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AUT
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& l’Archevêché de Salzbourg ; & au midi la Stirie. La capitale de l’Autriche est Vienne. Il y a la haute & la basse Autriche. La haute Autriche, Austria superior, ou Cisdanubiana, est la partie d’Autriche qui est au midi, ou à la droite du Danube, & la basse Autriche, Austria inferior, ou Transdanubiana, est celle qui est au nord, ou à la gauche du même fleuve. D’autres disent que la haute Autriche est la partie orientale de cette Province, & ils appellent la partie occidentale la basse Autriche. Voyez Maty.

L’Autriche n’a eu d’abord que des Comtes, qui n’étoient même que des Gouverneurs envoyés par les Empereurs, ensuite elle a eu des Marquis, puis des Ducs, & enfin des Archiducs ; on ne sait pas bien quand ceux-ci ont commencé. On dit que c’est l’Empereur Maximilien I, qui en 1495, donna le titre d’Archiduché a l’Autriche.

La Maison d’Autriche est une Maison illustre d’Allemagne, qui descend de Rodolphe, Comte d’Hapsbourg, qui fut élu Empereur en 1299. Rodolphe qui avoit été, à ce que l’on dit, domestique d’Ottocare, Roi de Bohème, lui enleva l’Autriche en 1273, & la donna à son second fils Albert duquel sont descendus les deux branches de la Maison d’Autriche, dont l’une tient l’Empire depuis long temps, & l’autre a régné en Espagne depuis Charles I, jusqu’à Charles II. Rodolphe Comte d’Hapsbourg a commencé la grandeur de la Maison d’Autriche, & a transmis à ses descendans le nom d’Autriche, en leur en donnant le duché qu’il conquit sur Ottocare Roi de Bohème, dont on dit qu’il avoit été domestique, Magister aulæ. De la Chapp. Voyez Lymnæus, Jus publicum Imperii L. II sur l’Autriche, & la maison d’Autriche, & Imhoff, Notitia Procer. Imp. Lib I, cap. 5.

Les pays héréditaires de la Maison d’Autriche, Domûs Austiacæ patrimonium, ou ditiones hæreditariæ, sont le Cercle d’Autriche, le marquisat de Burgaw, le Landgraviat de Nellembourg, le Brisgaw, l’Ornaw, & les Villes forestières, qui sont les pays que la Maison d’Autriche possède par droit de succession. L’Empire & le royaume de Hongrie sont électifs, & celui de Bohème prétend l’être ; ainsi ils ne sont pas proprement, ou point du tout, pays héréditaires. Le Cercle d’Autriche, Circulus Austriacus, est une des neuf grandes Provinces qui composent l’Empire. On divise ce Cercle en deux parties : l’Autriche intérieure, qui comprend l’Autriche, la Stirie, la Corinthie & la Carniole ; l’Autriche extérieure, qui n’est autre chose que le Tirol.

Autriche, s’est dit aussi autrefois de la Franconie, qu’on appeloit encore France Teutonique, & qui par rapport à la France est Autriche, c’est-à-dire, orientale.

L’AUTRICHE. s. f. Sorte de laitue. Lactuca austriaca. L’Autriche se plante au mois d’Avril, & ne monte pas si aisément en graine que d’autres laitues.

AUTRICHIEN, ENNE. s. m. Astrius, Austriacus. Ce nom a trois significations aujourd’hui en François. 1°. Il signifie, qui est d’Autriche, les peuples qui habitent l’Autriche. 1°. Il se prend pour les Princes de la Maison d’Autriche. Les Autrichiens ont régné environ 200 ans & plus en Espagne. Que les Autrichiens sont éloignés d’arriver à l’une ni à l’autre de ces deux fins d’une guerre si furieuse ! De la Chapp. 3°. Autrichien se prend pour partisan de la Maison d’Autriche. Charles, disent les Autrichiens, a-t-il dû, a-t-il pû changer dans la domination Autrichienne, ce que son Seigneur, son pere, avoit sagement réglé ? Id. Il est aussi adjectif. Un Régiment Autrichien. Les Princes Autrichiens. La ligue Autrichienne. On a dit Autrichois, il n’est plus en usage.

AUTRUCHE. s. f. Struthio camelus. Grand oiseau qui a les ailes courtes, fort estimé pour ses plumes, qui servent d’ornement aux chapeaux, aux lits, aux dais, &c.

L’Autruche a quelque chose de l’oie, mais est beaucoup plus grande. Elle a les jambes fort longues, & le cou de 4 ou 5 palmes de longueur. Marm. Liv. I, ch. 23. Les autruches se chassent en Afrique. Elles sont si communes au Pérou, qu’elles vont par troupes comme le bétail. Les Sauvages en mangent la chair ; & leurs œufs sont bons, quoique de difficile digestion. Les femelles sont presque toutes mêlées de gris, de noir & de blanc. Les mâles sont blancs & noirs, & sont bien plus estimés, parce que leurs plumes sont plus larges & mieux fournies, leurs bouts plus touffus, & leurs soies plus fines. On ne les chasse qu’après leur mue, & lorsque leur plumage est sec. Ce sont des oiseaux fort vîtes qu’on chasse avec des barbes harpés comme lévriers, qui les attrapent à la course. L’autruche se sert de ses ailes non pas pour voler, mais pour aider à la course, lorsque le vent lui est favorable ; car alors elle s’en sert comme un navire fait de ses voiles. Marmol dit qu’elle s’en sert à courir, parce qu’elle s’en fouette en courant, & qu’elle se pique aussi de quelques ergots ou éperons pour s’animer davantage. Xénophon rapporte que l’armée de Cyrus trouva proche de l’Euphrate beaucoup d’autruches ; qu’on leur donna la chasse avec les chevaux de l’armée les plus vites, sans pouvoir jamais les atteindre.

Acarete Biscayen, dans la Relation de ses voyages dans la rivière de la Plata, & de-là par terre au Pérou, dit qu’il y a une grande quantité d’autruches aux environs de Buenos-Ayres ; que lorsqu’elles couvent, & que leurs oeufs sont prêts à éclore, elles en cassent quatre qu’elles portent aux quatre coins du lieu où elles couvent ; qu’ils se corrompent, & qu’il s’y engendre bientôt une grande quantité de vers, dont les petits de l’autruche se nourrissent, quand ils sont éclos, & que cela leur suffit, jusqu’à ce qu’ils puissent aller chercher leur nourriture. Cela confirme ce que dit Ælien, que l’autruche nourrit ses petits d’une partie de ses œufs ; mais il ajoute que c’est de ceux qui ne se trouvent pas bons à couver. On a vu vers le Cap de bonne Espérance des œufs d’autruche si gros, qu’un seul suffit pour donner à manger à sept hommes. On a fait la dissection de plusieurs autruches dans l’Académie des Sciences : la plus grande étoit de sept pieds & demi de haut depuis la tête jusqu’à la terre. L’autruche a l’œil comme l’homme en ovale, ayant de grands cils, & la paupière d’en-haut mobile, contre l’ordinaire des oiseaux, avec une paupière au-dedans, comme l’ont la plûpart des brutes. Son bec est court & pointu, sa langue petite, & adhérente comme aux poissons ; ses cuisses grosses, charnues & sans plumes, couvertes d’une peau blanche un peu rougeâtre, rayée par des rides qui représentent un reseau dont les mailles pourroient laisser entrer le bout du doigt. Ses jambes sont couvertes par-devant de grandes écailles en table, les pieds fendus, & composés seulement de deux doigts fort grands, & aussi couverts d’écaille, avec des ongles aux grands doigts, & non pas aux petits. Elle n’a pas des plumes de diverse sorte, comme les autres oiseaux, qui en ont de molles & lanugineuses pour leur servir de fourrure, & d’autres dures & fermes pour voler. Celles de l’autruche sont toutes molles & éfilées comme le duvet. Elles ne servent ni à voler, ni à les vêtir. Elles ont le tuyau justement au milieu de la plume : c’est pourquoi les Egyptiens représentoient la Justice par une plume d’autruche. La peau de son cou est de chair livide, couverte d’un duvet blanc clair-semé & luisant, qui tient plus du poil que de la plume. Son corps est couvert de plumes noires, blanches & grises. Celles qu’on voit d’autre couleur, sont seulement teintes. Les grandes qui sortent des ailes & de la queue, sont ordinairement blanches. Celles du rang d’après sont noires. Celles qui garnissent le dos & le ventre, sont noires ou blanches. Ses flancs n’ont point de plumes, non plus que les cuisses, & le dessous des ailes. Au bout de chaque aile il y a deux espèces d’ergots longs d’un pouce, creux & ressemblans à de la corne, à peu-près semblables aux aiguillons d’un porc-épic. Quant au dedans, on y a trouvé cinq diaphragmes ou cloisons qui divisent le tronc en cinq parties, dont quatre ont la situation droite de haut en bas, & un cinquième situé en travers. Ses ventricules ont été trouvés remplis de foin, d’herbe, d’orge, de fèves, d’os, & de cailloux, dont il y en avoit de la grosseur d’un œuf de poule. On a trouvé dans un jusqu’à 70 doubles, la plûpart usés