Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/994

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
970
BOR

suivre de côté, afin de l’observer & de le reconnaître. Il signifie aussi, venir à l’abordage. Voyez Abordage.

Border un vaisseau, c’est : encore couvrir ses membres de bordages. Border une carvelle, c’est border en sorte que les bordages ne se touchent point. Border à quien, c’est border en sorte que l’extrémité d’un bordage passe sur l’autre. Border l’artimon, c’est haler l’écoute d’artimon pour la faire toucher à une poulie qui est mise sur le haut de l’arrière du vaisseau. Border une écoute, c’est haler l’écoute jusqu’à ce que le coin de la voile touche à un certain point. Border les écoute-arrières, c’est haler les deux écoutes de chaque voile pour aller vent en poupe. ☞ Border une voile, c’est l’étendrec & l’arrêter par le bas, en sorte qu’elle puisse retenir le vent. Explicare & astringere. Borde plat, borde l’artimon, &c. c’est la manière de faire le commandement pour border les écoutes, &c.

Border les Avirons. Terme de Batelier. Mettre les Avirons dans les tourets, pour nager & ramer.

BORDÉ, ÉE, part. Il a les significations du verbe.

Bordé, en termes de Blason, se dit des meubles en pièces dont l’écu est chargé, lorsqu’il y a autour quelque filet ou bordure de métal ou d’une couleur différente, comme les croix, les bandes, les gonfanons, &c. Limbo cinctus.

Bordé, en Botanique. Marginatus. Semina marginata, semences bordées d’une membrane, ou dont Tes bords sont garnis d’une membrane.

Bordé, en Marine. Vaisseau bien bordé, dont les coutures sont étroites & égales. Voile bordée, lorsqu’elle est tendue au vent.

BORDEREAU. s. m. Terme de Finances. Scheda, notæ,, adversaria. C’est un mémoire de diverses espèccs dont on fait un gros compte, ou payement, ou des sommes d’un compte qui doivent être tirées en ligne pour en avoir plus facilement le total. Tous les comptes qu’on rend à la Chambre doivent avoir leur bordereau.

Bordereau, se dit encore d’une note ou mémoire des espèces que l’on donne en payement ou, que l’on reçoit, ou que l’on a en caisse.

☞ On le dit encore d’un petit livret sur lequel les Commis & les Facteurs qui vont à la recette par la ville écrivent les sommes qu’ils reçoivent, les dates des jours, les noms de ceux qui ont payé, & les espèces.

BORDIER. adj. On appelle en termes de Marine, un vaisseau bordier celui qui a un côté plus fort que l’autre.

Bordier, vieux mot qui signifioit autrefois une espèce de fermier, ou de métayer, Voyez Borde, où ce mot est expliqué.

Bordier, signifie encore celui qui a des terres qui confinent aux bords des grands chemins. On peut les appeler aussi Riverains des grands chemins. Cependant il semble que Riverain soit consacré pour ceux qui bordent les rivières ou les forêts, selon l’Ordonnance des Eaux & Forets. Ainsi il faudroit employer seulement Bordier, pour ceux qui ont des terres au bord des grands chemins.

BORDIGUE. s. f. Terme de pêche. C’est un espace retranché avec des roseaux, ou des cannes, ou plutôt avec des claies sur le bord de la mer, pour prendre du poisson. Les bordigues sont ordinairement construits sur les canaux qui communiquent de la mer aux étangs salés, pour prendre le poisson dans le passage de l’un à l’autre.

BORDILLE. s. f. On nomme ainsi à la Rochelle ce qu’ailleurs on nomme une poêle à frire.

BORDOYER. v. a. Terme de Peinture en émail. M. Félibien s’est servi de ce mot dans le chapitre où il parle de cet art, pour exprimer le mauvais effet des émaux clairs. Les émaux clairs, dit-il, mis sur un bas or, plombent & deviennent louches; c’est-à-dire, qu’il y a un certain noir comme une fumée, qui obscurcit la couleur de l’émail, ôte de sa vivacité, & la bordoie, se rangeant tout autour, comme si c’étoit un plomb noir.

BORDURE. s. f. Ce qui garnit, ce qui termine, ou ce qui orne les bords de quelque chose. Margo, ora. Bordure d’une tapisserie. Les bordures des parterres se font d’ordinaire de buis. Des bordures de lavande. Une bordure de gazon dans un parterre a quelque chose de charmant. Liger. La bordure d’un chapeau se fait avec un petit galon. La bordure d’un seau, d’un minot, est la pièce de bois qui sert à les renforcer par le haut & par le bas.

Ce mot se dit & de la chose qui borde, & de la chose qui est bordée. Bordure de galon, & bordure de chapeau, &c.

Bordure, se dit particulièrement du cadre dans lequel on met un tableau, des miroirs, des estampes. Un tableau paroît beaucoup plus lorsqu’il a une belle bordure. On fait des miroirs avec de riches bordures de bois, ou de cuivre, d’or, d’argent, de cristal, &c.

Bordure de pavé. Les Paveurs appellent ainsi les deux rangs de pierre rude & rustique, qui font les bords du pavé d’une chaussée.

Bordure, terme de Doreur sur cuir. Il se dit des ornemens qui sont au haut & au bas du livre immédiatement après les filets du premier & du dernier bouquet.

☞ Les Boisseliers & les Vanniers appellent bordure un cordon de brins d’osier dont ils garnissent les extrémités de leurs ouvrages.

Bordure, chez les Cordiers. Gros tissu de chanvre ou de sangle qui sert aux Tapissiers pour border les gros ouvrages.

Bordure, en termes de Blason, est une espèce de brisure faite comme un passement, posée de plat au bord de l’écu, en forme de ceinture qui l’environne tout autour. Limbus. La bordure doit occuper en largeur la sixième partie de l’écu. La. bordure simple est tout d’une couleur, ou d’un métal, & est la première brisure des puînés. Il y en a de componées, cantonnées, engrëlées, endentées, & chargées de plusieurs pièces qui sont des brisures différentes des puînés de puînés.

BORÉADES. s. m. pl. Nom patronymique de Zéthès & Calaïs, fils de Borée.

BORÉAL, ALE. adj, ☞ Tout ce qui a rapport au septentrion, qui est du côté du nord, d’où le vent Borée souffle. Hémisphère boréal, latitude boréale. Boreus, borealis, cette ville est à tant de degrés de latitude boréale. Le vent boréal est froid & sec. Les parties boréales de la France sont la Normandie, la Bretagne,&c.

BORÉASMES. s. m. pl. Fêtes de Borée à Athènes. Boreasmi. Ce vent avoit dans cette ville un autel qui lui avoir été érigé, parce qu’on le regardoit comme allié des Athéniens depuis son mariage avec Orithie, fille d’Erechtée, Roi d’Athènes, laquelle il avoit enlevée auprès du fleuve Ilissus. Le Dieu accorda une protection particulière à la ville d’Athènes, où la chère épouse avoit pris naissance. Car un jour que les Athéniens livroient un combat sur mer, le vent Aquilon ayant écarté & dissipé la flotte ennemie, les vainqueurs ne manquèrent pas de regarder cette victoire comme un effet de la protection de Borée. Pausan. in Attic. c. 19. Hesychius.

On offroit au même vent des sacrifices solennels dans la ville de Mégalopolis, en Arcadie, où il avoit un temple que les habitans de cette ville lui avoient bâti, en reconnoissance de ce que par son secours ils avoient résisté aux Lacédémoniens & à Agis. C’étoit le plus grand Dieu des Mégalopolitains. Pausan. in Arcad. c. 27 & 36.

BORÉE. s. m. Mot poétique, pour dire, vent septentrional, bise, vent du nord. Boreas. Ce vent est froid, sec ; il rend l’air pur & serein. Voyez : Vent.

Le mot Borée vient du mot latin boreas, & celui-ci vient du grec Βορέας, dont on rapporte différentes étymologies. Quelques-uns le font venir de Βοὴ, clamor, bruit, à cause du bruit que fait ce vent ; d’autres le dérivent de Βόρα, esca, nourriture, parce que ce vent donne de l’appétit, qui est une envie de prendre de la nourriture ; ou parce qu’il est bon pour les biens de la terre, qui font notre nourriture. Ces étymologies paroissent forcées : celles que Martinus en rapporte seulement par conjecture, pour être plus savantes & plus recherchées, ne sont pas plus naturelles. Il dit que ce mot vient peut-être des mots hébreux birjah qui signifie cibus, nourriture ; beri, qui veut dire.