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naires Tertullien, Apolog. C. 9. Lactance, L. I, C. 1, le Scoliaste de Juvenal sur la Satyre VI, v. 105. Jacob Oizelius sur Minutius Felix, pag. 196. Ces Prêtres étoient des fanatiques, qui dans leurs enthousiasmes prédisoient la prise des villes, la défaite des ennemis, & n’annonçoient que meurtre & que carnage.

BELLONE. s. f. Bellona. Déesse de la guerre, sœur ou compagne de Mars. Si l’on en croit Varron, elle se nomma d’abord Duellone, Duellona, d’où se forma Bellonne. Hygin, Fab. 274, dit qu’elle fut l’inventrice de l’aiguille, qui en grec s’appelle Βελόνη, & que c’est delà que lui vint son nom. On la dépeint les cheveux épars, couverte de sang, une pique ou une faulx d’une main & une torche ardente, ou quelquefois un bouclier, ou un fouet de l’autre, & vêtue d’un casque & d’une cuirasse. Bellone avoit un temple a Rome, dans lequel le Sénat donnoit audience aux Ambassadeurs étrangers, & aux Généraux qui revenoient de commander les armées. ☞ Il y avoit dans ce temple une petite colonne nommée bellica, par-dessus laquelle les Consuls ou les Féciaux lançoient un javelot, pour marquer qu’ils déclaroient la guerre. La Divinité contraire à Bellone étoit le Dieu Pause, Pausus, c’est-à-dire, repos, comme l’a remarqué Turnébe. Adv. L. XV, C. 21. Rosin, Antiq. Rom. L. IV, C. 10. Casaubon sur Lampridius, C. 9 de la vie de Commode Tertullien. Apolog. C. 9, Pallio, C. 4, & Lactance, Instit. L. I, C. 21 parlent de Bellone.

Bientôt avec Grammont courent Mars & Bellone,
Le Rhin à leur aspect d’épouvante frissonne. Boil.

Bellone. Maculata cauda trapezia. Nom d’un poisson très-menu, long d’un pied, & large de deux pouces & demi, diminuant de largeur dans les deux derniers pouces vers la queue. La tête est très-longue, & l’œil qui est bleu bordé de rouge, est placé dans la distance de la quatrième partie de la longueur de la tête. La bouche forme un ample museau, avec une petite pointe crochue dans la lèvre inférieure. On voit deux nageoires à côté de ses ouies en forme d’éventail, de couleur jaune ; & plus bas, deux autres plus petites de la même couleur. Deux grandes nageoires jaunes & canelées accompagnent ses côtés vers la queue, avec dix à douze pointes le long du dos. Sa queue qui forme un trapèze de couleur jaune & rouge, lui a fait donner le nom de cette figure. Sa couleur générale imite l’arc-en-ciel, celle du corps est d’un rouge clair semé de petites taches brunes. La couleur du dos est grise, tout le ventre rouge,& les nageoires argentées.

☞ On ne trouve ces sortes de poissons que dans l’île de la Tortue en Amérique. Ce poisson a été dessiné sur le lieu par le P. Plumier.

Bellone. s. f. Bellonia. Gente de plante ainsi nommée de P. Bellon Médecin de Caen, à fleur monopétale, rayonnée & découpée. Le calice devient un fruit dur, d’une figure pointue, rempli de petites semences.

☞ BELLONS. Espèce de lampe usitée en Espagne.

BELLOSANNE. Abbaye d’hommes de l’Ordre de Premontré, fondée en 1198 dans le pays de Bray au Diocèse de Rouen. Jacques Valable, François Amyot, & Pierre Ronsard en ont été Abbés. Descript. Géogr. & Hist. de la Haute Norm. T. I, p. 165.

BELLOT, OTTE. adj. Qui a quelque beauté. Bellulus. Il se dit particulièrement de la beauté des petits enfans, & dans le style familier.

BÉLLOVAGE. s. m. & f. ou BELLOVACIEN, ENNE. Ancien peuple de Gaule qui habitoit ce que nous appelons aujourd’hui le Beauvaisis, &c. Voyez Beauvais, Beauvaisin, & Beauvaisis. Des Auteurs modernes prétendent que les vallées d’Andegouste, & de Volvacène ont été habitées par les Andes & les Bellovaclens. Cord.

☞ BELLOZANE. Bellozanna. Abbaye de France, de l’Ordre de Prémontré, située en Normandie à une lieue de Gournai.

BELLUNE, ou BELLUNO. Bellunum. Ville épiscopale d’Italie dans l’Etat des Vénitiens, située sur la rivière de Piave dans les Alpes. Bellulum.

BELLUNOIS, OISE. s. m. & f. Qui est de Bellune. Bellunensis. Georgio Piloni, Docteur Bellunois, a fait l’histoire de sa patrie, à Venise 1607, in-4°.

BELLUNOIS. Petit pays de l’Etat de Venise en Italie, qui prend son nom de Bellune sa capitale. Ager Bellunensis. Le Bellunois est dans la Marche Trévisanne, & il y a de fort bonnes mines de fer. Maty.

☞ BELNAUX. s. m. pl. Espèces de tombereaux fort lourds, qui servent au transport des fumiers dans les terres.

BÉLOÈRE. s. f. Plante Indienne toujours verte ; ses feuilles, réduites en poudre, purgent avec une violence excessive, sa graine, broyée & prise chaude, purge plus modérément. Ray. Hist. Plant.

BÉLOMANCE, ou BÉLOMANCIE. s. f. Belomantia. Ce mot est grec, composé de βέλος, flèche, & μαντεία, divination, & il signifie, divination qui se fait par les flèches. La bélomance étoit en usage parmi les Orientaux, mais sur-tout chez les Arabes. Elle se faisoit en plusieurs manières. La première étoit de marquer des flèches, & de les mettre dans un sac au nombre de onze, ou davantage ; ensuite on les tiroit, & selon qu’elles croient marquées ou non, on en tiroit des conséquences pour l’avenir. Une autre manière étoit d’avoir seulement trois flèches, sur l’une desquelles on écrivoit, Dieu me l’ordonne ; sur une autre, Dieu me le défend ; & sur la troisieme on n’écrivoit rien. On les enfermoit dans un carquois, ensuite on en tiroit une des trois au hasard : si c’étoit celle sur laquelle on avoit écrit, Dieu me l’ordonne, on faisoit la chose pour laquelle on consultoit le sort : si celle où il y avoit, Dieu me le défend, venoit la première, on ne faisoit point la chose dont il étoit question ; & si c’étoit la troisième sur laquelle il n’y avoit rien d’écrit, on recommençoit tout de nouveau. Les Arabes appellent cette divination alazlam. Elle paroît fort ancienne, & il semble qu’Ezéchiel en ait parlé XXI, 21. S. Jérôme l’entend ainsi, & il dit que cette superstition étoit en usage chez les Assyriens, ou Babyloniens. Il en parle encore sur le chap. IV, d’Osée, à cela près qu’au lieu de flèches, il dit que c’étoient des baguettes. Les Septante traduisent aussi ῤάϐδους, des baguettes ; ce qui feroit plutôt rabdomance que bélomance : mais dans Ezéchiel, que S. Jérôme cite, il y a des flèches, & non pas des baguettes. D’autres interprètent le mot d’Ezéchiel קלקל, non pas par commiscens sagittas, comme S. Jérôme, ce qui marqueroit qu’on mêloit, qu’on battoit, ou qu’on remuoit les flèches dans le carquois, mais par tersit ; & prétendent que cette superstition consistoit à fourbir ou polir le fer des flèches, pour y considérer comme dans un miroir ce qu’on vouloit savoir, de même qu’on le regarde dans l’ongle du pouce, après qu’on l’a frotté & rendu luisant. C’est le sentiment de Valable & de Munster. Enfin d’autres rendent קלקל par jecit, & disent qu’on lançoit des flèches en l’air, & qu’on observoit où elles tomboient : c’est l’interprétation du Paraphraste Chaldéen & de Kimhhi. Pocock traite de la bélomance dans son Specimen historiæ Arab. S. Jérôme, sur l’endroit d’Ezéchiel que j’ai cité, & Grotius au même endroit, confondent la bélomance & la rabdomance, comme une même divination, & Grotius montre que cette superstition étoit en usage chez les Mages, c’est-à-dire, les Chaldéens, & chez les Scythes. C’est le Scholiaste de Nicandre qui le dit d’après Dion ; que les Alains, nation Scythe, en usoient aussi au rapport d’Ammien, Liv. XXXI, que des Scythes elle avoit passé aux Sclavons leurs voisins, chez lesquels on la pratiquoit, si l’on en croit Rabbi Moyse de Korsi dans l’Hist. du 52e Jubilé, & Adam de Brémen, Narrationis Ecclesiastic. c. 6, que les Germains la prirent des Sclaves, puisque Tacite nous apprend qu’ils en usoient. Tacit. De Mor. Germ. C. 11 ou n. 10. Paulus Venetus, en parlant des Tartares, Liv. I, ch. 53, explique encore une autre manière de bélomance, à ce que dit Grotius ; mais il se trompe, ce n’est ni bélomance, ni une coutume de ces peuples ; c’est une divination arbitraire que leurs Prêtres pratiquent en une occasion particulière, non pas avec des flèches, mais avec un roseau fendu en deux.