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BAB

sée d’en faire la capitale d’une république ridicule, qui ne subsistoit qu’en idée. On la forma sur le modèle de celle de Pologne, & on y établit les mêmes charges & les mêmes dignités. Si quelqu’un parloit de religion à contre-temps, on le créoit sur le champ Archevêque ou Evêque de Babin. Avoit-il parlé de les exploits militaires ou de jurisprudence ? On le faisoit Général ou Chancelier de la république de Babin. Les patentes en étoient expédiées en forme, & c’étoit un nouveau ridicule de les refuser. Ce badinage alla si loin, que le Roi en entendit parler ; & se fit rendre compte des détails de cette république déjà très-nombreuse. Il s’avisa de demander si, à l’imitation de la république de Pologne, ils avoient élu un Roi. Un des Officiers de Babin, homme à bons mots, lui répondit : à Dieu ne plaise, Sire, que du vivant de V. M. nous songions à avoir un autre Roi que vous. Le Roi prit cette hardiesse en bonne part, & se mit à en rire le premier. Un des plus sages règlemens de cette république, c’est qu’il n’y avoit que les plaisanteries innocentes qui conduisissent aux honneurs. On en privoit ceux qui railloient grossièrement & avec outrage. Ce jeu, auquel tout le royaume prit plaisir, fit un effet merveilleux pour corriger le ridicule de quantité de particuliers, & servit à polir la nation Polonoise. Voyez dans les annales de Sarnitius, les détails particuliers cette république de fantaisie.

BABINE. s. f. Lèvre de certains animaux, comme guenons, chats & chiens, &c. Labium, babellum. Ce chat a trouvé quelque chose à manger, il se lèche les babines. Ce singe remue les babines.

Or l’animal glouton,
D’un endroit assez proche entendait la harangue,
Et tirant un grand pied de langue
Rouge encor du sang d’un mouton,
S’en lécha la babine, & dit tout bas, bon bon.

Babine, se dit improprement & bassement de l’homme en ces phrases proverbiales. Il s’est donné de son bien par les babines. Il faut qu’il s’en torche les babines ; pour dire, qu’il n’en tâtera pas.

On dit aussi, d’un hypocrite, qu’il remue bien les babines ; quand il ne prie Dieu que des lèvres.

BABIOLE. s. f. Jouet des enfans. Crepundia. On amuse les enfans avec toutes sortes de babioles. On le dit figurément des choses puériles & de peu de valeur. Louis XI portoit ordinairement un chapeau de méchant drap, tout chargé de graisse & de babioles. Mascur. Ce livre n’a rien de solide, il n’y a que des choses puériles, des babioles.

Du Cange le dérive de baubella, mot de la basse latinité, qui signifioit petit joyau. Les Italiens appellent des poupées, bambale.

☞ BABOLZA, BABOLITZA, BABOLEZA & BABOLEHA. Ville de la basse Hongrie, dans le Comté de Sighet, sur le bord oriental de la Rynnia. Quelques-uns la prennent pour l’ancienne Mansuetinum, ou Pons Mansuetinus.

BABORD, & BAS-BORD. Terme de Marine. C’est le côté gauche du navire, quand on va de la poupe à la proue. Latus sinistrum. Bâbord est opposé à Stribord.

☞ On divise l’équipage d’un vaisseau en deux quarts qui servent alternativement, & on les distingue communément l’un quart de bâbord & l’autre quart de stribord.

☞ BABORDES, ou BASBORDES & BASBOURDIS. On nomme ainsi les hommes de l’équipage qui font le quart à bâbord.

BABOUCHE. s. f. Soulier des Turcs. Calceus Turcicus. Solea deposititia. Quelques autres peuples orientaux s’en servent aussi, comme les Siamois, ou plutôt on donne aussi ce nom à leurs souliers. Ils sont pointus, sans quartier ni talon. Ils les quittent aux portes, chez autrui & chez eux-mêmes, pour ne pas salir les lieux où ils entrent.

Ce mot vient, selon M. Huet, du Persan papos, qui signifie la même chose. D’autres prétendent que c’est un mot turc.

Babouche. Sorte de pantoufle ou de mule de chambre, qui a un quartier de derrière, faite de cuir du levant, & qui est venue d’abord du levant. Des babouches jaunes, une paire de babouches. Acad. Fr. Le roi d’Yémen avoit les jambes & les pieds nus, avec des babouches à la turque. IIe Voyage de l’Arab. Heur. p. 245.

BABOUIN. s. m. Gros singe. Simius. Il y a des babouins à longue queue & des babouins à courte queue. Rabelais cite un livre burlesque de Marmoretus, de Babouinis & Singis.

Babouin, signifie aussi un marmouset, ou figure ridicule barbouillée sur la muraille d’un corps de garde pour la faire baiser aux soldats qui ont fait une faute légère. Imago ridiculum in modum efformata. On dit figurément, faire baiser le babouin à quelqu’un ; pour dire, l’obliger à faire quelque soumission, quelque traité désavantageux malgré lui.

Babouin, ine. s. m. & f. Est aussi une injure qu’on dit aux jeunes enfans badins & étourdis. Pusiunculus. Vous êtes un petit babouin. Vous êtes une petite babouine. Pusiuncula. Ce terme est populaire.

Chorier le dérive de βαμϐαίνων, qui bégaye & ne peut s’expliquer que confusément.

Babouin, ine. adj. Marot a employé ce mot pour couard, lâche.

Si couard & si babouin.
De n’oser parler que de loin.

BABOUINER. v. n. Badiner, faire des singeries, niaiser, s’amuser à des bagatelles, jouer comme les enfans. Scurriliter jocari. Ce mot est du style bas. Il se trouve dans le Dict. Com. & dans Corgrave.

☞ BABUCO. Petite ville d’Italie, dans la campagne de Rome. Quelques-uns croient que c’est la Bovile de Tite-Live. Cluvier n’est pas de ce sentiment.

☞ BABUL. Grande ville des Indes orientales, dans une Ile du fleuve indus. Pattala.

BABYLAS. s. m. Nom d’homme. Babylas. S. Babylas dit quelquefois par corruption S. Babel & S. Baible, l’un des plus grands modèles que l’Église ait proposés à les Ministres pour la fermeté sacerdotale, fut mis sur le siège d’Antioche vers le commencement du règne de Gordien, & sur le douzième des Pasteurs de cette célèbre Eglise depuis S. Pierre. Baill.

BABYLONE. Babylon. Ville célèbre de l’Orient, située sur l’Euphrate, au-dessus de l’endroit où il se joint au Tigre. L’Ecriture, dans la langue originale, appelle toujours Babylone Babel, ce qui montre que c’est la même ville, & que le nom de Babylone s’est formé de Babel. Babylone est la capitale du plus ancien empire du monde. Cette ville fut beaucoup augmentée & embellie dans la suite par les successeurs de Nemrod, qui en fut le premier Roi. La plus ancienne description que nous en ayons, après ce que l’Ecriture en dit en divers endroits, est celle qu’Hérodote en a faite dans son premier livre. L’enceinte de Babylone étoit de 480 stades : elle étoit carrée, & elle avoit sur chaque côté 120 stades. Cela fait vingt lieues de tour. Quelques Auteurs ne lui donnent que 365 stades, & d’autres 385. Ceux qui lui en donnent le moins en mettent 360, c’est 15 lieues de tour. Tous les Anciens sans exception, disent que les murailles de Babylone étoient de brique. Voyez Hérodote, Liv. I, p. 81. Diodore de Sicile, Liv. II. Dion dans Trajan ; Justin, Liv. I, chap. 2. Q. Curce, Liv. V, chap. 1. Aristophane dans la Comédie des oiseaux ; Théocrite, Idyl. 16 ; Ovid. Met. Liv. IV, v. 58. Properce, Liv. III. Eleg. X, v. 21. Lucain, Liv. VI, v. 50. Mart. Liv. IX, epig. 77. Juven. Sat. X, v. 171. D’Herbelot, Bibl. Orient.

Que maintenant le Parthe, ou que l’Histoire antique,
Nous vante Babylone & ses remparts de brique.

Bréb.

Ses murs étoient si larges, que des chars à quatre