres, par la montre d’une inconsolable affliction Rochefort. L’homme doit être dégoûté & lassé de la vie par les douleurs, & par les afflictions. Abad. L’affliction est un tribut que l’homme sage doit payer sans honte à la nature ; & rien en cela ne le doit distinguer des foibles, que la modération. Cail.

☞ L’affliction est au chagrin, ce que l’habitude est à l’acte. La mort d’un pere nous afflige ; la perte d’un procès nous donne du chagrin. Les affligés ont besoin d’amis qui les consolent en s’affligeant avec eux. Les personnes chagrines ont besoin de personnes gaies qui leur donnent des distractions. Diderot.

☞ Le mot d’affliction, ainsi que ceux de chagrin, de tristesse & de désolation ne disent que des peines de l’esprit & du cœur. Voyez ces mots. Affliction dit plus que tristesse, mais moins que douleur. Désolation ajoute à tout cela.

AFFLIGEANT, ANTE. adj. Qui afflige. Tristis, Acerbus. La mort de la personne aimée est la chose du monde la plus affligeante. Combien d’affligeantes réflections ne devrions-nous pas faire sur notre malheureuse destinée ? P. Gail.

AFFLIGER. v. a. Jeter quelqu’un dans un état de tristesse & d’accablement. Dolorem afferre, Contristare. Dieu afflige les bons par la prospérité des méchans. Cet homme est affligé de la goutte. Je ne vous en dis pas d’avantage de peur de vous affliger. Cette nouvelle m’afflige.

Affliger, se dit comme synonyme d’ennuyer.

 Qu’un sot afflige mon oreille,
Passe encor, ce n’est pas merveille ;
Le don d’ennuyer est son lot. R.

Affliger, signifie aussi, maltraiter son corps, le mortifier, le faire souffrir. Affligere, afflictare, cruciare, macerare. Affliger son corps par des austérités. Port. R.. Les Saints ont toujours eu le soin d’affliger leurs corps par le jeûne & par les disciplines. Id.

Affliger, signifie encore, ruiner, désoler, dévaster. Evertere, vastare, depopulari. La guerre affligera l’Etat. Main. La peste, la famine afflige les Provinces.

Affliger, est aussi un verbe réciproque, & signifie sentir du déplaisir, de la peine de quelque chose. Dolere, mœrere. La civilité exige qu’on aille se réjouir, ou s’affliger avec les gens, de mille choses qui ne donnent ni joie, ni douleur. M. Scud. Si la sagesse de Dieu avoit imposé aux hommes la nécessité de vivre toujours, ils s’affligeroient peut-être de leur immortalité. Abad. Pourquoi, à la lecture de mes satyres, aimez-vous mieux vous affliger avec les ridicules, que de vous réjouir avec les honnêtes gens ? Boil.

AFFLIGÉ, ÉE. part. Souvent employé substantivement. Afflictus, Dolens, mœrens Presque tous ceux qui vont s’affliger avec les affligés, ne sentent rien de ce qu’ils disent sentir. M. Scud. C’est assez d’être du nombre des affligés, pour être de vos amis. Voit. Le temple de la Justice est le refuge inviolable des affligés Patr.

AFFLIGHEN. Célèbre monastère de Bénédictins, situé dans les Pays-Bas, à quatre lieues de Bruxelles, dans l’archevêché de Cambrai : c’étoit autrefois une retraite de voleurs. L’an 1083, six de ces voleurs ayant été convertis par les prédications de Gédéric, moine de Blandini, bâtirent un petit monastère dans ce désert, avec une église qui fut consacrée en l’honneur de saint Pierre par l’Évêque de Cambrai. Ils y vécurent sous la règle de saint Benoît, qui leur fut donné pour Abbé par le même Prélat. Cette Abbaye s’acquit tant de réputation, qu’un Gentilhomme nommé Héribrand, avec cinq de ses fils y prit l’habit, & y porta tous ses biens. Les Comtes de Brabant l’ont aussi beaucoup enrichie. Cette Abbaye a embrassé la réforme de saint Vannes. Philippe II, Roi d’Espagne, ayant fait ériger, par Paul IV, Malines en archevêché, lui donna, pour son revenu principal, l’Abbaye d’Afflighen, dont le titre abbatial fut supprimé. Ce monastère, avec quelques-autres, forme, depuis le Concile de Trente, la Congrégation qu’on appelle de saint Placide. Antoine Yepez, Chron. de l’ordre de saint Benoît. P. Héliot, T. VI. p.301.

AFFLUBER. v. a. Vieux mot, qui veut dire. Couvrir. Borel croît qu’il vient d’insulare. Voyez Affubler. C’est la même chose. Affluber s’est fait d’affubler, par une transposition de l, qui se fait en quelques provinces, où affluber est encore en usage parmi les paysans & le peuple.

AFFLUENCE. s. f. Se dit proprement d’un grand concours d’eaux. Affluentia. L’affluence des eaux a rompu la chaussée de ces étangs. L’affluence des humeurs cause diverses maladies. Le chemin étoit rompu par