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ARB

Arbalète, se dit aussi de l’astragale, qui est le premier os du tarse, & qu’on appelle Os de l’arbalète.

Arbalète, terme de Marine, ou Arbalestrille, ou Bâton de Jacob, est un instrument dont on se sert sur mer pour prendre les hauteurs. Il est composé de deux bâtons ou règles de bois, ou de cuivre, qui se mettent à angles droits, & qui ont des divisions sur les bords. La croisée s’appelle marteau, ou traversier ; & le montant la flèche. Le marteau est mobile sur la flèche, & a des pinnules à ses extrémités. C’étoit autrefois un quart de cercle gradué, & attaché par le milieu à une règle  : ainsi il avoit la figure d’une arbalète, dont il a pris son nom. On l’appelle aussi Croix géométrique, & Verge d’or. On l’appelle aussi quelquefois Radiométre, ou Rayon Astronomique, ou simplement Flèche. Il y a aussi un instrument nommé Demi-arbalète, qui n’a qu’un des bras du marteau, dont ont parlé quelques Routiers Hollandois. Il y en a quelques-uns au contraire qui ont trois marteaux.

☞ ARBALÈTE. cheval en arbalète. C’est un cheval attaché seul à une voiture devant les deux chevaux du Timon.

Arbalète. Espèce de piége dont on se sert pour prendre des loirs.

ARBALÉTER. v. a. Il y en a qui disent arbalètrer, mais mal. C’est un terme d’Architecture, qui signifie, appuyer avec des arbalétriers, ou petites forces. Canteriis minoribus aliquid fulcire.

ARBALÈTES. s. f. pl. qu’on nomme autrement fourches. Ce sont des ficelles qui servent à monter le métier des Férandiniers faiseurs de gaze de soie. Chaque arbalète tient cinq lisettes ; ensorte qu’il y a cinq fois moins d’arbalètes que de lisettes. Les ouvriers disent arbalêtres.

ARBALÉTRIER. s. m. Quelques-uns disent Arbalétiers. Homme armé d’arbalète, comme il y en avoit plusieurs autrefois. Sagittarius, Jaculator, Balistarius, Albalista, Alabastarius, Arcubalistarius.

☞ Il y avoit en France un Grand-Maître des arbalétiers. C’étoit le premier Officier de l’armée, après le Connétable. Depuis l’invention des armes à feu, il s’est appelé le Grand-Maître de l’artillerie. Quelques-uns disent simplement Maître des Arbalétriers. Le Galois de la Baume, Maître des Arbalétriers de France. Lobineau. Hist. de Bret. Les Arquebusiers s’appellent aussi du nom d’Arbalétriers, dans leurs Lettres de Maîtrise ; parce que c’étoient eux qui faisoient autrefois les arbalètes. Le concile général de Latran tenu en 1139. fit un canon contre les Arbalétriers & Archers, leur défendant d’exercer leur art contre les Chrétiens & les Catholiques. Mais il ne paroit pas que cette défense ait jamais été observée. Fleury.

On appelle aussi par ironie Arbalétriers, ceux qui font les braves, sur-tout en amour, & qui promettent de faire des choses au-dessus de leurs forces, comme on dit un chaud Lancier. Cet homme a beau se vanter, c’est un méchant Arbalétrier ; c’est-à-dire, il n’est pas d’une complexion forte & vigoureuse.

On appelle figurément, Arbalétriers, ou Carabins, des gens qui viennent dans quelque assemblée tirer leur coup, & puis disparoissent, pour faire quelque proposition ou enchère qui oblige à de nouvelles procédures ou délibérations.

Arbalétriers, en termes de Charpenterie, sont des pièces de bois qui sont au-dessus de la ferme, & qui se joignent au haut du poinçon. Canterii minores. Ou plutôt ce sont plusieurs pièces de bois qui servent à la charpente d’un bâtiment ; & qui sont appuyées par un bout l’une contre l’autre en forme d’arc, portant de l’autre bout sur une poutre mise en bas en forme de corde, avec une quatrième mise au milieu en forme de flèche : & c’est pour cela qu’on les appelle arbalétriers, ou selon quelques-uns arbalétiers. On les appelle aussi, Petites forces, & ils forment la petite ferme qui est au-dessus de la grande.

ARBALÈTRIÉRE. d’une galère. s. f. Terme de marine. C’est le poste où combattent les soldats, ordinairement derrière une pavesade.

ARBALÉTRILLE. s. f. Terme de Marine, Voyez Arbalestrille & Arbalètes. Terme de Marine.

☞ ARBAN. Ville de France, au Bugey, sur les frontières Bourgogne. L’Auteur du Dénombrement de la France écrit Arbent, & n’en fait qu’une bourgade.

☞ ARBARINE. Petite rivière de France, dans le Bugey, disent les Vocabulistes après Corneille. Le vrai nom est Alberine, & non pas Arbarine.

☞ ARBATTES. Ville de la Palestine, dans la Galilée. Elle fut prise & ruinée par Simon Machabée. l. 1. c. 5. v. 31.

ARBE ou RAB. île des "Vénitiens. Arba, Arbum. Elle est dans le golfe de Venise, sur la côte de la Morlaquie, entre les îles de Végia & de Pago.

Arbe, ville capitale de cette île. Arba. C’est le siége d’un Evêché, suffragant de Zara.

ARBECA. village de Catalogne en Espagne. Arbeca. Il est entre Lérida & Tarragone. On croit que c’est l’ancienne ville Urbicus, Urbeacæ, Urbicum des Celtibères.

ARBÉE. subst. dont quelques-uns font un nom de ville, qu’ils disent être la même qu’Hébron. Ils se trompent. Hébron ne s’appeloit point Arbée tout court, mais la ville d’Arbée, c’est-à-dire, la ville des quatre. Arbée n’est donc point un nom de ville ; c’est un nom numéral, qui signifie quatre. Hébron sous les Chananéens s’appela Cariath-Arbée, la ville des quatre, ☞ à cause que quatre des plus illustres Patriarches y furent enterrés ; savoir, Adam, Abraham, Isaac & Jacob : d’autres disent, parce que quatre des plus illustres matrones y ont leur sépulture ; savoir, Eve, Sara, Rebecca & Liah. Mais, dit D. Calmer, on ne peut faire aucun fond sur ces traditions Rabbiniques.

ARBELES, ou ARBELLES. s. m. pl. Ville de la tribu de Nephthali, dans la Galilée supérieure. Son territoire s’appeloit de même. Arbela. Il ne faut pas la confondre avec la suivante.

Arbéles. Arbela. Ville d’Asie, que l’on place au 89e degré de longitude, & au 34e ou 35e degré 52 m. de latitude. Cette ville n’est fameuse que par la grande bataille qu’Aléxandre gagna contre Darius, & qui le mit en possession de l’empire d’Asie. On la place sur le Lycus. Quelques-uns tirent ce nom d’un certain Arbélus, fils d’Athomonéus. D’autres le dérivent de עיר, hir, ville, & du nom de Bélus, comme qui diroit la ville du Dieu Bélus.

☞ Ce n’est point à Arbéles, mais auprès du village de Gangameles que Darius perdit la bataille & l’empire. Mais les Macédoniens, voyant que ce village étoit peu connu, au lieu qu’Arbéles étoit une ville fort considérable, aimerent mieux dire que cette bataille s’étoit donnée auprès de cette dernière ville. Les Historiens le dirent après eux. L’erreur, refutée tant de fois, se maintient encore aujourd’hui, & l’on dit toujours la journée d’Arbéles.

ARBEN. Ancien bourg situé sur le lac de Constance. Arbenna.

☞ ARBENGIAN. Petite ville d’Asie, dans la Tartarie, au Zagatai, dans la vallée qu’on appelle la Sogde de Samarcand

ARBERG. Voyez Aarberg.

ARBI. Ville ou peuplade de la Terre-Sainte. Arbi. Adrichomius place ce lieu dans la tribu de Benjamin.

Arbi. Petit pays de l’Amérique méridionale. Arbia. Il est près des Andes, entre le Popayan & la nouvelle Grenade.

ARBIA. Petite rivière d’Italie. Arbia, Alma. Elle a sa source dans le Florentin, passe dans le Siennois, & va se mêler à l’Ombrone, vis-à-vis du bourg de Buonconveno.

ARBILLON. s. m. Assumentum corii. On se sert en Dauphiné de ce mot, pour signifier une pièce de cuir recousue à la semelle d’un soulier. Il vient d’ἀρϐύλη, qui étoit une sorte de souliers chez les Grecs. Chorier, Hist. de Dauph. T. I. p. 100.

ARBITRAGE. s. m. ☞ Jugement porté par un tiers, qui n’est point établi par la loi, mais choisi volontairement par les parties, auquel elle donne pouvoir par un compromis de juger leurs différens. Arbitrium, Arbitratus. Ces plaideurs se sont mis en arbitrage. Cet Avocat est fort employé dans les arbitrages. Se soumettre, s’en tenir à l’arbitrage.