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BOI

beaucoup de choses touchant l’histoire naturelle & civille du Royaume. Voyez aussi Imhoff. Natit. Imp. Procer. L. I, c. 6.

Bohème, Bohémien, enne. Noms par lesquels on désigne certains gueux, errans & vagabonds, qu’on appelle autrement Egyptiens, qui courent le pays, disant la bonne aventure, & dérobant adroitement. Balatrones mendici. On voit souvent, principalement dans les campagnes, des troupes de Bohèmes ou de Bohémiens.

Borel dérive ce mot de boëm, vieux mot françois, qui signifie ensorcelés. Baume, en provençal, signifie retraite, endroit propre à se chacher. On dit encore en ce pays-là la sainte Baume de l’endroit dans lequel se retira la Magdeleine, selon la tradition du pays. C’est de ce mot de Baume, que quelques-uns font venir celui de Bohémiens, qu’il faudroit écrire Baumiens, si cette étymologie étoit véritable. Mais Pasquier, Rech. Liv. IV, ch. 19, en rapporte l’origine, & dit que le 17 Avril 1427, vinrent à Paris douze Pénanciers, c’est-à-dire, Pénitens, comme ils disoient, un Duc, un Comte, & dix hommes à cheval, qui se qualifoient Chrétiens de la basse Egypte chassés par les Sarrasins, qui étant venus vers le Pape confesser leurs péchés, reçurent pour pénitence d’aller sept ans par le monde sans coucher en lit. Leur suite étoit d’environ 120 personnes, tant hommes que femmes, & enfans restans de douze cens qu’ils étoient à leur part. On les logea à la Chapelle, où on les alloit voir en foule. Ils avoient les oreilles percées, où pendoit une boucle d’argent. Leurs cheveux étoient très-noirs & crêpés, leurs femmes très-laides, sorcières, latronnesses, & diseuses de bonne aventure. L’Evêque les obligea à se retirer, & excommunia ceux qui leur avoient montré leurs mains. Par l’Ordonnance des Etats d’Orléans de l’an 1560, il fut enjoint à tous ces imposteurs, sous le nom de Bohémiens, ou Egyptiens, de vider du Royaume à peine de galères. Raphaël Volaterran en fait mention, & dit que cette sorte de gens étoit extraite des Euxiens, peuples de la Perside, qui se mêloient de dire la bonne aventure. Par un Edit de 1666, le Roi ordinne que les nommés vulgairement Egyptiens ou Bohémiens, ou autres de leur bande & suivante, soient arrêtés prisonniers, attachés à la chaîne, & conduits aux galères, pour servir comme forçats, sans autre forme ni figure de procès ; & à l’égard des femmes & filles qui les accompagnent, qu’elles soient fouettées, flétries, & bannies hors du Royaume. Rochefort dit au mot bohèmes, Nous appelons en Bresse les Bohèmes, Sarrasins, du mot Sarac, qui veut dire un larron en arabe. Voyez Scaligeriana, verbo Sarrasins.

On dit d’une maison où il n’y a ni ordre ni règle, que c’est une maison de Bohème.

On dit proverbialement, qu’un homme vit comme un Bohème ; pour dire, qu’il vit comme un homme qui n’a ni feu ni lieu.

Les Protestans ou Evangéliques de Bohème, s’appellent les freres Bohémiens ou bohème, fratres Bohemici. Jean Lasicius a écrit de Gestis fratrum Bohemicorum ; & Camerarius l’Histoire des freres Bohémiens.

BOHEMILLON. s. m. Petit Bohémien. On se mit à table. Les Bohémiens avoient des perdrix & des lièvres, qu’ils avoient pris à la chasse, & deux poulets d’inde, & autant de cochons de lait, qu’ils avoient volés. Ils avoient aussi un jambon, & des langues de bœuf ; & on entama un pâté de lièvre, dont la croûte fut mangée par quatre ou cinq Bohemillons qui servirent à table. Ajoutez à cela la fricassée de six poulets de Ragotin, & vous avouerez que l’on n’y fit pas mauvaise chère. Scarron, Roman comique, Part. II, chap. 16, p. 206.

☞ BOHITIS. Prêtres des habitans de l’Île Espagnole, en Amérique, qui étoient en grande vénération lorsque les Espagnols arriverent dans ce pays. Leurs fonctions étoient de prédire l’avenir, & de faire la Médecine. Quand on venoit les consulter pour savoir l’avenir, ils mangeoient d’une herbe qu’on nomme Cohoba, ou en prenoient la fumée par les narines, ce qui leur causoit une espèce de transport, qu’on prenoit, pour une fureur divine. Ce transport fini, ils récitoient tout ce qu’ils prétendoient avoir appris dans le conseil des Dieux, sans s’embarrasser de répondre aux questions qu’on leur avoit faites ; & pour l’ordinaire ces discours étoient si obscurs, qu’on n’y pouvoit rien entendre. La même herbe leur servoit pour la guérison des maladies. Quand ils étoient appelés pour un malade, ils avoient soin d’en porter sur eux. Leur façon de faire la médecine étoit fort originale. Ils s’enfermoient avec le malade, lui mettoient de leur salive dans la bouche, & après divers mouvemens de tête, ils souffloient sur lui, & lui suçoient le cou du côté droit. Cette opération se faisoit pour tirer, à ce qu’ils disoient, un os, une pierre, ou un morceau de chair, qui, selon eux, causoit la maladie. Ils montroient en effet quelque chose de cette sorte, qu’ils avoient cachée dans leur bouche, & que les femmes gardoient avec soin pour accoucher heureusement. Pour soulager ensuite le malade qu’ils avoient fatigué par ces cérémonies, ils passoient légérement leurs mains sur tout son corps jusqu’à la plante des pieds, & s’il venoit à mourir, c’est que depuis qu’ils s’étoient retirés, il avoit fait quelque mal que les Dieux avoient punis de la mort. Ils n’avoient d’autre part aux sacrifices que celle de recevoir le pain d’offrande, après plusieurs cérémonies, de le bénir & de le distribuer aux assistans. Ils avoient l’autorité de punir ceux qui n’observoient pas les jeûnes prescrits par la religion du pays. Ils étoient habillés singulièrement. Au reste ils pouvoient avoir plusieurs femmes. Mor. Qui cite Lopez de Gomara, Hist. Gen. des Ind. Occid.

BOHOURT. s. m. Voyez Béhourt.

BOI.

☞ BOIANO. Boianum, ou Bovianum. Ville d’Italie, au Royaume de Naples, sur le Biferno, au Comté de Molise, avec un Evêché suffragant de Bénévent.

BOÏARD. s. m. Terme de pêcheur de morue. Civière à bras sur laquelle on charge le poisson pour le transporter d’un lieu dans un autre. Brachiata crates. Visiter les boïards, charger de la morue sur les boïards. Quand il est question de porter le boïard, personne n’en est exempt. Denis.

BOJAR, ou BOIAR. Voyez Boyar.

BOÏASSE. s. f. Vieux mot. Femme du peuple.

Soit clercs, soit lais, soit homme ou femme,
Sire, Sergens, Boïasse ou Dame.

BOIAU. Voyez Boyau.

BOIBI, dont parlent Pison & Jonston. Voyez Bojobi.

☞ BOICER. v. a. Terme de Monnoir. Voyez Boesser.

BOICININGA. s. m. en Espagnol cascavel, est un serpent du Brésil, long de quatre ou cinq pieds, gros comme le bras, rougeâtre, tirant sur le jaune : sa tête est longue & large d’environ un doigt & demi. Ses yeux sont petits, sa langue est fourchue, ses dents sont longues & aigües. Sa queue est chargée vers son extrémité d’un corps parallélogramme, long de deux doigts, large d’un demi doigt, ☞ & composé de petits chaînons entre-lacés les uns dans les autres, secs & unis. Son corps croît chaque année d’un anneau ou chaînon. Il fait le même bruit qu’une sonnette. Quoiqu’il soit très-vénimeux, il fait rarement du mal ; parce qu’on est averti par le bruit de sa sonnette. Si quelqu’un en est mordu, le remède le plus sûr est d’écraser la tête de l’animal, & d’en faire un emplâtre qu’on applique sur la plaie, avec de la salive d’un homme à jeun.

Il court après les passans, & marche très-vîte. Les habitans portent au bout d’un bâton un morceau de la racine dite vipérine, dont l’odeur l’arrête. Les Mexicains le nomment tutlato cauhqui. Sa chair résiste au venin, comme celle de la vipère.

BOIDESLAR. Espèce d’apocyn qui croît en Egypte, & dont parle Prosper Alpin dans son Histoire des Plantes d’Egypte.