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BEN

celle de Juda au midi, & celle d’Ephraïm au septentrion, & le Jourdain au levant. Voyez le livre de Josué, C. XVIII, v. 11, & suiv.

Les enfant de Benjamin, en style de l’Ecriture, sont aussi la Tribu, ou les descendans de Benjamin. Les enfans de Benjamin se rallièrent auprès d’Abner, Hc ayant fait un gros, demeurèrent sur le sommet d’un côteau. Sacy. 2 des Rois, C. II, v. 25.

Benjamin. Terme de Fleuriste. C’est un œillet incarnat clair sur un fin blanc, mais dont les panaches sont confus. Sa plante est assez robuste, mais tardive à porter fleur. Le Benjamin ne casse pas, si on lui laisse quatre à cinq boutons. Cult. des Fleurs.

BENJANS. s. m. pl. Sorte d’Indiens répandus dans toute l’Asie, par les mains desquels passe presque tout le commerce que les Européens y font. Voyez Banianes.

☞ BENI AKAX, ou BENI-RASID. Beniaraxa. Contrée d’Afrique, ou état particulier du royaume de Telefin, faisant partie de celui d’Alger, autour de la rivière de Mina.

Béni arax, dans la montagne, à vingt lieues d’Oran, en est la capitale.

BENIBEL. s. m. Terme de Philosophie hermétique, qui signifie le mercure hermétique.

☞ BENIBESSERI, ou BENIBESSERA. Grand pays d’Afrique, dans la Lybie, ou dans la contrée de Segelmesse, qui est dans le Biledulgerid.

BÉNIÇON. Vieux mot qui signifie épousailles, de benedictio, comme maudiçon de maledictio, cuiçon de coctio, façon de factio, leçon de lectio. Men.

BÉNIGNE. s. m. Benignus. Nom propre d’homme. S. Benigne, Apôtre de Bourgogne, & Martyr, y fut envoyé, selon la tradition du pays, par S. Polycarpe. Bénigne établi à la Cour dégénéra-t-il de lui-même ? Ignora-t-il ses amis ? P. de la Rue, dans l’Oraison Funèbre de M. Jacques-Bénigne Bossuet.

BÉNIGNEMENT. adv. D’une manière bénigne, douce, humaine. Benignè, humaniter. Il a été reçu bénignement de son Prince. Rien n’est plus méprisable que la sotte patience d’un mari qui souffre bénignement les infidélités de sa femme. S. Evr.

☞ BÉNIGNITÉ. s. f. Benignitas. C’est une qualité qui affecte proprement la volonté dans l’ame, par raport aux biens & aux plaisirs qu’on peut faire aux autres ; ce qu’il y a de plus éloigné d’elle est la malignité ou le secret plaisir de nuire. M. l’Abbé Girard. Alexandre reçut avec bénignité la mère, la femme & ses filles de Darius.

☞ Il se dit aussi en parlant des astres. Jupiter & Venus sont les planètes qui ont le plus de bénignité.

☞ BENI-HULUD. Ville de la province de Chaüs, en Afrique. C’étoit autrefois Benta.

☞ BENIN, BÉNIGNE. adj. Qui a de l’inclination ou de la disposition à faire du bien. Benignus. Ce mot se dit principalement des remèdes & des influences célestes. Un remède benin est celui qui purge doucement & sans tranchées. Les astres benins ont favorisé son voyage. On le dit aussi des Princes, mais rarement des particuliers, excepté dans un sens ironique, lorsqu’ils souffrent des injures avec bassesse. Molière a dit, en parlant des maris de Paris : les maris sont ici les plus benins du monde. Voyez M. l’Abbé Girard. Syn. Voyez aussi Doux, Humain.

Benin, ou Benim. Ville, rivière & Royaume d’Afrique, dans la Guinée.

BENINGANIO. s. m. Fruit qui croît dans la baie de S. Augustin, de la grosseur du limon, rouge au-dehors, & bienfaisant à l’estomac. Dict. de James.

BENJOIN. s. m. Sorte de résine excellente, qu’on apporte du royaume de Lao, & d’autres pays des Indes orientales. Benzuinum. On la tire par incision d’un arbre qui est beau & très-grand, dont les feuilles ressemblent à celles de citronnier, & qui, selon Dapper, s’appelle fatra. Elle est de couleur jaune, d’une odeur fort agréable, & facile à fondre. Il y en a de trois sortes. La première s’appelle amygdaloïdes, parce qu’elle est tachetée de plusieurs marques blanches, qui ressemblent à des amandes rompues : elle vient de Siam. La seconde est noire & fort odoriférante, & coule des jeunes arbres : elle nous vient de Sumatra. On l’appelle benjoin de boninas. La troisième est aussi noire, mais de moindre odeur. On la cueille dans les îles de Java & de Sumatra. Le benjoin est différent de la gomme de Laser ou assa fœtida. Il l’est aussi de la mirrhe.

M. d’Herbelot, au mot Ban, rapporte que quelques-uns disent que le Benjoin que les Persans nomment bassam-pieh, huile ou graille de baume, se tire du fruit d’un arbre appelé ban, semblable au tamarin, & qui croit en abondance dans l’Iémen, ou Arabie heureuse, & particulièrement au terroir de Mahara ; & il dit au mot hassalban, que les Turcs appellent le benjoin, hassalban, mot dérivé ou corrompu de celui de ban. Chorier dit, dans son Histoire de Dauphiné, p. 58, que les mélèses, qui font fréquens dans les Alpes aux environs de Briançon, produisent une espèce de résine si excellente, qu’on ne lui refuse pas communément le nom de térébenthine & de benjoin.

Nos habitans de l’île Bourbon nous envoient une résine odorante, qu’ils qualifient de benjoin. Elle a quelque chose à la vérité d’aussi suave que le benjoin, lorsqu’on l’écrase entre les doigts, & qu’on la brûle : cependant comme à la vue elle paroît en être différente, il y a lieu de croire que ce n’est pas le même arbre qui la porte : quoi qu’il en soit, ele a les deux qualités du benjoin, & peut être substituée à cette drogue si chère & si nécessaire dans la composition des parfums, des baumes, des cérats, des onguents, & des emplâtres. Si l’on envoie de cette colonie des branches de l’arbre qui donne cette résine, garnies de feuilles & de fruits, une description de la manière dont on retire cette résine de la partie de l’arbre qui la fournit, & les usages qu’on en fait dans le pays, cela pourra nous conduire à la connoissance de l’arbre du vrai benjoin, dont l’origine est encore ignorée. M. De Jussieu, Mem. Mss. Le benjoin commun est ordinairement fort brun : le meilleur est celui qui est perlé, plein de grosses larmes blanches, clair, luisant, ayant l’odeur bien forte & bien net : il ressemble à des amandes, qui seroient confites dans du miel. Barbe.

☞ BÉNIR. v. a. En général, c’est souhaiter quelque chose d’heureux. Fausta precari. Dans ce sens on le dit des vœux que les pères font en faveur de leurs enfans. Isaac bénit Jacob au lieu de son frère Esaü. Noë bénit Sem & Japhet, & maudit Cham.

☞ On le dit de même des puissances temporelles, des, bienfaiteurs, & même des choses inanimées. Les Princes bienfaisans sont bénits de leurs peuples. Bénissons le jour que nous commençâmes à nous connoître.

Bénir, se dit aussi des faveurs, des grâces que le Ciel nous accorde. Fortunare, beneficiis cumulare. Dieu a bénit les armes du Roi, & lui a fait obtenir la victoire. Dieu bénit le travail des gens de bien.

Bénir, signifie aussi louer Dieu, le glorifier, le remercier de les grâces. Deum laudare, benedicere. Les trois enfans bénissoient Dieu dans la fournaise. Job dans toutes ses afflictions disoit seulement, Dieu soit béni. Que la terre bénisse le Seigneur, & qu’elle célèbre éternellement ses louanges. P. R. Il est aisé de louer Dieu & de le bénir, quand il nous fait riches, & qu’il ne nous laisse manquer de rien. Flech. Voyez Bénédiction.

Bénir, qui est si souvent dans le Nouveau Testament, signifioit chez les Juifs, prononcer une certaine formule de prière sur quelque chose. Ils ont dans leurs Rituels un grand nombre de ces sortes de prières ou bénédictions. Ils en ont de différentes pour diverses choses, croyant que c’est un péché d’ingratitude de jouir ou de se servir de quoi que ce soit au monde, sans premièrement reconnoître par quelques paroles de louange ou de bénédiction, qu’on le tient de Dieu, qui est le maître de tout. Ils sont obligés de dire au moins cent bénédictions par jour, & la plupart les récitent le matin. Consultez Léon de Modène dans son Traité des cérémonies des Juifs. part. I, Chap. IX.

Bénir, est quelquefois dans le Nouveau Testament la même chose que faire des actions de grâces, ensorte que ces deux mots s’y prennent l’un pour l’autre au Ch. 26 de S. Matthieu, v. 26, où il dit que Jésus-Christ prit le pain & le bénit : on lit dans plusieurs