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CAN

CANNETTES. s. f. pl. Terme de Blason. Voyez Canette.

Canette. Petite ville de l’Amérique méridionale, au Pérou, dans la vallée de Guarco, à vingt-cinq lieues de Lima.

CANNEVETTE. s. f. C’est une espèce de mesure dont on se sert en Hollande pour mettre de la liqueur. La cannevette est de toutes sortes de continences, comme le sont nos barils en France ; mais les plus grandes sont ordinairement de 12 ou 15 flacons.

CANNI. s. m. Espèce de poisson que l’on fait frire ordinairement. Oribase, Med. Call. Lib. II, cap. 58, en condamne l’usage, parce qu’il est ennemi de l’estomac & sujet à le corrompre.

CANNIBALES. C’est le nom des peuples qui habitoient les Îles Antilles, mais qui n’en possèdent plus que quelques-unes. On les appelle encore autrement Caraïbes. On leur donne encore ce nom, parce que ces peuples étoient si carnassiers, qu’ils devoroient les ennemis morts sur le champ de bataille. Ils mangeoient aussi les prisonniers qu’ils faisoient à la guerre, après les avoir fait jeûner quelque temps. Ces peuples sont aujourd’hui plus doux & plus civilisés par la fréquentation des François, des Anglois & des Hollandois, qui possèdent la plus grande partie des Îles Antilles. On donne encore le nom de Cannibale figurément à ces grands mangeurs de viande qui avaleroient seuls ce qui suffiroit à vingt autres.

☞ CANNULE. Instrument de Chirurgie. Voyez Canule.

☞ CANO, CANUM ou ALKANUM. Royaume d’Afrique, dans la Nigritie, à la source d’une rivière qui vient tomber dans le Niger. La capitale qui est au milieu des terres porte le même nom. Ce pays est peu connu.

CANOBIN. s. m. Nom du principal monastère des Moines Maronites. Canobinum. Canobin est situe dans un affreux désert. Il y a environ 25 ou 30 Religieux. Le Monastère de Canobin est la demeure du Patriarche des Maronites, qui est religieux lui-même.

Canobin est un mot arabe, qui signifie Monastère. Les Maronites l’ont donné à celui-ci par excellence, parce que c’est le principal & le plus considérable des monastères du Mont-Liban. Tous les Voyageurs le nomment ainsi.

☞ CANOBIO. Bourg avec château (dont les Vocabulistes font une petite ville) au Duché de Milan, sur le lac Majeur, aux frontières de la Suisse.

CANOBUS. Terme d’Astronomie. C’est le nom d’une étoile qui est dans le navire Argo.

CANOE. Voyez Canot.

CANOI. s. m. Panier que portent les Pêcheurs de l’Amérique, lorsqu’ils vont à cinq ou six lieues du rivage pêcher des huitres & des coquillages.

CANOLE, se dit à Limoges d’un petit pain qui se fait avec la plus pure farine, & des jaunes d’œuf. Panis ex simila & ovorum vitellis. Les canoles se mangent au déjeuné.

CANOLES. Voyez Marcottes. C’est la même chose, selon La Quintinie.

☞ CANON. s. m. Ce mot se dit en françois de plusieurs choses qui n’ont presque aucun rapport les unes avec les autres. Il signifie non-seulement une loi, une règle, mais encore un catalogue, une table, &c. comme on le verra par les articles suivans.

Canon, se dit par excellence des paroles secrètes de la Messe depuis la préface jusqu’au Pater, (ou jusqu’à la prière qu’accompagne la dernière ablution, selon quelques-uns) au milieu desquelles le prêtre fait la consécration. Arcana divini sacrificii, Canon Missæ. Le sentiment commun est que le Canon commence à ces paroles, Te igitur, &c. Le peuple doit se mettre à genoux pendant le Canon de la Messe. Du Cange dit qu’il a été ainsi nommé, quia in eo est légitima sacramenti confectio. C’est la raison qu’en apporte Strabus, parce qu’il contient les règles qu’il faut observer pour offrir le sacrifice. Le Canon de la Messe est très-ancien. Saint Ambroise en parle, & l’appelle Canon comme nous : il est presque tout entier, comme on le dit aujourd’hui, dans la liturgie de saint Ambroise ; & du temps de saint Grégoire le Grand, il étoit tel que nous l’avons : le vénérable Bède en parle ; Alcuin l’a expliqué. Quelques-uns disent, que saint Jérôme, par l’ordre du Pape S. Damase, l’a mis dans la forme où nous l’avons : d’autres l’attribuent au Pape Sirice, qui vivoit sur la fin du IVe siècle : il est sur qu’il est très-ancien, ce qui se prouve parce que de tous les Saints qui y sont nommés, il n’y en a aucun qui ne soit martyr, & qui n’ait souffert avant que l’Eglise ait été en paix sous le règne de Constantin. Le Concile de Trente dit que le Canon de la Messe a été dressé par l’Eglise, & qu’il est composé des paroles de Jésus-Christ, de celles des Apôtres & des premiers Pontifes qui ont gouverné l’Eglise. Tous ceux qui ont traité de la Liturgie ont parlé du Canon. On appelle quelquefois le Canon, action, quelquefois on l’appelle Secrète, parce qu’on doit le réciter à voix basse, sans se faire entendre des assistans.

Quelques-uns croient que le Canon ne finit qu’à ces paroles : Corpus tuum, Domine, &c. Il ne finiroit donc qu’à la seconde ablution. Cependant Gavantus, part. I, tit. XIII, dit : Expleto Canone, ex aliis omnibus usque ad communionem, eâ peracta dicitur Communio. Ce qui montre qu’entre la prière appelée communio, qui se dit immédiatement après la seconde ablution, pendant laquelle se dit Corpus tuum, Domine, entre la communion, dis-je, & le Canon, il y a plusieurs choses, & par conséquent il finit long-temps avant la seconde ablution & au Pater, comme on l’a dit. Une remarque bien meilleure est, qu’il est expressément défendu, même par le Concile de Trente, de réciter le Canon à voix haute. Voyez sur cela les Ouvrages de M. Languet, Archevêque de Sens, contre le nouveau Missel de Troyes.

Canon. Se dit aussi d’un tableau, ou carton qui se met au milieu de l’autel devant le Prêtre, & qui contient le Gloria in excelcis, le Credo, les Oblations du pain & du vin, les paroles de la consécration & autres prières que le Prêtre récite en célébrant. Un Canon en broderie, ou enluminé, un Canon de cuivre, d’argent.

Canon. Se dit généralement des Loix & des régles de la discipline Ecclésiastique, & des Décrets des Conciles. Sacri Conciliorum Canones, sacrorum Conciliorum Decreta. C’est une décision sur les matières de la Religion, ou un règlement de Police & de Discipline Ecclésiastique, fait par un Concile général, ou national, ou provincial. Canon. Les Canons des Conciles de Nicée, de Latran, de Trente, &c. Quelques-uns doutent de la vérité des Canons des Apôtres, que l’on attribue d’ordinaire à saint Clément. Baronius, Bellarmin, Turrien, & quelques Auteurs, croient véritablement qu’ils sont des Apôtres. Hinemar & M. de Marca, croient qu’ils font du IIe & IIIe siècle, dressés par des Evêques Disciples des Apôtres. Beveregius est aussi de ce sentiment. Daillé a soutenu qu’ils avoient été fabriqués par quelque Hérétique dans le Ve siècle. Il est certain qu’il y en a eu des Recueils faits en différens siècles. Denys le Petit, au Ve siècle en fit une plus ample Collection, & après lui Ferrandus, Cresconius, Isidorus Mercator. L’Eglise Grecque compte 85 Canons Apostoliques, & l’Eglise Latine en reçoit 50 seulement. Selon Ussérius, la première collection des Canons de l’Eglise Grecque, contenoit seulement ceux du I Concile de Constantinople, qui ne s’y trouve point. Il n’y avoit en tout que 164 Canons. C’est Denys le Petit, qui y ajouta les Canons des autres Conciles Généraux. Il mit à la tête 50 Canons des Apôtres, qu’il traduisit en Latin. Il finit les Canons Grecs par le Concile de Chalcédoine. Il y joignit encore ceux