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CAB

Cabires est Persan. Cabiri, dit-il, au ch. 29 de son ouvrage, sunt Gabri voce Persicâ aliquantulum detortâ. En effet, ceux qui ont donné des relations de la Perse nous apprennent qu’il reste encore aujourd’hui chez les Persans des descendans de ces anciens Gabres, ou Giavres, adorateurs du feu ; quelques-uns les appellent Gaures, ou plutôt Gavres. M. Hyde, qui en traite fort au long dans son histoire, prétend qu’ils ne rendent point au feu & au Soleil un véritable culte, mais seulement un culte civil, & qu’ainsi ils ne sont point idolâtres.

CABIRIDES. s. f. pl. Nymphes, filles de Vulcain & de Cabira.

CABIRIES. s. m. pl. Cabiria. C’est une fête des Grecs donc parle Hésychius, dans lequel on l’appelle Cabbires, Καββηοα : mais Meursius, dans son Liv. IV des Feries, ou Fêtes Grecques, conjecture avec bien de la raison, qu’il faut lire Καβέιοια, Cabiries. C’étoit la fête des Cabires, que l’on honoroit dans l’Île de Lemnos. Les Thebains la célébroient aussi, de même que les Samothraces, parce qu’ils honoroient aussi ces Dieux. Cette fête passoit pour être très-ancienne, & antérieure au temps même de Jupiyer, qui, dit-on, la renouvella. Les Cabiries se célébroient de nuit ; & l’on y consacroit les enfans depuis un certain âge. Cette consécration étoit, selon l’opinion Païenne, un préservatif contre les dangers de la mer, & les autres périls. La cérémonie de la consécration consistoit à mettre l’initié sur un thrône, autour duquel les Prêtres faisoient des danses. La marque des initiés étoit de porter une ceinture ou écharpe d’un ruban de pourpre. Quand on avoit fait quelque meurtre, c’étoit un azyle d’aller aux sacrifices des Cabires. Meursius, à l’endroit cité, produit les preuves de tout ceci.

☞ CABLAN. Ville de l’Inde, au-de-là du Gange, en Asie, capitale d’un Royaume de même nom, préléntement soumise au Roi d’Ava, avec le Royaume qui dépendoit autrefois du Roi de Pégu.

☞ CABLE. s. m. C’est en général un gros cordage, dont on se sert pour traîner ou enlever des fardeaux. En marine, c’est un très-gros cordage qui sert dans les navires pour les tenir a l’ancre. Funis. Il est composé de trois aussières, dont chacune a trois torons : le cable est donc de neuf torons. On le dit aussi des cordes qui servent à tenir les mâts, comme les haubans, à remonter les bateaux, à élever de gros fardeaux dans les bâtimens par le moyen des grues & des poulies. Les cables qu’on appelle brayers, servent à lier les pierres, les baquets à mortier, &c. Les haubans servent à retenir & haubaner : les engins, les vintaines, qui sont les moindres cordages, servent à conduire les fardeaux en les montant, pour les détourner des saillies. Un navire bien équipé doit avoir quatre cables. Le plus gros s’appelle maître cable, & le plus petit, grelin.

Ce mot vient de l’Hébreu chebel, ou de son pluriel chebalin, qui signifie corde. Nicot. Du Cange croit qu’il vient de l’Arabe habl, qui signifie corde, ou de habala, vincire. Ménage après Isidore le dérive de capalum, ou cabulum, qu’il fait venir du Grec χαμίλος, ou du Latin camelus. On a dit aussi dans la basse Latinité, caplum que Papias dérive à capiendo, & qui signifie une corde de navire.

On dit, donner le cable à un vaisseau, lorsqu’étant incommodé, on le remorque avec un cable qu’on lui donne : ce qu’on appelle autrement touer ou tirer en ouaiche. On dit filer le cable bout pour bout, lorsqu’on lâche & abandonne le cable avec l’ancre, quand on n’a pas le temps de désancrer, bitter le cable, c’est le rouler & l’arrêter autour des bittes. On dit, les cables ont un tour, ou un demi-tour, lorsque le vaisseau qui est à l’ancre obéissant au vent, ou au courant de la mer, a croisé, ou cordonné près des écubiers les cables qui le tiennent. Alonger le cable, c’est l’étendre sur le pont, ou pour le débitter, ou pour mouiller l’ancre. Débitter le cable, c’est dépasser un tour que le cable fait sur la bitte. Débosser le cable, c’est démarrer la bosse qui le tient. Talinguer le cable, c’est amarrer, & lier le cable à l’arganeau de l’ancre. Fourrer un cable, c’est le garnir de tresses, ou de toile, pour le conserver.

Cable se prend aussi, en termes de Marine, pour une mesure de 110 brasses, à cause que c’est la mesure ordinaire de toutes sortes de cables ; ainsi lorsqu’on dit, qu’on est mouillé à deux ou trois cables de terre, on doit entendre qu’on en est à deux cents quarante, ou à trois cens-soixante brasses.

☞ On appelle aussi cables, les cordes qui servent à remonter les grands bateaux dans les rivières, & à élever de gros fardeaux dans les bâtimens, par le moyen des poulies.

☞ Dans l’Artillerie c’est aussi un gros cordage qui sert particulièrement aux Chévres. Voyez Chevre. Ce mot vient de l’Hébreu.

CABLÉ, ÉE. adi. Terme de Blason, se dit d’une croix faite, ou couverte de corde, ou de cables tortillés. Crux è funibus insortis consexta.

☞ C’est aussi un terme d’Architecture, qui se dit des cannelures qui sont relevées & contournées en forme de Cables.

CABLEAU. Diminutif de cable : c’est le petit cable, qui sert ordinairement d’amarre à la chalouppe du navire. Funis minor. On dit aussi Cablot.

☞ On donne aussi ce nom à cette longue corde que les Mariniers appellent ordinairement Cincenelle. Voyez ce mot.

CABLER. v. a. C’est un terme de Cordier, qui signifie, assembler plusieurs fils, & les tortiller pour n’en faire qu’une corde. Funes intorquere. Cabler de la ficelle.

☞ CABLIAU. Voyez Cabillaud.

CABLOT. s. m. Voyez Cableau.

CABO. s. m. Cap, Promontoire, Caput, Promontorium. Ce nom est purement Espagnol, & signifie la même chose que Cap en François. Nous le retenons quelquefois dans notre langue aux noms des lieux auxquels les Espagnols le donnent, & quelquefois on le trouve sur des Cartes de Géographie. Caba-ceira, Cabo-carço, Cabo-roxo, Cubo-distria, &c.

Cabo. Caput. Royaume d’Afrique, au pays des Nègres’, sur le Riogrande, vers le Sud.

CABOCHE. s. f. La tête de l’homme. Caput. Il y a bien de la malice dans cette petite caboche. Ce mot est vieux & populaire ; on s’en sert dans le style comique, & quelquefois dans le style familier. Ménage le fait venir de caput, la tête.

☞ Caboche, en termes de blason, se dit d’une tête d’animal, coupée derrière les oreilles par une section perpendiculaire. Encyc.

Caboches, en termes de Quincaillerie, fsnt en général ☞ des cloux qui sont courts avec une tête large.On les appelle aussi Cloux à souliers, parce que les gens de la campagne, en garnissent la semelle & le talon de leurs souliers, afin qu’ils durent plus long-temps. Clavorum capita.

Caboche. Dans la satyre Ménippée, on donne ce nom aux séditieux, à l’imitation de la sédition des bouchers, tripiers, & autres mauvais garnemens qui se soulevèrent contre le Roi Charles VI en 1412,& qui furent nommés Cabochiens, à cause du nommé Caboche, écorcheur de bêtes, l’un de leurs chefs.

CABOCHIEN. s. m. Voyez l’Article précédent.

CABOCHON. s. m. Terme de Jouaillier. Pierre précieuse, & particulièrement un rubis, qui est seulement poli sans avoir aucune figure régulière, mais telle que s’est trouvée la pierre, après en avoir ôté ce qu’elle avoit de brut : de sorte qu’il y en a de rondes, d’ovales, de bossues, & de plusieurs autres sortes. Lapillus pretiosus.

Cabochon. Terme de Cloutier. Clou qui a la tête large & presque en forme de diamant, & qui est for’t court, & plus petit que les Caboches.

Cabochon. Ornement qui faisoit partie de la coëffure des Dames. C’etoit une espèce de bonnet piqué,