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ARS — ART

de dissoudre tout-à-fait le fer, & plusieurs métaux.

Arsenic des Philosophes. Terme de Science hermétique. C’est le mercure des Philosophes hermétiques : d’autres entendent par ces mots la matière de laquelle on tire le mercure : d’autres, la matière lorsqu’elle est venue au noir ; d’autres, le soufre, ou la semence masculine & agente ; d’autres enfin, le sel qui est le lien du soufre & du mercure. On appelle Arsenic des Philosophes non urent, ou incombustible, la pierre des Hermétiques parfaite au blanc.

ARSENICAL, ALE. adj. Qui tient de l’arsenic. Il faut que les Chimistes se garantissent des esprits arsenicaux & vitrioliques. Vapeurs arsenicales.

Aiman arsenical. C’est une préparation faite avec l’antimoine, le soufre & l’arsenic cristalin.

ARSENOÏTE. s. m. Nom que l’on a donné dans l’antiquité a certains moines fameux. Arsenoita. Il y a sept lettres de saint Antoine, dont six sont adressées aux Arsenoïtes. Il paroit par les premiers mots de la première de ces six lettres, que ces moines étoient ainsi appelés du nom du canton qu’ils habitoient. Antoine, à tous les très-chers frères qui sont dans l’Arsenoïte & dans son district, ou qui sont avec eux : salut dans le Seigneur. C’étoit une petite contrée d’Egypte.

ARSENOTHELE. s. m. Arsenothelis. C’est la même chose qu’hermaphrodite, & les Grecs l’ont dit tant des hommes que des animaux. Ce nom vient de ἄρσην, θῆλυς, qui signifient, l’un mâle, l’autre femelle ; de θῆλυς, papilla, mammæ apex.

☞ ARSEURE. s. f. Vieux mot synonyme de brûlure.

☞ ARSI. part. de l’ancien verbe ardre, brûler, du latin ardere. Ménage.

ARSICHAN. Voyez Arsingan.

ARSID. Voyez Antipatride.

ARSIN. s. m. Vieux terme de Coutume, qui signifie en Picardie & en Flandre, une exécution de justice, par laquelle on met le feu à la maison de celui qui a commis quelque crime dans une ville ; par exemple qui a tué ou blessé quelque bourgeois Ragueau.

On appelle dans quelques Coutumes arsini, ou arseiz, des bois brûlés par accident, ou parce qu’on y a mis le feu malicieusement. Id.

ARSINE. Rivière de la Laponie moscovite. Arsinus. Elle se jette dans l’Océan septentrional, à l’orient de la rivière de Colao.

ARSINGAN. s. f. Ville de l’Anatolie. Arsinga. Elle est dans le Beglerbeglic de Marasc, près de l’Euphrate, entre Siwas &c Erzéron, dans la contrée qu’on nomme Aladulie. C’est l’ancienne Théodosiopolis, ou Aziris.

ARSINOÉ. s. f. Nom de plusieurs villes anciennes. Arsinoë. Il y en avoit une sur la côte occidentale de l’île de Chypre, entre le vieux & le nouveau Paphos. Une autre sur la côte orientale de la même ile, près de Salamine. Une autre sur la côte septentrionale de la même île, du côté de l’occident. Etienne de Lusignan en met une quatrième dans la même ile au milieu des terres. C’est aujourd’hui un bourg que les Cypriots appellent Arzes. Les anciens ne parlent point de celles-ci.

Arsinoé, est encore une ville maritime de Cilicie : c’est aujourd’hui un bourg nommé Draganti.

La ville de Suez en Egypte, au bout de la mer rouge, a aussi porté le nom d’Arsinoé, comme celui de Cléopatride. D’autres cependant prétendent que cette Arsinoé n’est pas Suez, mais Azirut, petite ville à quinze milles ou environ cinq lieues de Suez, du côté du midi.

Arsinoé, étoit encore une ville épiscopale de la Cyrénaïque, & plusieurs autres villes ont porté aussi le même nom en Syrie, en Cilicie, dans l’Anatolie & ailleurs. Ce nom avoit été donné à quelques-unes de ces villes par Arsinoé, Reine d’Egypte, sœur & femme de Ptolémée Philadelphe, & les autres l’avoient pris ou d’Arsinoé, femme de Ptolémée Aulétès, ou d’Arsinoé, femme d’Agas, Roi de Cyrène, ou de quelqu’autre Princesse de même nom.

☞ ARSIS. s. f. Terme de Prosodie. Elévation de la voix quand on commence à lire un vers. Ce mot vient du grec ἄρσω, tollo, j’éleve. Cette élévation est suivie de l’abaissement de la voix, & c’est ce qui s’appelle Thesis, θέσις, remissio. En déclamant le premier hémistiche d’un vers, on sent qu’on élève d’abord la voix, & qu’ensuite on l’abaisse. Encyc.

☞ En mesurant la quantité dans la déclamation des mots, d’abord on hausse la main, ensuite on l’abaisse. Le temps qu’on emploie à hausser la main est appelle arsis, & la partie du temps qui est mesurée en baissant la main, est appelé Thesis Voyez ce mot.

ARSOIR. adv. Vieux mot que Marot a dit, Elégie XII. pour hier au soir. Heri, vespere.

ARSOLI. Ancienne ville de la Campagne de Rome Arsolium. Elle est à l’orient de Tivoli, entre Tévérone & les confins de l’Abruzze. Ce n’est plus qu’un village.

ARSUFFO. Petite île de la Méditerranée. Paria. Elle est sur les côtes de Judée, près de Joppé ou Jafa.

ARSUR. s. m. Voyez Antipatride.

ART.

☞ ART. s. m. ars. En philosophie c’est la collection & la disposition technique des règles selon lesquelles un objet s’exécute. On a commencé par faire des observations sur la nature, le service, les qualités des êtres : puis on a donné des noms au centre ou point de réunion auquel on a rapporté ces observations, pour en former un système, ou de règles, ou d’instrumens, & de règles tendantes à un même but. Ces points de réunion de nos différentes réflexions ont reçu les dénominations de science, ou d’art, suivant la nature de leurs objets formels. Si l’objet s’exécute, la collection des règles selon lesquelles il s’exécute, s’appelle art. Si l’objet est seulement contemplé sous différentes faces, la collection & la disposition technique des règles relatives à cet objet, s’appelle science.

☞ La spéculation d’un art n’est autre chose que la connoissance inopérative des règles. Sa pratique est l’usage habituel & non réfléchi des mêmes règles. Il n’y a qu’un artiste sâchant raisonner, qui puisse bien parler de son art.

l’Art, est une connoissance réduite en pratique. Plusieurs Scholastiques soutiennent que la Logique & la Morale sont des Arts, parce qu’elles ne s’arrêtent pas à la simple théorie ; mais qu’elles tendent à la pratique. La statique est une science, parce qu’elle s’arrête seulement à la théorie ; mais la Mécanique est un Art, parce qu’elle réduit les connoissances de la Statique en pratique.

Art, est principalement un amas de préceptes, de règles, d’inventions & d’expériences, qui étant observées, font réussir dans les choses qu’on entreprend, & les rend utiles & agréables. Aristote définit l’art, une méthode de bien faire quelque chose. Selon Lucien, l’art est un recueil de préceptes pour une fin utile à l’homme. En ce sens l’Art se divise en deux branches : les uns sont les Arts libéraux, les autres sont les Arts mécaniques : & en ce sens il est opposé à Science, qui n’est autre chose qu’un amas de principes & de conclusions spéculatives.

Les Arts libéraux, sont ceux qui sont nobles & honnêtes. Artes liberales. Comme la Poësie, la Musique, la Peinture, l’Art Militaire, l’Architecture, la Marine. Les Arts fleurirent plus que jamais sous un Prince qui avoit du goût, & qui prenoit plaisir à combler de biens & d’honneurs les hommes rares & excellens. Le Gend. C’est toujours sous les plus grands Princes que les Arts ont fleuri, & leur décadence est l’époque de celle d’un état. Voltaire.

Les Arts mécaniques, sont ceux où l’on travaille plus de la main & du corps, que de l’esprit. Artes humiles vulgares, sordidæ. Ce sont d’ordinaire ceux qui nous fournissent les nécessités de la vie ; comme celui des Horlogers, Tourneurs, Charpentiers, Fondeurs, Boulangers, Cordonniers, &c. La surintendance des Arts & manufactures de France. Rabelais dit que Maître Gaster a, été l’inventeur des Arts ;