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AVO

pluriel. T. corn. mais on écrit en termes de Barreau, lui, ses hoirs & ayans cause, parce qu’il est employé comme substantif.

☞ On dit l’avoir beau, l’avoir belle ; pour dire, avoir une occasion favorable de faire quelque chose.

Avoir, s’emploie souvent avec la particule à devant un infinitif ; & alors il sert à marquer la disposition & la volonté où l’on est de faire ce que le verbe, qui est à l’infinitf, signifie. J’ai à étudier. J’ai à travailler.

☞ A l’égard de ces façons de parler, il y avoit. Y a-t-il. voyez la lettre A considérée comme troisième personne du verbe avoir.

On dit proverbialement en menaçant, il en aura : on sous-entend, des coup. Je l’aurai, on sous-entend, en mon pouvoir. Il n’est que d’en avoir, on sous-entend, du bien.

Avoir & posséder, considérés comme synonymes. Voy.au mot Posséder, les nuances qui les distinguent.

Eu, eue. part. Il n’est d’usage qu’étant joint à quelque autre temps du verbe avoir. Les choses qu’il a eues. Le bien qu’il a eu. On dit dans le discours familier, dès qu’il a eu fait ; pour dire, si-tôt qu’il eut achevé. Dès qu’il a eu fait, il est parti.

AVOIR. s. m. Ce qu’on possede de bien. Opes, divitiæ, facultates. On lui prit tout son avoir & chevance. Ce mot en ce sens est venu de avera, ou averia, mot de la basse latinité, qu’on a dit de toutes sortes de biens, & sur-tout des meubles, des chevaux & des bestiaux qui servent au labourage. Les Espagnols disent en ce sens averias.Du Cange. Ce mot est du style familier.

 
La plus grand’part appéte grand avoir,
La moins part souhaitte grand savoir. Marot.

 
Un Bucheron perdit son gagne pain:
C’est sa cognée ; & la cherchant en vain,
Ce fut pitié là dessus de l’entendre.
Il n’avoit pas des outils à revendre.
Sur celui-ci rouloit tout son avoir.

La Fontaine
.

☞ AVOIR. s. m. Terme de Négoce. Un livre de compte doit représenter l’avoir d’un côté du feuillet, & le débet de l’autre; c’est-à-dire, les dettes actives d’un côté & les dettes passives de l’autre.

AVOIRS. Terme de Coutume. Ce mot signifie des animaux domestiques, commes moutons, &c. Voyez Avers.

AVOISIE. adj. f. Vieux mot. Avisée, fine, spirituelle. Poës. du Roi de Nav.

AVOISINEMENT. s. m. L’Abbé Richard, dit qu’on a donné le nom d’avoisinement aux projets, pour tâcher de réunir les diverses créances des Catholiques Romains & des Protestans. L’exposition de la Foi de M. Bossuet étoit une espèce d’avoisinement.

AVOISINER. v. a. Etre voisin, être situé auprès. Vicinum, propinquum esse. Cette Province avoisine l’Espagne, avoisine la mer. Sa Seigneurie avoisine ma terre. Il ne se dit que de la proximité de lieu.

Ce mot n’est guère bon en prose. Il est purement poëtique. On peut dire en faisant la description d’une montagne fort élevée, qu’elle avoisine les cieux. Charpentier ne l’exclut pourtant pas entièrement de la prose, puisqu’il dit que c’est par une mauvaise délicatesse que ce mot est consacré en poësie. Vaug. T. Corn.

AVOITRE. Vieux mot. Voyez Avoutre. C’est la même chose.

☞ AVOLA. Petite ville de Sicile, dans la vallée de Noto, sur une montagne, près de la côte de la mer.

AVOLÉ. adj. Vieux mot. Etourdi, qui ne prend conseil que de lui-même : du grec ἄϐουλος, qui est sans conseil.

AVON. Nom de plusieurs rivières d’Angleterre & d’Ecosse. Avon ou Avin en Angleterre. Avona, Avinus, Alaunius. Elle a sa source dans le comté de Wilt, traverse une partie de Hant, & dans la Manche à l’occident de l’île de Wight. Un autre Avon naît aussi dans le comté de Wilt, sépare ceux de Sommerset & de Glocester, passe à Bath & à Bristol, & se décharge dans le golfe de Saverne. Un troisième Avon part du comté de Leicester, arrose Warwich & son comté, et se joint à la Saverne a Tewkesbury, entre Wolchester & Colchter. Avona. Un autre petit Avon, en latin Avo, coule dans le comté de Montmouth, & tombe dans l’Ouske, vis-à-vis de Caerlion. Les Avons d’Ecosse sont 1°, celui qui sortant des confins de la Cluyderdale, traverse les pays de Sterling & de Linlinthque, & se décharge dans le golfe de Forth. Avona. 2°. Celui qui a sa source dans le comté d’Argile, traverse le lac d’Aw & le pays de Lorne, & tombe dans la mer d’Irlande à Dunstatag, vis-à-vis de l’île de Mul. Il y a plusieurs autres Avons en Ecosse, mais si peu considérables, qu’ils ne méritent pas qu’on en parle.

AVORTEMENT. s. m. Terme de Médecine. ☞ Accouchement avant terme d’un fœtus humain imparfait, soit vivant, soit mort. Abortis, abortuo. Degori dit que si l’avortement se fait avec le septième jour depuis la conception, on l’appelle perte de sang, ou faux germe. On le dit plus proprement dans le langage ordinaire, des animaux. A l’égard des femmes, on dit plutôt une fausse-couche, si ce n’est quand l’avortement est provoqué par des remèdes. Les Journaux de Médecine, imprimés à Paris en 1683, parlent d’un avortement par la bouche.

Les causes de l’avortement sont la grandeur du fœtus, sa pesanteur, l’irritation de la matrice, la foiblesse du fœtus, le défaut de nourriture, le relachement des ligamens du placenta, le mauvais air, l’excès dans le manger, les longs jeûnes, les mauvais alimens, les longues veilles, les mouvemens violens de l’ame & du corps, la course, les sauts, la danse, le grand travail, la chute du haut en bas, les efforts pour élever un fardeau trop pesant, les coups reçus au ventre, l’usage des busques pour se conserver la taille, les évacuation immodérées, les grandes sueurs, les grandes hémorragies, les mauvaises odeurs, les purgatifs violens, généralement tout ce qui peut provoquer les mois. Degori.

☞ AVORTER. v. n. Accoucher avant terme. Il ne se dit guère qu’en parlant d’un accouchement causé par un crime. Abortum pati, abortum facere. C’est un crime capital de faire avorter des femmes par des breuvages, ou autres moyens. Si c’est par quelque chute ou quelqu’autre accident de cette nature, qu’une femme accouche avant terme, on doit dire qu’elle a fait une fausse couche, ou qu’elle s’est blessée. Ablancourt a dit, l’Impératrice avorta; mais l’usage n’est pas pour lui. On dit avorter en parlant des femelles des animaux. Quand on fait trop travailler des cavales, cela est cause qu’elles avortent.

Avorter, se dit par extension, des fruits qui ne parviennent pas à la grosseur & à la maturité requise. Il y a des vents qui font avorter’les fruits. Acad. Fr. Les arbres qui sont battus du mauvais vent, sont sujets à avorter, & leurs fruits ne viennent point à maturité

Avorter, se dit figurément de tout ce qui n’a pas les qualités, la force & la perfection qu’il doit avoir.

 
L’un quand son front se ride, ayant un œil farouche ;
Pour la moindre syllabe ouvre toute la bouche,
Et craignant que sa voix n’avorte entre ses dents,
Lance de ses poumons des mots toujours tonnans.

Sanlec.

Avorter, se dit aussi figurément des desseins, des entreprises qui ne réussissent pas. Malè procedere. Quand on fait quelque entreprise au-delà de ses forces, elle est sujette à avorter. Souvent un Auteur croit faire une belle pièce, qui avorte, qui n’a pas le succès qu’il espéroit. Faire avorter les desseins de quelqu’un, les rendre inutiles. Discutere, dissolvere. Dieu fait quelquefois avorter nos desseins, de peur que nous n’attribuyons trop à la prudence humaine. Mont.

AVORTÉ, ÉE. part. Abortivus. L’ordonnance veut que les bois avortés soient resepés. Un fruit avorté. Lic.