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CAN

qu’elle a par en-haut. Ses jambes sont menues & plus hautes que celles des autres ; ses pieds & leurs membranes sont blancs.

Cane du Caire. Anas Cairina. L’on voit au Caire des canes qui sont beaucoup plus grosses que les nôtres. Le mâle, plus gros encore que la femelle, a son bec fort gros, proche de la tête, & un tubercule ; il finit en pointe insensiblement, & est courbé par le bout, comme celui d’un coq. Il est tout noir, excepté à l’extrémité où il a une tache rouge assez grande, & une petite par en-haut qui est d’un rouge plus pâle. Sa tête est noire & huppée. Le commencement de sa gorge est taché de petites marques blanchâtres. Ses yeux sont jaunes & traversés de quantité de petites veines très-rouges. La plus grande partie de son pennage est noir. Les plumes de son dos sont noires au commencement & au milieu, & vertes à la fin. L’on aperçoit aussi dans ses aîles & dans sa queue quelques plumes verdâtres & une ou deux blanches, qui composent une tache. Ses jambes & ses pieds, qui sont robustes, sont châtains.

La femelle est plus petite que le mâle, & a le bec moins élevé. Il y a sur le haut une ligne blanche & rouge, qui est assez large, & la tache qui est rouge au mâle, est cendrée à la femelle, & mêlée toutefois d’un peu de rouge. Le reste de son bec est d’un noir cendré, hormis deux taches blanches faites comme un C. Sa tête est noire & sans huppe. Sa poitrine l’est pareillement ; elle est aussi semée de taches blanches. Ses taches sont plus verdâtres que celles du mâle, & elle en a deux blanches. Le reste est entièrement semblable aux mâles.

Il y a encore plusieurs espèces de canes, surtout en Allemagne, qui différent principalement par la grandeur, la grosseur & la figure de leur bec, & la diversité de leurs couleurs : qui n’ont point de noms particuliers, au moins en notre langue.

Cane-Petière. s. f. Ce n’est point un oiseau aquatique, comme le disent les Vocabulistes ; & il n’a aucune ressemblance avec la cane. C’est un oiseau de campagne, une espèce particulière de poule, de la grandeur d’un faisan. On l’appelle aussi cane terrestre. Elle a encore d’autres noms en différens pays. On la nomme en Latin Anas campestris, ou pratensis. Elle court avec tant de vitesse qu’un homme ne la peut suivre. Elle est délicieuse à manger, comme le faisan. Elle se nourrit de toutes sortes de grains, de fourmis, de sauterelles, de mouches, & de froment, lorsqu’il est en herbe. Sa tête est semblable à celle d’une caille, son bec à celui d’une volaille, le tout à proportion de sa grosseur. Elle se plaît dans les plaines, & n’a que trois doigts aux pieds, non plus que l’outarde & le pluvier. La racine de son pennage est rouge comme du sang, ce qui pourroit la faire prendre pour une espèce d’outarde.

On l’appelle cane-petière, parce qu’elle le tapit comme la cane. On dit proverbialement d’un homme soupçonneux, qu’il fait la cane-petière.

CANÉE. (La) Ville de l’Île de Candie sur la mer. La différence des méridiens de Paris & de la Canée est de 1h 27′ 30″, c’est-à-dire, que la Canée est plus orientale que Paris de 21° 52′ 30″. P. Feuillée. Acad. 1702. p, 10. Mém. La hauteur du pôle est à la Canée de 31° 28′ 45″. Id.

CANEFICIER. Voyez Cassier.

CANE, roseau. Voyez Canne.

CANELADE. Voyez Cannelade.

CANELER. Voyez Canneler.

CANELLE. Voyez Cannelle.

CANELURE. Voyez Cannelure.

CANENTE. s. f. C’est le nom d’une Nymphe que la Mythologie nous apprend avoir été l’épouse de Picus, Roi de Laurentum en Italie, que l’enchanteresse Circé changea en Pivert. Elle étoit fille de Janus & de Vénilie. Canente, qui l’aimoit tendrement, en mourut de douleur, & laissa son nom, dit Ovide, au lieu où elle expira. Elle avoit tiré son nom de la douceur de sa voix.

CANÉPHORE. s. f. Terme de Mythologie. Jeune fille qui dans les sacrifices portoit une corbeille, dans laquelle étoit tout ce qui étoit nécessaire aux sacrifices. Canephora. Ces corbeilles étoient ordinairement couronnées de fleurs, ou de myrte, &c. Cela s’observoit sur-tout dans les sacrifices de Cérès. Un des beaux ouvrages du Sculpteur Scopas étoit une Canéphore. Pline, L. XXXV, c. 5. Dans ces sortes de cérémonies la Canéphore marchoit la première ; le Phallophore ensuite, & le chœur de Musique les suivoit. Dans l’incomparable Cornaline du Cabinet du Roi, qu’on appelle le Cachet de Michel-Ange, il y a trois Canéphores, qui portent leur corbeille sur leur tête. Les Canéphores étoient toujours des filles de condition, comme a remarqué Biset sur Aristophane. Lysist. Après la Canéphore, suivoit une femme qui lui portoit un parasol & un siége. C’est Aristophane & son Scholiaste qui nous l’apprennent, Όpνιθ. v. 1550.

CANÉPHORIES. s. f. pl. ou adj. pris substantivement. Offrande d’une corbeille. Ce n’est point une fête, comme un de nos Auteurs l’a dit ; c’étoit une cérémonie qui faisoit partie de la fête que les jeunes filles célébroient la veille de leurs noces. Cette fête s’appeloit Protélies, Προτέλεια. Les cérémonies de cette fête étoient de plus d’une sorte, comme on le dira au mot Protélies. Celle dont nous parlons ne se pratiquoit qu’à Athènes, & consistoit en ce que la fille conduite par son père & sa mère alloit à la citadelle où étoit le temple de Minerve, & lui portoit une corbeille pleine de présens, pour l’engager à rendre son mariage heureux ; ou plutôt, comme disent le Scholiaste de Théocrite sur l’Idylle II de Lutatius sur le IIe Livre de la Thébaïde de Stace, c’étoit une espèce d’amende honorable qu’elles alloient faire à la Déesse protectrice de la virginité de ce qu’elles abandonnoient son parti, & une cérémonie pour l’appaiser, & détourner sa colère, de crainte qu’elle ne versât des malédictions sur leur mariage. Meursius a ramassé une partie de ce qui regarde les Canéphories dans son Ve Liv. des Féries des Grecs au mot ΠΡΟΤΕΛΕΙΑ. Voyez encore sur les Canéphores & les Canéphories Aristophane dans les Oiseaux, n. 1550. Dans les Ἐκκλησιάζουσαι, v. 717, & dans Lysistrate, v. 647, son Scholiaste, & les Notes de Biset sur ces endroits.

CANEPIN. s. m. Pellicule très-mince qu’on lève de dessus la peau de mouton après qu’elle a été quelque peu dans la chaux. Summa ovis cuticula. C’est ce qui répond à ce que l’Anatomie appelle dans l’homme épiderme. ☞ Les Chirurgiens s’en servent pour essuyer leurs lancettes, si la lancette par son propre poids perce le cannepin tendu sur les doigts, sans faire aucun bruit, c’est une preuve qu’elle est assez pointue & tranchante. Le Cannepin le plus mince, le plus blanc & le plus doux au toucher est le meilleur. C’est de cette peau qu’on fait des éventails, & des gants de femmes qu’on appelle autrement gants de cuir de poule. On appelle aussi canepin, une petite pelure bien déliée qu’on prend au dedans de l’écorce du tilleul, ou du dehors de l’écorce du bouleau, dont les Anciens se servoient pour écrire.

☞ CANES, port de France, en Provence, avec une petite ville & un Château sur la côte de la mer méditerranée près de l’Ile de Sainte Marguerite.

CANESSE de More. s. f. Sorte de soie que les Hollandois apportent des Indes Orientales.

CANET. s. m. Le petit d’une cane. Quand le Curé vit qu’on le vouloit bouter en la boîte aux cailloux, il fut plus esbahi que ung canet. Cent nouvelles nouvelles. Le mot est caneton.

Canet, petite ville de France, au Comté de

Roussillon