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AQU

de choisir un coadjuteur. Voyez sur Aquilée, Leand. Alberti, Italiæ regio. 18e. et Cluvier, Ital. ant. Liv. I. ch. 20, & M. Antonius Sabellicus, de vetustate Aquileiæ, cinq livres. La longitude d’Aquilée est 36d. 10’, sa latitude 45d. 45’.

Cette ville fut la première qui se déclara pour Charles VIII. Ferron dit qu’à cause de cela il lui accorda beaucoup de privilèges, & entre autres celui de battre monnoie. Cette monnoie est singulière, en ce que la légende est mise en françois par une ville italienne, pendant que nous la mettons en latin sur les nôtres. Sans doute cette ville en usa ainsi, afin de marquer combien elle étoit bonne Françoise. Le Blanc. Elle s’appelle & s’écrit sur des monnoies, Cité de l’Eiglie, & en latin, (car il y en a aussi avec des légendes latines) Civitas Aquilina. On trouve Aquileia, pour la province, dont Aquilée est la capitale, dans Bolland. Febr. Tom. III, p. 9.

AQUILEÏEN, ENNE. s. m. & f. Qui est d’Aquilée. Aquilicensis, e. Les anciens Aquileiens adoroient le Dieu Belenus, qui n’est autre que le Soleil, & que Vopiscus appelle le Dieu des Aquiléiens.

AQUILICES. s. m. pl. Sacrifices que les Romains avoient accoutumé de faire à Jupiter lorsqu’il vouloient avoir de la pluie, ce qui faisoit donner le nom d’Aquiliens ou d’Aquiliciens aux prêtres par qui se faisoient ces sacrifices.

AQUILIN. adj. m. Est une épithète qu’on donne aux nez qui sont courbés par le bout comme le bec d’une aigle. Aduncus, aquilinus. Nez aquilin.

AQUILON. s. m. Vent qui souffle du côté du nord. Aquilo, Boreas. Les Mariniers l’appellent Nord-nord-est. En poësie généralement tous les vents orageux, & que les Nautoniers appréhendent, s’appellent Aquilons.


Comme les Laboureurs
Des cruels Aquilons redoutent les fureurs.

Mais il se dit principalement des vents d’hiver, des vents froids.

Et tu quittes ces lieux pour ces âpres climats,
Le funeste séjour des vents & des frimats,
D’où les fiers Aquilons, d’où la triste froidure,
A banni pour jamais l’agréable verdure ? Ménage.

☞ Les Poëtes ont aussi personnifié ce Dieu. Il étoit, disent-ils, fils d’Eole & de l’Aurore. On lui donnoit une queue de serpent, & des cheveux toujours blancs.

AQUILONAIRE. adj. Ne se dit point. On dit septentrional, boréal.

AQUILONDA, ou plutôt AQUELONDA. Grand lac d’Ethiopie, en Afrique. Aquilunda. Il est aux pieds des montagnes du Soleil, aux confins des royaumes de Congo & d’Angola, & des peuples Giaques ou Galies.

AQUIN. Aquinum. Ville d’Italie dans la terre de Labour, qui est du royaume de Naples. Elle a un évêché suffragant de Capoue. Tacite dit qu’Aquin étoit une colonie romaine. S. Thomas, de l’Ordre de D. Dominique, est appelé S. Thomas d’Aquin, Aquinas, parce qu’il étoit du diocèse d’Aquin. Juvenal étoit d’Aquin même. Pour Victorin, qui a écrit le Cicle paschal, il étoit d’Aquitaine, & non pas d’Aquin, comme écrivent quelques Auteurs. La longitude d’Aquin est 73d, 35’. Sa latitude 41d, 28’. Voyez Cluvier, Ital. Ant. Leandr. Alberti, Descript. Ital. Bollandus, Tom. I., p. 550. S. Thomas d’Aquin étoit Normand, & Bas-Normand du côté de sa mere, qui étoit sortie des Seigneurs Tancréde & Hauteville. La preuve s’en trouve dans de vieux manuscrits à Coutance, & dans l’année dominicaine composée par un Jacobin, qui en fait mention au septième de Mars, fête de ce Saint. Vign. mar.

AQUIQUI. s. m. Espèce de singe qu’on trouve dans le Brésil, & qui est beaucoup plus grand que les autres. Il est d’un poil noir, & a une barbe fort longue au menton. Parmi ceux de cette espèce il en naît quelquefois un mâle, de couleur roussâtre, que les Sauvages appellent le Roi des Singes.

AQUITA. Petite ville du Japon. Aquita. Elle est sur la côte occidentale de l’île de Niphon, où elle a un port. Elle est capitale d’un royaume qui porte son nom. Maty la met sur la côte orientale de Niphon. Il n’est parlé ni de la ville ni du royaume dans la carte japonnoise de Roland.

AQUITAIN, AINE. s. m. & f. Qui est d’Aquitaine. Aquitanus. Valerius Præceninus fut tué, & son armée rompue par les Aquitains. De Marca. Hist. de Bearn. p. 34. Les Aquitains étoient fort adroits à faire des mines pour ruiner les machines des ennemis, à cause des travaux ordinaires qu’ils faisoient aux minières de fer. Id. ib. On ne se sert de ce mot qu’en parlant des anciens peuples de l’Aquitaine.

AQUITAINE. s. f. Aquitania. C’est le nom qu’on donnoit autrefois à la troisième partie des Gaules. Sous Jules César elle ne comprenoit que ce qui est entre la Garonne & les Pyrénées. Méla, Liv. III, ch. 2, Liv. IV ch. 17, & d’autres Auteurs, qui n’ont écrit que long-temps après César, ne lui donnent point d’autres bornes. Cependant Auguste les étendit jusqu’à la Loire, y joignant quatorze nations, qu’il tira de la Celtique, & qui se trouvoient entre la Loire & la Garonne. C’est Strabon qui nous l’apprend, & Tibulle, qui vivoit sous Auguste dans la 7e, ou, selon d’autres éditions, dans la 8e élégie de son premier Livre, lui donne pour bornes l’Océan Sanctonique, les Pyrénées, le Rhône, la Saone & la Loire. Quelques-uns prétendent que le même Empereur divisa cette grande Aquitaine en deux parties, & que des quatorze peuples qui habitoient entre la Loire & la Garonne, il en donna six, eu plutôt dix, selon Strabon, à l’ancienne Aquitaine de Jules César ; savoir ceux de Bordeaux, d’Agen, d’Angoulême, de Xaintes, de Poitiers & de Périgueux, &c. Et que des Celtes, comme dit Strabon, ou du Berri, de l’Auvergne, du Rouerge, du Querci, du Limousin, des Cévennes & de la Narbonnoise, il en fit une autre partie d’Aquitaine ; que celle-ci fut la première Aquitaine ; & l’autre la seconde Aquitaine ; qu’ensuite Hadrien divisa encore la seconde Aquitaine en deux ; que des six peuples ajoutés par Auguste à l’ancienne Aquitaine, il en fit une province qui fut la seconde Aquitaine, & que de l’ancienne Aquitaine de Jules, comprise entre la Garonne & les Pyrénées, il en fit la troisième Aquitaine, qui fut aussi appelée Novemmpopulanie, parce qu’elle comprenoit neuf peuples. Ammien Marcellin, Liv. XV. Orosoius, Liv. I., ch. 2. Athicus, Otho Frisingentis, Liv. VI. Chron. ch. 30. D’autres prétendent que ces divisions ne se firent point avant le IVe siècle ; que jusque-là l’Aquitaine telle qu’Auguste l’avoit augmentée, ne fut qu’une seule province ; que Constantin la divisa d’abord en deux parties, dont la première étoit tout ce qu’Auguste y avoit ajouté, comprenant quatorze peuples, ce qui fut désormais l’Aquitaine. La seconde étoit l’ancienne Aquitaine, qui fut appelée Novempopulanie ; que dans la suite on divisa encore la première partie en deux ; que l’une fut la première Aquitaine, qui avoit Bourges pour métropole, ou capitale ; & l’autre la seconde Aquitaine, à laquelle on donna Bordeaux pour métropole. Au reste, personne, que je sache, que le Dictionnaire de Moréri, n’attribue la division de l’Aquitaine à Auguste : il l’augmenta, il ne la partagea pas. On dispute seulement si c’est Hadrien, ou Constantin, qui ont fait ce partage.

Sous Pepin, l’Aquitaine avoit son ancienne étendue du côté du septentrion ; c’est-à-dire, qu’elle alloit jusqu’à la Loire. C’est ce que les monnoies de Pepin frappées à Limoges & à Poitiers me font croire. La Chronique d’Ademar, fol. 160, & l’histoire des Evêques & des Comtes d’Angoulême, fol. 251, nous apprennent que Pepin fit frapper de la monnoie à son coin dans les villes d’Angoulême & de Xaintes. Pepin est appelé sur ces monnoies Rex Aquitaniorum ; & sur une autre, Rex Eq. c’est-à-dire, Equitaniæ, ou Equitaniorum. Le Blanc. Bourges étoit la capitale du royaume d’Aquitaine, comme le témoigne Adrevalde, qui écrivoit sous Charles le Chauve les miracles de S. Benoît en France.