Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/926

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
902
BIL

devenu françois par l’usage que le Gazetier en fit pour la première fois, dans la Gazette du mois de Juin de l’année 1685. il signifie un projet d’acte du Parlement, qui est d’abord présenté aux chambres, pour être examiné, & ensuite au Roi, qui lui donne le caractère de loi, si les Chambres l’ont approuvé. Présenter un bill, le rejeter. Les deux Chambres sont d’accord sur la teneur d’un tel bill. Rerum edicto vel lege fanciendarum libellus. Dresser un bill.

Ce mot, en anglois, s’écrit par deux ll. Bill. De-là vient qu’en France on le mouille. Il a encore d’autres significations dans cette langue, comme celle d’obligation, cédule, & comme nous disons, billet ; celle d’écriteau ; celle de lettres du Prince accordées pour différens effets, &c. Mais nous n’avons reçu que celle qu’on vient d’expliquer.

BILAN. s. m. Terme de banque. C’est un petit livre sur lequel les Marchands ou Banquiers écrivent d’un côté leurs dettes actives, & de l’autre leurs dettes passives. Peculiaris ac privatus codex nominum. Bilan, selon M. Bornier, dans ses Notes sur l’Ordonnance de 1673, est en usage seulement à Lyon, à cause des foires, & il est le même en abrégé que le grand livre qui doit, suivant l’Ordonnance, contenir tout le négoce des Marchands, leurs lettres de change, leurs dettes actives & passives, & les deniers employés à la dépense de la maison.

Ce mot vient du latin bilanx, parce que ce livre leur sert à balancer leurs gains & leurs pertes. Il leur sert aussi au virement des parties. Les Marchands de Lyon appeloient ci devant bilans des acceptations, un petit livre qu’ils portoient sur la place, où ils écrivoient toutes les lettres de change tirées sur eux ; & leur acceptation n’étoit autre chose que de mettre à côté de la lettre qu’ils avoient enregistrée dans leur bilan, une croix qui signifioit acceptée. S’ils vouloient délibérer sur l’acceptation, ils mettoient un V, qui signifioit vûe ; & s’ils ne la vouloient point accepter, ils mettoient S. P. qui signifioit sous protest. Mais depuis l’Ordonnance de 1667, il ne se fait plus d’acceptation que par écrit.

On appelle l’entrée & l’ouverture du bilan, le sixième jour du mois des payemens, jusqu’à la fin duquel on fait le virement des parties, où les Marchands écrivent chacun de leur côté les parties virées.

On appelle aussi bilan ou balance, l’arrêté ou la clôture de l’inventaire d’un Marchand, où l’on a écrit vis-à-vis tout ce qu’il doit, & ce qui lui est dû. Un Marchand après la faillite, pour s’accommoder avec les créanciers, leur doit présenter un bilan, qui contienne l’état au vrai de ses affaires. Si un Négociant qui a accoutumé de porter bilan sur la place, ou autre pour lui, ne s’y rencontre pendant le temps du payement, il est réputé avoir fait faillite.

BILBAO. Ville d’Espagne, dans la Biscaie, dont elle est capitale. Bilbaum. Quelques-uns la prennent pour la Floriobriga de Ptolomée. D’autres disent qu’elle ne fut fondée qu’en 1500 par Dom Diego Lopes de Haro. Elle est à l’embouchure de la rivière de Nerio, ou d’Ibaycaval ; & son port, qui est des meilleurs d’Espagne, est celui que les Anciens appeloient amanus portus.

☞ BILBER, ou BERBER. Bilbera. Ville d’Asie, dans la Perse, dans le Circan, contrée du Sigistan.

BILBILIS. Biibilis. Ancienne ville des Celtibères, dans l’Espagne Tarragonoise, sur le Xalon. C’est Calatayud selon Villeneuve ; Xiloa, selon Varrius, & Boubula, à demi-lieue au-dessous de Calatayud, selon Maty. Bilbilis a été la patrie de Martial.

BILBOQUET. s. m. Jeu d’enfans, petit instrument fait d’un bâton creusé en rond par les deux bouts ; au milieu duquel est une corde où une balle de plomb est attachée. Ils la jettent en l’air, & la reçoivent alternativement dans ces deux creux. Crepundia. Le Journal de Henri III nous apprend que ce Prince portoit quelquefois un bilboquet à la main pour s’amuser. Guy Patin appeloit des gens que la fortune avoir fort élevés, les bilboquets de la fortune. De Vign. Mar.

Bilboquet, se dit aussi du jeu même. jouer au bilboquet.

Bilboquet, se dit aussi d’une petite figure qui a deux plombs aux deux jambes, & qui est posée de manière, que de quelque façon qu’on la tourne, elle se trouve toujours debout. C’est de-là qu’on dit d’un homme qui le tient toujours debout, qu’il se tient droit comme un bilboquet ; & d’un homme dont les affaires demeurent toujours en bon état, quelques traverses qu’on lui suscite, qu’il se trouve toujours sur les pieds comme un bilboquet. ☞ On dit familièrement d’un homme léger & frivole, que c’est un vrai bilboquet.

Bilboquet. Terme de Perruquier. C’est un petit morceau de bois, ou de terre cuite, de figure cylindrique, un peu moins gros au milieu qu’aux deux bouts, duquel les Perruquiers se servent pour friser les cheveux, qui ne le sont pas naturellement.

Bilboquet, est aussi un terme de Doreur, & signifie un petit morceau de bois carré où est attaché un morceau d’étoffe fine pour prendre l’or & le mettre dans les endroits les plus difficiles, comme dans les filets carrés, dans les gorges & dans les autres endroits creux.

Les Ouvriers appellent en termes de Maçonnerie, bilboquet, tout petit quartier de pierre, détaché d’un plus gros morceau.

Bilboquet, chez les Imprimeurs, se dit de certains petits ouvrages de ville qui s’impriment, comme Billets de mariage, de bout de l’an, adresses de marchands, &c. Encyc.

Bilboquet, chez les Paumiers, se dit de la partie de la chèvre où est la concavité dans laquelle le Paumier frappe la balle, l’arrondit & la forme quand elle est faite.

Bilboquet, dans les Monnoies, est un morceau de fer ovale & alongé, servànt à ajuster les flans.

BILE. s. f. Humeur jaune & amère au goût, qui est dans le corps des animaux, dont la secrétion se fait dans le foie. Bilis. Le réceptacle de la bile est une petite vessie située au dessous du foie. Il y a deux sortes de bile, la bile jaune, Bilis lurida, flava ; & la bile noire, qu’on nomme autrement mélancolie. Atra bilis. On appelle bile porracée, celle qui est verdâtre & de couleur de porreau, porracea bilis.

On distingue encore deux sortes de bile ; l’une subtile, qui est portée par les conduits biliaires dans la vésicule, qui la dégorge ensuite dans les intestins ; & l’autre qui est grossière, laquelle ayant été séparée par les glandes du foie qui sont aux extrémités des rameaux de la veine porte, est portée par de petits canaux dans le cholidoque, & de-là dans le canal commun, où l’une & l’autre se rencontrent, & vont de compagnie se rendre dans les boyaux. Il y a des Modernes qui prétendent que la bile subtile est apportée dans le fond de la vésicule par trois endroits différens, & que même elle est composée du mélange de trois biles différentes. La première est celle qui y est apportée par les conduits biliaires, c’est celle dont nous venons de parler. La seconde est celle qui y est portée par un conduit que Blasius appelle singulier, & qu’il dit se glisser entre deux tuniques pour s’insérer dans le fond de la vésicule. Il assure qu’il a une valvule qui permet à la bile d’en sortir, & qui empêche qu’elle ne régorge dans le même conduit. Et la troisième, suivant Malpighi, est celle qui est filtrée & séparée par les glandules qui sont entre les deux tuniques de la vésicule. Dionis. La bile étant un dissolvant très-puissant, elle achève de briser dans les premiers intestins les parties de l’aliment qui ne l’avoient pas été suffisamment dans l’estomac. Id. Quand la veine-porte a reçu le sang qui a été poussé par les artères dans la rate, l’épiploon, le mésantère & les intestins, elle se divise en plusieurs rameaux dans le foie, où le sang laisse un suc âcre qu’on nomme bile. Tauvry. P. I, c. 9, où il décrit la situation de la bile dans le foie. Voyez Foie.

Borelli, Médecin Napolitain, dans un ouvrage intitulé de motu animalium, prétend qu’une partie de la bile qui est épanchée dans les intestins, rentre dans les veines mésaraïques, & se mêle avec le sang de la veine porte, pour se cribler de nouveau dans le foie. Voila une circulation particulière qu’il donne à la bile dans le bas ventre. Si la bile n’étoit qu’un excrément, & qu’elle n’eût son conduit dans les intestins, que pour