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AIE - AIG

Chez les Anciens, c’étoit une formule de jurement de dire, ainsi m’aide Dieu. Ità me deus adjuvet ; c’est-à-dire, qu’on prend Dieu à témoin de la sincérité de sa promesse, & qu’on fait une espèce d’imprécation sur soi-même, en cas qu’on vienne à y manquer par sa faute. Et le sens est, que Dieu m’aide, de la même manière que je promets. Ainsi que je promets cela, ainsi Dieu m’aide ; ou, ce qui revient au même, je veux n’être point aidé de Dieu, si je ne promets pas cela véritablement, & sincèrement.

Aider, faisoit autrefois à la troisième personne du présent du subjonctif aist. Et je lui dis qu’il sortît hors de mon logis, & que jamais, ainsi m’aist Dieu, il ne seroit de ma maison. Joinville. C’est-à-dire, ainsi m’aide Dieu. Sic me deus adjuvet.

AIDÉ, ÉE. part. Adjutus, nixus, fretus. Un homme aidé de la faveur de son Prince peut entreprendre beaucoup de choses.

AIDANT, autre part. & adj. Celui qui aide. Adjutor, Adjutrix. C’est un vieux mot dont on ne le sert plus guère maintenant. On disoit autrefois, malgré lui & ses aidans, dont on a fait ce proverbe corrompu, malgré lui, & malgré ses dents.

On le dit absolument en cette phrase : Dieu aidant ; pour dire, s’il plaît à Dieu, moyennant son secours. Deo juvante. Je vous irai voir Mardi, Dieu aidant. Ce malade guérira bientôt, Dieu aidant. Les Grecs disoient, Σὺν Θεώ, & l’on trouve une fois dans Plaute, Cum Diis. Ainsi il ne faut pas absolument blâmer ceux qui disent en latin Cum Deo.

☞ AIDINELLI, ou plutôt AIDIN-ILI. Nom moderne que les Turcs donnent présentement à une province de la Natolie, que les anciens ont connue sous celui de Carie, pourtant plus resserrée vers le levant que l’ancienne Carie.

☞ AIDIUZIK, ou la petite Aidine, ou, selon d’autres, Aidingiux. Province d’Asie, dans la Natolie, comprise dans l’ancienne Troade. Elle s’étend autour d’Abidos, que les Turcs nomment Aidos.

☞ AIDOIAGRAPHIE. s. f. Terme d’Anatomie dérivé du grec. C’est la description des parties de la génération.

☞ AIDOIALOGIE. s. f. Partie de la Médecine qui traite de ce qui concerne les parties de la génération. Acad. Fr.

☞ AIDOS, ou AVEO, Petite ville de Turquie, dans la Natolie, sur le détroit de Gallipoli.

AÏE.

AÏE. Vieux mot, qui veut dire. Aide.

Qui ja ne vous faudrait d’aïe. R. de Perc.

C’est apparemment de-là qu’est venu l’interjection Aïe, qui est une exclamation de douleur. Si quelqu’un nous marche sur le pied, par exemple, nous nous écrions Aïe ! Comme si nous disions, À l’aide ; de l’aide. Quelques-uns écrivent cette interjection ai, ou hai ; mais ce qu’on vient de dire semble plus naturel.

Aïe. Plante de l’Amérique, dont les branches prennent d’elles-mêmes racine à comme le lierre, mais ses feuilles ne sont pas si épaisses que celles du lierre. L’aïe est de la couleur de la queue du paon noir & azuré. Cette herbe est cordiale. Gonzalve d’Oviedo, Sommaire des Indes Occidentales. Je trouve encore une racine appelée Agies, & qui est probablement la même chose : elle croit en forme de navet dans l’île Espagnole ; & les habitans s’en servent au lieu de pain, dit Dom Pierre Martyr, dans son Sommaire des Indes Occidentales.

Aïe, est encore une expression dont se servent les chartiers pour faire avancer leurs chevaux, & ce mot paroit fait de aille, impératif du verbe aller. I, Ito.

☞ AIELLO, ou AIELO. Thyella ou Thyllesium. Ville avec titre de Duché, au royaume de Naples, dans l’Abruzze ultérieure.

☞ AÏEUL. s. m. Grand pere, le pere de celui qui a des enfans. Avus. Il y a aïeul paternel & aïeul maternel. Il faut au pluriel aïeuls, quand on veut désigner précisément le grand pere paternel & maternel. Ses deux aïeuls ont rempli cette place. Par-tout ailleurs on dit aïeux, pour désigner ceux de qui on descend.

Ce long amas d’aïeux que vous diffamez tous,
Sont autant de témoins qui parlent contre vous.

Boil.

Quelque rang où j’adis soient montés vos aïeux,
Leur gloire de si loin n’éblouit point mes yeux.

Racin.

Se pare qui voudra du nom de ses aïeux,
Moi je ne veux porter que moi-même en tous lieux.

Corn.

AÏEUX, se dit quelquefois en général des hommes qui nous ont précédés, soit dans notre famille, soit dans notre nation. Majores.

Mais cela fut j’adis au temps de nos aïeux.

Balzac.

Et nos aïeux étaient aussi sages que nous.

Ce mot Aïeul vient d’aviolus, diminutif d’avus. Huet. De l’hébreu אב av, qui signifie pere, avus a été formé. Guichard ; & de avus, ou aviolus, s’est fait aïeul.

☞ On dit bisaïeul, & trisaïeul. Pour les degrés qui sont au-dessus, on dit quatrième, cinquième aïeul, &c.

Aïeule, s. f. Grand mere. Avia. Il y a aïeule paternelle, & aïeule maternelle.

AIG.

AIGAIL. s. m. Voyez Aiguail.

☞ AIGAYER. v. a. Laver dans l’eau, Voy. Ayguayer.

AIGLANTIER. s. m. Arbrisseau, espèce d’épine. Voyez Églantier, & Rosier.

AIGLAT. s. m. Le petit d’un aigle. Pullus aquilæ. Ce mot est vieux. On dit aujourd’hui Aiglon.

AIGLE. s. m. Aquila. Quelques Auteurs le font féminin. Nous marquerons dans les articles qui suivent, les cas où il est susceptible de l’un ou l’autre genre. L’Aigle est le plus grand, le plus fort, & le plus vîte des oiseaux de proie. Il a un bec long & crochu, les jambes jaunes couvertes d’écailles, les ongles crochus & fort grands, la queue courte. Son plumage est châtain, brun, roux, & blanc. Son bec est noir par le bout, bleuâtre par le milieu, & jaune en quelques autres parties. Il y a un duvet sous les grandes plumes, dont le tuyau a d’ordinaire neuf lignes de tour. L’aigle fait son aire sur les plus hauts rochers des pays d’Occident. Il nourrit ses petits jusqu’à ce qu’ils sachent voler, & alors il les chasse de son aire. Il se nourrit de la chair des oiseaux ou des lièvres qu’il prend. Il vit fort long-temps, & ne meurt ordinairement que parce qu’il ne sauroit plus manger. Il a la vûe très-perçante, & de-là vient que pour dire qu’une personne a bonne vûe, on dit qu’il a des yeux d’aigle. Tardif. Fau. Le P. Ange Jésuite, dans son Optique, dit que la raison pour laquelle les aigles, qui n’ont pas les fibres des yeux plus fortes que les autres animaux, peuvent cependant regarder plus fixement le soleil, & en supporter plus facilement les rayons, est qu’ils ont deux paupières ; l’une dont ils se ferment entièrement les yeux, & sous celle-ci une autre qui est plus délicate, & dont ils se les couvrent lorsqu’ils regardent quelque corps lumineux, pour s’en rendre ainsi la lumière plus supportable.

L’aigle hait le roitelet, & en a peur.

On a dressé les aigles à la volière, mais ils ne réussissent qu’en pays de montagnes. L’aigle ne peut tenir long-temps sur aile dans les plaines. Il est foible quand il se rabat, & les sacres le battent & le tuent. Les Peintres représentent Jupiter monté sur un aigle. Un vol d’aigle, est celui qui s’élève au-dessus des autres

oiseaux.