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BON

dire, que c’est une chose qu’il a imaginée, & qui n’a point de fondement.

On dit : il y a plus sous son bonnet qu’il ne paroît ; pour dire, qu’une personne a plus d’esprit ou de malice qu’elle ne paroît en avoir.

BONNETADE. s. f. Révérence, compliment qu’on fait à ceux dont on croit avoir besoin. Les plaideurs sont accoutumés à faire bien des bonnetades à leurs Juges. Cela ne se peut dire qu’en riant.

BONNETER. v. a. Solliciter quelqu’un, lui faire la cour, en lui faisant bien des révérences. Nudato capite frequenter honorem habere cuipiam. Les Juges sont bien aises d’être bonnetés par leurs cliens. Cela est du style familier.

BONNETER, ou, selon d’autres, coiffer un artifice. Terme d’Artificier. C’est en couvrir l’amorce d’un papier collé, pour que le feu ne puisse s’y insinuer, que lorsqu’on le veut, en cassant ce papier, qu’on appelle aussi bonnetage.

BONNETÉ, ÉE. part.

BONNETERIE. s. f. Corps de Marchands Bonnetiers, qui est le cinquième des six Corps de Marchands de Paris. Pileorum Opificum Collegium. Ils vendent toutes sortes de bonnets de drap ou de laine, de bas, & de camisoles tricottées, ou faites à l’aiguille, ou au métier, &c.

BONNETEUR. s. m. Filou, trompeur, sur-tout au jeu. Fraudator, deceptor, fur. Je croyois jouer avec d’honnêtes gens, c’étoient des Bonneteurs. Les Boneteurs portent toujours sur eux plusieurs jeux de cartes apprêtées. Les Bonneteurs ont des dés chargés ou garnis de plomb.

Apparemment qu’on a appelé ainsi ces filoux, parce qu’ils bonnetent les gens pour les engager au jeu, & les filouter ; c’est-à-dire, qu’ils leur font des civilités, qu’ils les préviennent d’honnêtetés pour les attirer au jeu. C’est un terme familier.

BONNETIER. s. m. Celui qui fait ou vend des bonnets. Pileorum opifex. Chardon de Bonnetier. Voyez Chardon.

On dit proverbialement, qu’un homme est comme le Bonnetier, qu’il n’en fait qu’à sa tête ; pour dire, qu’il ne prend conseil de personne, qu’il ne suit que son caprice.

BONNETTE. s. f. En quelques Provinces les femmes appellent au féminin bonnette, l’habillement dont elles se couvrent la tête, comme l’on appelle bonnet au masculin, celui dont les hommes se couvrent la tête pendant la nuit ou pendant le jour dans le domestique. C’est un mauvais usage. A Paris les femmes disent mon bonnet, & non pas ma bonnette.

Bonnette, en termes de Fortification, est une espèce de petit ravelin au-delà de la contrescarpe, pour y mettre un corps-de-garde avancé. Munimenti genus quod bonetam vocant. Il n’a que deux faces, qui forment un angle saillant. Sa hauteur est de trois pieds, a il est borbé d’une palissade, qui en a encore une autre à la distance de dix ou douze pas. On l’appelle autrement Flèche.

BONNETES. s. f. pl. Terme de Marine. Ce sont de petites voiles qu’on attache au bas des grandes voiles, quand il fait beau temps, ou trop peu de vent, pour aller plus vîte. Artemon. Ainsi elles servent ou à agrandir celles du vaisseau, ou à les multiplier. Il y a des bonnettes maillées, qui servent à alonger les basses voiles, qui s’attachent à des anneaux, ou à des mailles ou des œillets qui sont en bas. Il y a d’autres bonnettes en étui, qu’on appelle autrement coutelas, qui s’attachent à chaque extrémité de la grande vergue sur des pièces de bois appelées Boute dehors ; en sorte qu’elles règnent le long des côtés de la grande voile, pour l’élargir & prendre plus de vent. Il y a encore des bonnettes lardées ; ce sont de petites voiles piquées avec du fil de voile, & lardées d’étoupe, dont on se sert pour boucher une voie d’eau, lorsqu’elle se trouve dans un endroit du vaisseau qu’on ne peut découvrir.

☞ BONNEVAL. Bona vallis petite Ville de la Beauce, dans le Pays Chartrain, sur le Loir, avec une Abbaye de l’ordre de S. Benoît.

☞ BONNEVAUX. Abbaye du Dauphiné, Ordre de Cîteaux, Diocèse de Vienne.

☞ BONNEVILLE, ou la BONNEVILLE. Bonopolis ou Bonna. Petite ville de Savoye, capitale du Faussigny, sur la rivière d’Arve.

☞ BONNEVILLE. Petite ville de Suisse, dans l’Evêché de Basle, au bord du lac de Bienne.

BONNIERES. Lieu sur la méridienne de Paris, du côté du nord, à 19°, 56’, 6” de longitude, & 50°, 14’, 46” de latitude. Cassini.

☞ BONNY. Petite rivière de France, dans le Gâtinois, Election de Gien, qui se perd au village de Bonny, dans la Loire.

BONOSIAQUE. s. m. & f. Nom de Secte. Les Bonosiaques sont des Hérétiques du IVe siècle, qui étoient une secte de Photiniens, comme il paroît par le second Concile d’Arles, Can. 17. Cependant ils baptisoient au nom de la Très-Sainte Trinité. De-là vient que quoique le Concile ordonne, selon les anciens, Canons, Can. 16, de baptiser les Photiniens, ou Paulianistes, il règles néanmoins qu’on recevra les Bonosiaques sans baptême. Voyez Bonosien. C’est la même chose.

BONOSIEN, ENNE. s. m. & f. Bonosianus. Nom de Secte. Bonosius, Evêque en Macédoine, renouvela au 4e siècle les erreurs de Photin, & enseigna que la sainte Vierge n’avoit point été vierge après l’enfantement. Ses disciples furent appelés Bonosiens, ou Bonosiaques. Le Pape Gélase les condamna avec Photin, &c. Gennadius & le Pape Innocent I disent qu’ils suivoient les erreurs de Photin.

BON-OUVRIER. On appelle fil blanc bon-ouvrier, une sorte de fil qu’on tire de Lille en Flandre, & qui est plus connu à Paris sous le nom de fil d’Epinay.

BON-PORT. s. m. Baie d’environ cinq brasses & demie de profondeur, large & commode, dans le continent du Brésil, du côté de l’Île de sainte Catherine. Le fond de cette baie est mou, fond de vase par-tput. Voyages de George Anson, édit. de Hollande, p. 35.

☞ BONPORT, Bonus portus. Abbaye de France, en Normandie, de l’Ordre de Cîteaux, au diocèse d’Evreux, sur la Seine.

☞ BON-SENS. Voyez Sens.

☞ BONSOIR. s. m. Terme de civilité dont on se sert pour saluer quelqu’un sur la fin du jour & dans la nuit. Bonsoir, Monsieur. Je vous souhaite le bonsoir.

BONT. s. m. Bonitus. Nom d’homme, qui s’est formé de Bonet. Voyez Bonet. Les Auvergnats appellent cet Evêque S. Bonet, les Parisiens S. Bont, comme on voit par le nom de son Eglise qui est presque au centre de Paris. Il y a aussi des Eglises de son nom à Bourges où l’on dit aussi Bonnet, & à Moulins. Chast.

BONTANT. s. m. Sorte d’étoffe ou de couverture de coton, rayée de rouge, qui se fabrique à Cantor, Royaume situé sur le haut de la rivière de Gambie.

BONTÉ. s. f. En parlant de Dieu, attribut de la Divinité, quand on la considère souverainement bonne à cause de sa clémence, de sa miséricorde, de ses grâces. Bonitas.

Rien n’est plus incertain que notre dernière heure :
Heureuse incertitude, aimable obscurité,
Par où la divine bonté
A veiller, à prier sans cesse nous convie.

l’Abbé Tétu
.

Il se prend aussi pour les effets de cette bonté, c’est-à-dire, pour les faveurs, pour les bienfaits que Dieu répand sur les hommes par bonté.

Bonté, en Physique, est la qualité de ce qui est bon dans son genre, ce qui le perfectionne. La bonté de la terre. La bonté de l’or. On ne sauroit trop louer la bonté de cette étoffe. On admire la bonté de son esprit, de sa mémoire. Il se confioit en la bonté de la place. Vaug. Les machines ne firent pas grand effet à cause de la bonté du mur. Ablanc.

Dans les ouvrages d’esprit il y a une bonté qu’on appelle poëtique, & qui consiste dans la ressemblance du portrait avec le modèle. Néron peint dans une