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AH – AHE

Qui est dans les rues. C’étoit, chez les Grecs, un surnom d’Apollon, parce qu’il avoit des autels, & des statues dans les rues.

AGYNNIEN. s. m. Agynnius. Qui n’a point de femme, qui n’en veut point prendre. Ce mot vient de l’α privatif, & de γυνή, femme. C’est le nom de certains hérétiques qui parurent vers la fin du VIIe siècle, l’an 694. Ils ne se marioient point, prétendant que Dieu n’étoit point l’Auteur du mariage. C’est ce qui les fit nommer Agynniens.

AGYRTES. s. m. pl. Surnom des Galles, Prêtres de Cibèle : il signifie Joueurs de gobelets, qui font des tours de passe-passe, pour attraper de l’argent.

AH.

AH. Interjection qui sert à marquer la joie, la douleur, la surprise, l’amour, & plusieurs autres affections de l’âme, &c. Ah ! Proh ! Ah que cela est beau ! Ah mon Dieu, que je souffre ! Ah si je te prends !

 
Cy gît ma femme, ah ! qu’elle est bien,
Pour son repos & pour le mien.

 
Hìc uxor jacet : ô factum benè, uterque quiescit.
Illa quiescit humi, dum requiesco domi.

☞ AH-AH. Terme de jardinage. Voyez Haha.

AHALAB, ou ALAB. Ville des Chananéens. Ahhalab, Alab. Ce fut une de celles dont les Israëlites, contre la défense du Seigneur, ne détruisirent point les habitans. Elle étoit dans la tribu d’Aser, près de Roob, & du fleuve Eleuthère.

AHAN. s. m. Peine, effort qui fatigue le corps, & qui fait quelquefois perdre l’haleine. Gravis labor, Anhelantis labor. Il se dit particulièrement de ceux qui fendent du bois, & qui crient han à chaque coup de coignée qu’ils donnent. Par extension on l’applique à ceux qui courent à perte d’haleine, & à tous ceux qui font quelque chose de bien pénible. Jupiter en sua d’ahan. Cost. Ce terme est populaire.

Ce mot & le suivant viennent d’ἄω, spiro.

Ménage dérive ahan de l’italien affano, qui signifie peine, & travail. Pasquier & Nicod le dérivent de han, qui est le cri que font les charpentiers en fendant du bois ; & c’est l’étymologie la plus vraisemblable. D’autres de anhelitus, qui vient du grec ἄσθμα qui signifie, difficulté de respirer.

On disoit autrefois, terre ahanable ; pour dire, labourable. Ager arabilis. Il est encore en usage parmi quelques Laboureurs de Champagne, & de Picardie ; aussi-bien qu’ahaner la terre, pour dire labourer, comme on voit dans la Somme rurale de Boutillier ; d’où vient que Du Cange dérive ce mot de anhelare, à cause que le travail du labourage est violent.

AHANER. v. n. Souffrir beaucoup de peine & de fatigue. Exantlare laborem. Il a fallu bien ahaner avant que de venir ici.

Ahaner, signifioit autrefois Labourer ; & on disoit Ahaner la terre. En ce sens il étoit actif. Arare.

Ahaner, se dit figurément en Morale, de l’esprit, quand il a peine à prendre ses résolutions. Il a beaucoup ahané à donner son consentement à cette affaire. Tous ces mots sont populaires & bas. Quelques auteurs ont dit enhanner, au lieu de ahaner, Voyez Enhanner.

AHATE de Pauncho Recchi. s. m. Arbre de grosseur médiocre, d’environ vingt pieds de haut, couvert d’une écorce fongueuse, dont le dedans est rouge. Son bois est blanc & extrêmement dur ; mais le cœur & l’aubier sont verdâtres, sans odeur, d’un goût amer & un peu austère. Ses branches, qui sont en petit nombre, sont couvertes d’une écorce verte, parsemée çà & là de petites taches couleur de cendre. Sa racine, qui est jaunâtre, est revêtue d’une écorce d’un rouge foncé, d’une odeur forte, & d’un goût onctueux, &c. Ses feuilles sont oblongues, unies & rases, posées alternativement ; la partie de dessus est verte & luisante, celle de dessous l’est beaucoup moins. Les fleurs sont attachées par des pédicules aux plus petites feuilles dont elles prennent la place ; ces fleurs sont composées de trois feuilles épaisses, triangulaires, semblables à du cuir, blanches par dedans, & d’un vert pâle en dehors ; lorsqu’on les jette dans le feu, elles ont l’odeur du cuir brûlé. Dict. de James.

AHATIE. s. f. ou AHAIT. s. m. Vieux mot. Joie, plaisir, divertissement.

AHAVA. Nom d’un lieu & d’une rivière de la Babylonie. Ahava. Ce lieu & ce fleuve n’étoient pas loin de Babylone. Lorsqu’Esdras, la septième année d’Artaxerxès Longue-main eut obtenu de ce Prince la permission de retourner en Judée, & d’emmener avec lui tous les Juifs qui voudroient le suivre, il les assembla sur le bord de la rivière Ahava, qui couloit vers le lieu ou la ville d’Ahava, & de-là ils arrivèrent à Jérusalem en trois mois & dix-neuf jours. I. Esdr. VII & VIII. Le P. Lubin prétend que c’est le Tigre. Mais sans parler de la différence des noms dans la langue originale, quelle apparence qu’Esdras partant de Babylone pour la Judée, qui est à l’occident, donnât à sa troupe le rendez-vous sur les bords du Tigre qui est à l’orient ?

AHE.

AHERDRE, & AHERDER. Vieux mot, qui signifie attacher, addonner. Borel.

 
Ceux qui ne si voudront aherdre,
La vie leur conviendra perdre. R. de la Rose.

AHEURI, IE. adj. Etonné, surpris, interdit. Obstupefactus, perturbatus, &c. Vous voilà tout aheuri. Il est populaire. On prononce & on écrit ahuri.

AHEURIR. v. a. Vieux mot, dont on se sert encore en quelques provinces. Etonner quelqu’un, le rendre stupéfait, tout interdit. Obstupefacere. ☞ On doit écrire avec l’Académie ahurir.

AHEURTEMENT. s. m. Obstination, opiniâtreté qui nous rend si fort attachés à un sentiment, qu’on ne nous peut persuader le contraire. Obstinatio, Pertinacia. C’est par un pur aheurtement qu’il n’a pas été de l’avis des autres.

☞ AHEURTER, S’AHEURTER. v. récip. S’opiniâtrer, s’obstiner, se préoccuper si fortement d’une chose, que rien ne peut nous faire revenir. In sua sententia obstinare, obstinato animo perstare, permanere. L’homme est si naturellement jaloux de ses sentimens, que quand une fois il s’aheurte à une opinion, on ne le peut guérir de sa préoccupation. ☞ Il s’est aheurté à cela contre l’avis de tous ses amis. On s’aheurte à faire quelque chose.

☞ Les grands Vocabulistes nous assurent qu’on peut employer ce verbe avec un régime simple & direct, sans le pronom personnel, & nous donnent cette phrase comme très-françoise. Il ne faudroit pas aheurter cet homme à ce paradoxe. Je respecte beaucoup leur décision ; mais ce n’est point une autorité irréfragable. Le Dict. de l’Acad. Fr. ne l’emploie qu’avec le pronom personnel ; c’est ainsi qu’on le trouve employé dans tous nos Auteurs.

AHEURTÉ, ÉE. part. Obstinatus, pertinax, Obfirmatus in sententiâ. Il est aheurté à son sens. Scar. C’est un homme aheurté.

AHI.

AHI. Heu ! C’est une sorte d’interjection inventée pour marquer le mouvement naturel d’une personne qui sent de la douleur. Ahi, Ahi, à l’aide, au meurtre, au secours, on m’assomme. Mol. Elle sert aussi à marquer quelque dégoût, quelque mépris. Ahi, Ahi, laissons cela, je vous prie. Ahi ! Que me dites-vous-là ?

AHIA. s. m. C’est le nom du Prophète de Silo, qui prédit la domination de Jéroboam, sur dix tribus d’Israël, & ensuite la désolation de sa maison, pour avoir sacrifié aux idoles, comme il est rapporté au premier liv. des Rois, c. 12. v. 15.