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prétention. Quod ad jus domini pertinet. Les biens appartenans à l’église, à la couronne sont inaliénables. Ce pré est appartenant à une telle seigneurie, il en dépend. Ce droit est appartenant à une telle charge. Ce mot n’est guère usité qu’en ces sortes d’occasions.

☞ APPARTENIR. v. n. Il se conjugue comme tenir, & signifie être de droit à quelqu’un, soit que celui à qui est la chose, la possede ou ne la possede pas. Pertinere. Vous retenez des biens qui m’appartiennent. La justice est une vertu qui rend à chacun ce qui lui appartient. Cet homme a usurpé tous les biens qui appartiennent à cette succession. Par le droit commun les dîmes appartiennent au Curé. Ce fou d’Athènes qui s’étoit mis dans la fantaisie que tous les vaisseaux qui abordoient au port de Pyrée, lui appartenaient, étoit aussi heureux que s’il en avoit été en effet le maître.

On dit aussi qu’une chose appartient à quelqu’un en usufruit, quand il en a la jouissance ; qu’elle lui appartient en propre, quand il en a le fonds ; qu’elle lui appartient en seigneurie, quand il en a la mouvance, la directe, & non pas le domaine utile. ☞ Etre parent. Il appartenoit à d’honnêtes gens. Acad. Fr. Il a l’honneur d’appartenir à des gens très-qualifiés.

☞ Il signifie encore être attaché à quelqu’un comme domestique ou autrement. Je ne savois pas que ce laquais vous appartînt. Ce Seigneur est bienfaisant, il fait la fortune de tous les gens qui lui appartiennent.

☞ Il signifie encore avoir une relation nécessaire ou de convenance. Cette question appartient à la philosophie. Cela appartient à la grammaire. Acad. Fr. La connoissance de telle affaire appartient à tel juge ou telle juridiction.

Appartenir, pris impersonnellement, se prend dans des acceptions peu différentes les unes des autres ; & signifie, il convient, il est de droit, de devoir ou de bienséance. Decet, æquum est. Il vous appartient bien de faire le Docteur. Il n’appartient qu’au maître d’enseigner. Il appartient à un homme sage de commander à ses passions. Il ne vous appartient pas d’en user avec tant d’autorité ; pour dire, que cela n’est ni juste ni raisonnable. Il n’appartient qu’à un César de lutter avec un petit esquif contre l’orage violent d’une mer agitée. S. Evr. pour dire, qu’il n’y a que César qui ose entreprendre cela.

Retire-toi, coquin, vas pourrir loin d’ici,
Il ne t’appartient pas de m’approcher ainsi. Patru.

En termes de Pratique, on dit, ainsi qu’il appartiendra ; pour dire, selon qu’il sera trouvé juste, convenable, &c. À tous ceux qu’il appartiendra, pour dire, à tous ceux qui y auront intérêt, ou qui voudront en prendre connoissance.

☞ APPAS. s. m. pl. Ce terme, dans son acception la plus générale, est d’usage à l’égard de la beauté & des agrémens du sexe, & à l’égard de tout ce qui plaît. Les appas d’une belle femme. Les appas de la volupté. Illecebræ. Si l’on en croit les Vocabulistes, ce mot désigne la puissance qui entraîne, & qui s’exerce par la beauté, par le plaisir & par la volupté. Ils n’ont pas senti la valeur du mot appas. Les appas nous engagent : ce sont les charmes qui nous entraînent. Les appas, dans une femme, sont un je ne sais quoi qui nous engage, une chose qui fait impression sur notre cœur, & qui est presque toujours l’effet de ces grâces cultivées qui sont le travail entendu de l’art de plaire. Voyons comment l’ingénieux Auteur des synonymes françois marque les nuances délicates qui distinguent les mots appas, attrais & charmes. Il me semble, dit-il, qu’il y a quelque chose qui tient plus de l’art dans les appas ; quelque chose de plus naturel dans les attraits ; quelque chose de plus fort & de plus extraordinaire dans les charmes.

☞ Les attrais se font suivre ; les appas nous engagent ; les charmes nous entraînent.

☞ Le cœur n’est guère ferme contre les attraits d’une jolie femme ; il a bien de la peine à se défendre des attraits d’une coquette, & il lui est impossible de résister aux charmes d’une beauté bienfaisante.

☞ Les femmes sont toujours redevables de leurs attraits & de leurs charmes à l’heureuse conformation de leurs traits ; mais elles prennent quelquefois leurs appas sur leur toilette.

☞ Les attraits viennent de ces grâces ordinaires que la nature distribue aux femmes, avec plus ou moins de largesse aux unes qu’aux autres, & qui sont l’apanage commun du sexe. Les appas viennent de ces grâces cultivées que forme un fidèle miroir, consulté avec attention, & qui sont le travail entendu de l’art de plaire. Les charmes viennent de ces grâces singulières que la nature donne, comme un présent rare à précieux, & qui sont des biens particuliers & personnels.

☞ Des défauts qu’on n’avoit pas d’abord remarqués, qu’on ne s’attendoit pas à trouver, diminuent beaucoup les attraits. Les appas s’evanouissent dès que l’artifice s’en montre. Les charmes n’ont plus d’effet, lorsque le temps & l’habitude les ont rendus trop familiers, ou en ont usé le goût.

☞ C’est ordinairement par les brillans attraits de la beauté que le cœur se laisse attaquer ; ensuite les appas, étalés à propos, achevent de le soumettre à l’empire de l’amour ; mais s’il ne trouve des charmes secrets, la chaîne n’est pas de longue durée.

☞ Ces mots ne sont pas seulement d’usage à l’égard de la beauté & des agrémens du sexe, ils le sont encore à l’égard de tout ce qui plaît. Alors ceux d’attraits & de charmes ne s’appliquent qu’aux choses qui sont ou qu’on suppose être aimables en elles-mêmes & par leur mérite : au lieu que celui d’appas s’applique quelquefois à des choses qui sont, & qu’on avoue même haïssables, mais qu’on aime malgré ce qu’elles sont, ou auxquelles les ressorts secrets du tempérament nous contraignent de livrer nos actions, si la raison ne défend notre cœur ?

☞ La vertu a des attraits que les plus vicieux ne peuvent s’empêcher de sentir. Les biens de ce monde ont des appas qui font que la cupidité triomphe souvent du devoir. Le plaisir a des charmes qui le font rechercher par-tout, dans la vie retirée comme dans le grand monde, par le Philosophe comme par le libertin, dans l’école même de la mortification comme dans celle de la volupté : c’est toujours lui qui fait le goût & qui décide du choix.

☞ On dit de grands attraits, de puissans appas, & d’invincibles charmes. L’honneur a de grands attraits pour les belles ames. La fortune a de puissans appas pour tout le monde. La gloire a des charmes invincibles pour les cœurs ambitieux.

☞ Les plus grands attraits se trouvent toujours dans l’objet de la passion dominante. Les appas les plus puissans ne sont pas toujours ceux qui sont étalés avec le plus d’ostentation. Les charmes ne deviennent véritablement invincibles que par la solidité du mérite & la force du goût.

☞ APPASSARA. s. m. Voyez Abacher.

☞ APPÂT. s. m. Mot qu’on dérive de pastus, pâture. Au propre, on le dit généralement de tous les moyens dont on se sert pour surprendre les animaux soit à la pêche, soit à la chasse. À la pêche, c’est la mangeaille qu’on met à l’hameçon pour attirer & prendre les poissons. À la chasse, c’est celle qu’on met à des piéges pour attirer des bêtes à quatre pieds & des oiseaux. Esca piscibus, avibus illiciendis. Le salpêtre, la morue, le sel sont un excellent appât pour attirer les pigeons. Les vers, les petits poissons, certaines pâtes préparées, sont de bons appâts pour prendre des poissons.

☞ Ce même mot employé au figuré, signifie ce qui attire, qui engage à faire quelque chose. L’intérêt est un grand appât pour un avare. Le jeu est un grand appât pour la jeunesse.

Appât, s’est dit autrefois pour signifier la pâtée qu’on donne à la volaille pour l’engraisser. Esca faginandis avibus.

APPATARO. Montagne de Hongrie, appelée autrement Tarczal & Eruscka. Appatarus mons, ancienne-