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AST

pre, la couleur, ou la laine tyriennenne, ou syrienne.

Ces noms Assyrie & Assyrien, pris dans leur signification propre & particulière, sont hébreux, & viennent de אשור, Assur, nom de celui qui fut le fondateur de l’empire d’Assyrie, qui donna son nom à ses descendans les Assyriens, & au pays qu’ils habitèrent, & qui l’un & l’autre ; c’est-à-dire, tant le peuple que le pays, sont appelés dans l’Ecriture אצור, Assur, du nom de ce Patriarche, qui signifie en hébreu, ou, Incessus, gressus, ou felix, beatus ; c’est-à-dire, marche, démarche, ou heureux. Les Grecs même appelèrent d’abord & dans les premiers temps les Assyriens, Ἄσσυρες, & non pas Ἀσσύριοι. Eratosthène en fait foi, au rapport d’Eustathius sur Denys le Géographe, p. 116 de l’édition d’Étienne, & il ajoute que ce mot Ἄσσυρες, venait d’Ἄσσυρ, Assur.

AST.

AST, ou ASTE, ou ASTI. Asta, Aste, Asta Pompeïa. Petite ville d’Italie, dans la Ligurie, sur le Thénaro, à cinq lieues de Turin au Levant. Elle a un évêché suffragant de Milan. De Valentine de Milan & de Louis d’Orléans naquit Charles Duc d’Orléans & Seigneur d’Ast, lequel fit battre monnoie dans cette dernière ville, & qui après la mort de Philippe Marie, dernier Duc de Milan de la maison de Visconti, arrivée l’an 1448, prit le titre & les armes de Duc de Milan, ainsi que le font voir des écus blancs, & des blancs fabriqués à Ast, dont saint Second étoit le patron, comme le prouve la légende qui est du côté de la croix, Aste nitet mundo, sancto custode Secundo. Il y a aussi des monnoies de Louis son fils happées à Ast. Le Blanc.

Ast. Asta. Rivière des Asturies, en Espagne, que quelques Géographes prennent pour la Stura des Anciens, que d’autres croient être le Tuerto. Maty.

C’est aussi le nom d’une ancienne ville des Turdétans dans la Bétique, dont on ne voit plus que de vastes ruines dans l’Andalousie sur la rivière de Guadalette, entre Arcos & Xérez.

Bochart, Chanaan, Liv. I, c. 34, prétend que ce mot est phénicien, & qu’il vient de אשדה, Asda, qui signifie effusio. Et en effet, Strabon & Ptolomée disent que proche d’Aste, erat effusio & æstuarium.

☞ ASTA. Ville des Indes, au royaume de Visapour, sur la grande route de Visapour à Daboul, entre les villes de Balouva & de Graen.

ASTABAT. Ville de Turcomanie, en Asie. Astabatum. Elle est à une lieue de l’Araxe, aux confins des états de Perse. C’est dans le territoire d’Astabat que croit le Ronas, qui donne la belle couleur rouge que l’on voit aux toiles des Indes.

☞ ASTACHAR. Ville d’Asie, dans la Perse, proche de Persepolis, quelques-uns la nomment Istachar.

☞ ASTAGOA. Ville d’Afrique, au Mono-Emugi, vers les confins du Zanguebar, sur la rivière des bons Signes.

ASTALARAGA. s. m. Terme de Relation. C’est le titre d’un des quatre eunuques blancs qui sont dans l’appartement du sérail où est le Grand-Seigneur, avec les Ichoglons. Il a le soin de ceux qui tombent malades, & commande à tous les Officiers qui sont destinés pour les secourir & pour les assister. Il est après le Serajagaci : il porte le turban, & se promène dans le Sérail à toute heure, de même que les autres principaux eunuques blancs. A. D. S. M.

☞ ASTARAC ou ASTERAC, petit pays de France, dans le bas Armagnac, avec titre de comté, au nord du pays de Comminge.

ASTAROTH, ou ASTHORETH. s. f. Astaroth. C’est le nom d’une idole des Sidoniens, IV. Reg. XXIII. 13. Ramoth, que Salomon Roi d’Israël bâtir à Astaroth, idole des Sidoniens. C’étoit aussi une déesse des Philistins, selon Josephe, Ant. Liv. VI, ch. 14. Il est des Auteurs qui croient que c’étoit la déesse du ciel, Uranie. Ils ajoutent qu’elle fut encore honorée des Païens sous différens noms, comme Ammonia, Ἀστρίαρχα, ou Reine des Planètes. D’autres disent que c’est Junon. עשתר, & עשתרה, Astar, & Astera, signifie en hébreu un troupeau, & il se dit des brebis. C’est de-là, selon Kimhhi, que vient le nom de cette déesse, & il lui fut donné, parce que ses images avoient la figure d’une brebis. D’autres présentent qu’il lui fut donné, parce qu’elle étoit la déesse des pasteurs & des brebis. Scaliger croit, dans les Conjectanea, qu’elle fut ainsi nommée à cause de la multitude de victimes qu’on lui immoloit. Philastrius a inventé un Astar, qu’il fait Roi des Syriens, ou des Egyptiens, & il leur donne pour Reine Astaroth. Jean Selden, dans son livre des Dieux Syriens, Syntagm. II, c. 2, p. 232 & suiv. prétend que le mot Astaroth a été fait de celui de עשרה, qui signifie bois, & que les Septante traduisent ἄλσος, & la Vulgate lucus, & qui sont, selon les interprètes, de petits bois ou des bosquets dans lesquels on mettoit des idoles, & où on les adoroit. Il veut, lui, que dans les endroits où l’on donne ce sens, il faille entreprendre par עשרה, non pas un bosquet, mais une statue de bois. Il tâche de le prouver par quelques endroits de l’Ecriture, & sur tout, IV. Reg. XXI. 7, où il est dit que Manassé mit dans le temple Phesel Haasera, une statue de bois, & Jud. VI, 25, 28 où il est dit que Gédéon abattit l’autel de Baal, & qu’il coupa osera, le bois qui étoit dessus, c’est-à-dire, selon Selden, la statue de bois qui étoit sur cet autel, & que cette déesse fut ainsi appelée de ses statues, qui étoient de bois. Mais ce sentiment n’est pas probable ; & il est trop contraire à nos anciens Traducteurs grecs & latins. Car ἄλση, & luci, nemus, ne sont point assurément des statues de bois, mais des bois, des plants d’arbres, des bosquets. Dans le premier endroit de l’Ecriture, Selden convient lui-même qu’on peut entendre la statue du bois, c’est-à dire, que Manassé mit dans le temple une statue, ou idole, qui étoit auparavant dans un bois, ou une statue des bois, c’est-à-dire, semblable à celle que l’on mettoit dans les bois. Pour l’autre endroit, le mot de succidit, il coupa, montre qu’il s’agit d’un bosquet, & non pas d’une statue, & l’Ecriture ne dit pas qu’il fût sur l’autel, comme traduit Selden, mais qu’il étoit autour de l’autel, comme ont interprété les Septante & la Vulgate. De plus, pourquoi Astaroth eût-elle été appelée de ce nom plutôt qu’une autre Divinité ? Etoit-elle la seule dont les statues fussent de bois ? Baal ou Belus, n’en avoit-il pas aussi de bois ? C’est de lui dont il s’agit, dans le second endroit de l’Ecriture dont je viens de parler, Jud. VI. 25. En hébreu, Astoreth est le singulier, & Astaroth le pluriel, comme Baal & Baalim. Si vous revenez au Seigneur de tout votre cœur, ôtez du milieu de vos Dieux étrangers Baal & Astaroth. Saci. Il y a Baalim dans l’hébreu. Les Septante traduisent Ἀστάρτη, & au pluriel Ἀστάρται ; mais la Vulgate traduit Astarte, & Astaroth. Voyez Astarte, & Godwin dans Moyses and. Aaron, Lib. IV, c. 6. & Selden que j’ai cité.

Astaroth, se prend quelquefois pour le nom d’un Démon.

C’est donc bien vainement que nos Auteurs deçus,
Bannissant de leurs vers ces ornemens reçus,
Pensant faire agir Dieu, ses Saints & ses Prophètes,
Comme ces Dieux éclos du cerveau des Poëtes,
Mettent à chaque pas le lecteur en enfer,

N’offrent rien qu’Astaroth, Belsebuth, Lucifer.
Boil.

Astaroth. Astaroth. C’est encore le nom d’une ville du royaume de Basan, qui s’appela aussi Bosram, & étoit à l’orient du Jourdain, dans la demi-Tribu de Manassé, qui s’établit de ce côté-là. Ce fut une ville de refuge & lévitique.

ASTAROTHITE. s. m. & f. Astarothita, Astarothites. C’est un nom que Pratéole a donné, & que l’on peut donner à son exemple, à ces Juifs impies qui adoroient l’idole Astaroth.

ASTARTE. s. f. Astarte. Ce mot est le même qu’Astaroth, dont Astarte est la forme grecque. Il n’y a pas d’apparence de tirer ce nom, avec Guichard, de סהד, rond, parce qu’elle étoit adorée sous la forme d’un