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BET

forteresse que les Chrétiens firent bâtir sur le sommet d’une montagne, ou plutôt d’un rocher, & que les Arabes appellent Bethiel Franki.

BÉTHUNE, ou BÉTUNE. Ville des Pays Bas, dans l’Artois sur la Biette. Bethunia. Cette ville a 20° 9′ 39″, de longitude, & 50° 31′ 36″ de latitude. Cassini.

☞ BETHUNE. Rivière de France en haute Normandie, au pays de Caux, qui a sa source auprès de Gaille-Fontaine, & va se perdre dans la mer, en traversant le port de Dieppe, après s’être jointe à la rivière d’Arques & à l’Eaune.

BÉTILLE. s. f. Sorte de toile. C’est une espèce de mousseline. Lineæ telæ genus. Elle vient des Indes Orientales.

☞ BÉTIQUE. Partie considérable de l’ancienne Espagne, ainsi nommée du fleuve Bétis. Elle comprenoit l’Andalousie, une partie du Royaume, & quelque chose de l’Estramadure.

BÊTISE. s. f. ☞ Ignorance crasse provenant d’un défaut d’intelligence. Voyez Bête. Stupide. Idiot. On est bête, par défaut d’intelligence. Stupide, par défaut de sentiment. Idiot, par défaut de connoissance. Stoliditas, stupor. La bêtise de ce valet n’est pas concevable. Le silence est quelquefois un signe de jugement, & quelquefois de bêtise. S. Evr. Etre toujours dans l’admiration, est une marque de bêtise, ou d’une affection qui approche de la flatterie. Bell. C’est fierté ou bêtise, que de ne point approuver ce qui mérite de l’approbation. Id. La bonne foi n’est plus que foiblesse ou bêtise. S. Evr.

☞ BETLIS. Ville d’Asie, au Curdistan, principale ville d’un Bey ou Prince du pays des Curdes, à dix journées de Diarbekir.

BÉTOINE. s. f. Betonica. Plante vivace à fleurs en gueule. Sa racine est grosse comme le doigt, & garnie de plusieurs fibres longues & chevelues. Les feuilles qui en partent sont oblongues, bosselées, velues, & portées sur des queues longues d’un pouce ou deux. Ses tiges sont carrées, rarement branchues, hautes d’un pied & demi, chargées par intervalle de quelques feuilles opposées, plus alongées que celles du bas, & plus étroites. Ces tiges se terminent par un épi de fleurs purpurines assez pressées, dont chacune est un tuyau découpé par-devant en deux lèvres. La supérieure est relevée, pliée en gouttière, & échancrée ; & l’inférieure est divisée en trois parties ; le calice est un cornet verdâtre, au fond duquel sont contenues quatre petites semences oblongues. La bétoine est céphalique. Antonius Musa, Médecin de l’Empereur Auguste, en a recueilli les vertus dans un Traité particulier qu’il nous a laissé. On a tant attribué de bonnes qualités à la bétoine, que les Italiens disent en proverbe d’une personne qu’on veut louer beaucoup, qu’il a autant & plus de mérite que la bétoine. Tu hai piu virtu che non hà la betonica.

Betonica vient de Vetones, peuples d’Espagne, qui ont les premiers employé cette plante ; on croit que ce sont les Béarnois. Pline dit que cette herbe s’appeloit vettonica dans la Gaule, en Italie, serratula ; & en Grèce castron ou psycotrophon, & que les Gaulois l’avoient appelée vettonica à vetonibus.

On prend la poudre de bétoine en guise de tabac. Elle est âcre & amère ; elle atténue, elle ouvre, elle absterge. Sur-tout on l’estime dans les maladies du cerveau, du foie, de la rate, &c. Elle est aussi diurétique & vulnéraire. Il y a des Médecins qui s’en servent avec succès dans la goutte.

BÉTON. s. m. Sorte de mortier qu’on jette dans les fondemens, & qui se durcit extrêmement. Signini operis structura. Le béton se pétrifie dans la terre, & devient dure comme un roc. Pomey.

Béton. Protogala. Lait trouble & épais qui vient aux femmes nouvellement accouchées, & aux bêtes qui ont mis bas. Dict. de James.

BETRE. s. f. Terme de Botanique. Quelques-uns donnent ce nom au bétel, dont il est parlé ci-devant : d’autres le donnent à une autre plante, qu’ils appellent poivre long du Brésil. C’est un arbrissau haut de quatre ou cinq pieds : sa tige est droite, noueuse, de la grosseur du doigt, d’un vert pâle, & marquetée de petits points blancs. Dans sa partie supérieure à l’endroit de quelques nœuds elle jette des branches qui sont aussi noueuses & de la même couleur. Il sort à chacun de ces nœuds une feuille longue de cinq ou six travers de doigt, & de la figure de la langue, d’un vert pâle, tirant sur le jaune, & de l’épaisseur des feuilles de laurier. Il y a aussi à chacun de ces nœuds un chaton long d’un ou deux doigts, & gros comme une plume de cigne. Sa semence est oblongue, noirâtre, & d’une odeur forte comme le gingembre, mais insipide, & de nul usage : elle a la forme de poivre long. Le bois de la tige est spongieux. Sa racine a quelque chose d’aromatique : elle a le goût, la couleur & l’odeur du gingembre, surtout quand elle est récente. On s’en sert pour apaiser les douleurs, pour dissiper les vents, & les tumeurs des pieds qui vient par le froid. Voyez Marcgrave, de qui tout ceci est tiré.

BETTE, ou POIRÉE. s. f. Est une plante fort commune. Beta. Il y en a de blanche, de rouge, de jaune, & de plusieurs autres sortes. La blanche a les feuilles qui sont d’un vert pâle. Voyez Poiré.

BETTERAVE. s. f. Est une espèce de bette, ou de poirée, ainsi appelée, parce que sa racine est fort grosse, & qu’elle ressemble à celle de la rave. Elle est de couleur de sang par dehors & par dedans. Beta-rubra. On la fait cuire, on la coupe par tranches, & on en mange dans la salade pendant l’hiver. Les betteraves sont annuelles & ne viennent que de graine ; on les séme au mois de Mars, soit en plein champ, soit en bordures, & il les faut semer clair ; au moins si elles ont levé trop dru, il les faut éclaircir beaucoup, autrement elles ne viennent pas belles. Les meilleures betteraves sont celles qui ont la chair la plus rouge ; leur fane est pareillement fort rouge : elles ne sont bonnes à prendre qu’à la fin d’automne, & tout l’hiver. Pour en avoir de la graine on replante au mois de Mars quelques-unes de celles de l’année précédente qu’on avoit garanties de la gelée. La graine s’en recueille au mois d’Août & de Septembre. La Quint. P. VI, p. 373. Ces graines sont grosses comme des pois médiocres, rondes, mais toutes graveleuses dans leur rondeur, jaunâtres, & si semblables à celles de la poirée, qu’on ne les sauroit guère distinguer les unes d’avec les autres. La Quint. P. VI, p. 279. Voyez Poirée.

Un nez de betterave, se dit figurément & dans le style burlesque pour un nez rouge, dont la rougeur est dans celui qui le porte, la marque d’un homme qui aime le vin. Rubicundus.

Betterave. Sorte de mauvaise poire qui est du mois d’Août. La Quint.

Il y a aussi une espèce de Pêche qu’on nomme Betterave, ou Pêche-betterave. Les Pêches-betteraves ont la chair grossière : elles ne sont bonnes que pour mettre en compote.

BETUNE. s. f. On appelle ainsi par dérision, à Paris, un carrosse à un cheval, par allusion à bête-une.

BETUSE. s. f. Tonneau ouvert sur le côté avec une fermeture à charnière, où les palfreniers conservent l’avoine. On en a pour charrier du poisson d’un étang à l’autre, quand on lève le peuple.

BETUVE (le) BETUWE & BETAW. Petit pays, au duché de Gueldres, dans la République des Provinces Unies. C’est une île entre le Rhin, le Waal & le Leck. On croit que c’est une partie de l’ancienne demeure des Bataves dont ce pays porte le nom, avec quelque changement.

BEV.

BEVAGNA. Petite ville d’Italie, voisine de Spello. Elle est dans l’Umbrie.

BEUBANT, ou BOBANS. adj. & vieux mot. Dur, insupportable, fier ; quelquefois il signifie appareil, orgueil, dureté. Gloss. des Poës. du Roi de Nav.

BEVEAU, ou BEUVEAU ou BUVEAU. s. m. Ce dernier est le terme du P. Deran. Les Ouvriers qui disent Biviau ou Biveau, conservent mieux l’étymologie du mot bivium, chemin fourchu. En effet, c’est le modèle d’un angle quelconque rectiligne, curviligne, ou le plus souvent mixte, pour former l’angle d’inclinaison de deux surfaces qui se rencontrent. Lorsqu’elles sont