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BEN

à l’entérinement. Les conditions des Lettres de bénéfice d’inventaire sont de faire l’inventaire des biens, de n’avoir fait aucun acte d’héritier, & de payer les dettes jusqu’à concurrence de l’inventaire. Il faut que l’impétrant donne caution du contenu en l’inventaire. Les Lettres de bénéfice d’inventaire ne servent de rien à l’égard du Roi, aux héritiers de ceux qui sont comptables des deniers du Roi, parce qu’il ne donne rien, ni aucun privilège contre ses droits. Nul n’est admis à jouir du bénéfice d’âge, ou du bénéfice d’inventaire, sans Lettres scellées des Chancelleries. Voyez plusieurs Arrêts sur cela dans l’Hist. de la Chancel. Tom. II. Le Roi en a cependant exempté les Provinces régies par le Droit écrit, par un Arrêt du 7 Janvier 1684. Ibid. pag. 121.

Bénéfice, se dit aussi en parlant du temps, & veut dire, grâce faveur, dont le temps est souvent la seule cause. Il faut attendre le bénéfice du temps. La Rochef.

Bénéfice, se dit aussi en ces phrases proverbiales. Il faut prendre le bénéfice avec les charges : ce qui se dit tant au propre, des charges d’un vrai bénéfice, qu’au figuré, de toute autre chose qui a des avantages, & des inconvéniens. On dit aussi que les chevaux courent les bénéfices, & que les ânes les attrapent. On dit encore, d’un homme qui n’a point de revenu, qu’il n’a Office, ni bénéfice ; qu’il est obligé de vivre du travail de ses mains. On dit d’un homme qui n’a point de Religion, qu’il croit en Dieu par bénéfice d’inventaire, c’est-à dire, qu’il fait profession de la Religion autant qu’il y trouve son profit & son intérêt.

Qui sentoit quelque peu le fagot
Et qui croyait en Dieu, pour user de ce mot,
Par bénéfice d’inventaire. La Font.

BÉNÉFICENCE. s. f. Penchant à faire du bien, grâce extraordinaire. Beneficentia. Ce mot de bénéficence, quelque doux qu’il soit, n’est pas assez heureux pour plaire à tout le monde ; au contraire le nombre de ceux à qui il déplaît, est bien plus grand que le nombre de ceux à qui il plaît. M. de la Mothe le Vayer, de l’Académie Françoise, a dit que les peuples avoient adoré le soleil à cause de sa benéficence. Bénéficence s’est établi dans les pays étrangers. On le trouve dans l’Oraison funèbre de la Princesse d’Orange par Labadie, & dans plusieurs autres écrits de gens qui se piquent de parler le trançois. ☞ Il n’a pas réussi chez nous ; mais nous avons reçu bienfaisance qui signifie la même chose.

☞ BENÉFICIABLE. adj. dont on peut retirer du bénéfice. Il se dit ordinairement d’une mine. On dit qu’une mine est bénéficiable, lorsqu’on veut dire qu’elle peut être exploitée avec profit, qu’on en peut tirer du bénéfice.

BÉNÉFICIAIRE. adj. m. & f. Hérétier qui a obtenu des Lettres de bénéfice d’inventaire. Beneficiarius. Un héritier pur & simple n’exclut point le bénéficiaire en ligne directe. Les deux frères étoient héritiers bénéficiaires, & créanciers de leur père. Guillet de Blaru.

☞ BÉNÉFICIAIRES, ou BÉNÉFICIERS. Milites Beneficiarii. On appeloit ainsi dans les troupes Romaines ceux à qui l’on donnoit pour récompense de leurs services une partie des terres conquises, qu’on appeloit bénéfice, beneficium ; parce que c’étoit un pur bienfait, une libéralité du Prince. Voyez ci-dessus au mot Bénéfice.

BÉNÉFICIATURE. s. f. Terme de Jurisprudence Canonique, sorte de bénéfice. On appelle ainsi les bénéfices de Chantres ou Vicaires Choristes Chapelains : Non tam beneficia dicuntur, quàm officia, seu potiùs onera. Ces bénéficiatures ne sont pas de véritables bénéfices, & l’on doit regarder ceux qui en sont revêtus plutôt comme des Chantres gagés, que comme de vrais bénéficiers. Elles ne peuvent se résigner, & leurs possesseurs peuvent être destitués par le Chapitre en cas d’absence de deux mois, sans qu’il soit nécessaire de faire précéder aucune monition canonique ; monitions sans lesquelles, suivant le droit commun, on ne peut priver un Bénéficier de son bénéfice. Ce sont donc plutôt des places destinées à des Prêtres qui sont chargés de rendre un service actuel à l’Eglise. Procès verb. de l’Assemblée du Clergé de 1726. On les appelle aussi Bénéfices-serfs.

BÉNÉFICIER. s. m. Celui qui possede un ou plusieurs bénéfices. Beneficia Ecclesiastico præditus. On distingue les Bénéficiers du Royaume payans décimes, d’avec ceux qui n’en payent point, qui n’ont que de simples administrations. Le Bénéficier n’est pas propriétaire des biens de l’Eglise ; il n’en a que l’administration, dont néanmoins il ne rend compte qu’à Dieu. Cependant à l’égard des hommes, il est tenu des réparations, des décimes, & des droits attribués aux Evêques. Fleur. Un Bénéficier qui a assisté à un jugement de mort, devient irrégulier, & privable de son bénéfice. De Lange. Le Bénéficier condamné à mort ne peut résigner pendant l’appel, son bénéfice est vacant de plein droit. Id. Par l’art. 14 de l’Ordonn. de 1667 les Bénéficiers mineurs de 25 ans peuvent agir, & sont réputés majeurs, pour ce qui concerne les bénéfices dont ils sont pourvus.

BÉNÉFICIER. v. n. Terme usité parmi les ouvriers qui travaillent aux mines d’or, d’argent & d’autres métaux. Il se dit du plus ou du moins de facilité qu’on a à tirer le métal du minéral ou pierre métallique. ☞ Bénéficier dans l’exploitation d’une mine, c’est l’exploiter avec bénéfice, avec profit.

BÉNÉFICIÈRE. s. f. Fille consacrée à Dieu, qui est pourvue d’une prébende, d’un bénéfice, comme les Chanoinesses. Beneficiaria. Ce mot n’est point dans l’usage ordinaire. Il se trouve cependant en quelques livres. Il y a des Auteurs, du nombre desquels est le P. Thomassin, qui ont regardé les Béguines comme des espèces de Chanoinesses, ou bénéficières. P. Hélyot. T. VIII, pag. 2.

BÉNÉFIQUE. adj. m. & f. Terme d’Astrologie, qui se dit des astres auxquels on attribue des influences favorables. Beneficus. Jupiter & Venus sont des Planètes bénéfiques, c’est-à-dire, bienfaisantes.

BÉNEISON, ou BÉNEIÇON. s. f. Vieux mot. Bénédiction. On a dit aussi, bénoyer, pour bénir.

BENÊT. adj. souvent employé substantivement. Niais, nigaut, qui n’a point vû le monde. Insulsus, stolidus. Molière a dit, un grand benais de fils aussi sot que son père. Mais l’usage est pour benêt. C’est un benêt, un franc benêt.

Du Cange dérive ce mot de bonifacies, qui signifie bon enfant. Quelques-uns disent encore Boniface en la même signification.

Je viens pour offrir au jour de votre fête,
De ma Philosophie un hommage nouveau :
Présenté par moi-même, il sera plus honnête,
Que par certain benêt qui s’est mis dans la tête
De faire de son chef cet hommage si beau.

BENETIER, Voyez Bénitier.

BÉNÉVENT, ville archiépiscopale du royaume de Naples, dans la Principauté citérieure, au confluent, du Sabato, & du Calore. Bénévent a titre de Duché. Bénévent fut nommé d’abord Maleventum, si l’on en croit Pline, Liv. III, c. 11 ; & si l’on en croit Procope, ce fut à cause des vents malins qui y soufflent. D’autres le tirent de malus eventus, mauvais événement, & disent qu’il lui fut donné à cause de la défaite des Samnites, qui perdirent là auprès plus de 30000 hommes. Mais Vigenère, Annot sur Tite-Live, Tome I, pag. 1757, remarque fort bien que Tite-live dit qu’elle s’appeloit dès-auparavant Malevent ; & il ajoute que plutôt les Romains à raison de leur heureux succès lui auroient donné le nom de Bénévent. Quoi qu’il en soit, elle changea dans la suite ce nom de Malevent en celui de Bénévent. Beneventum. Festus dit que ce fut lorsqu’on y conduisit une colonie, afin que ce nom fût d’un meilleur augure que celui qu’elle avoit, parce qu’auparavant les Grecs qui l’habitoient, l’appeloient Μαλοίτιον, apparemment de μάλος, qui signifie, pernicieux. Ces mots de Festus confirment l’étimologie de Bonus eventus, ou Bene eveniat, ou Bene ventum, qui est pour marquer l’heureuse arrivée de la colonie. La première colonie romaine fut