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BOU

boucle du cuir qui coule le long des rênes, & qui les resserre. Ductilis habenarum nodus. Et on appelle, mettre un cheval sous le Bouton, lorsque le Cavalier en descendant abbaisse ce bouton sur le cou, jusqu’à ce que la bride ramene la tête du cheval en bon état.

On dit figurément en ce sens, serrer le bouton à quelqu’un, quand on le tient en bride, & quand on le presse fortement de faire quelque chose.

Bouton, signifie aussi un bouquet de feuilles, ou une fleur qui n’est pas encore épanouie. Ainsi l’on dit un bouton à feuilles, & un bouton à fleurs. Ces boutons sont comme autant de petite œufs, d’où sortent les feuilles seules, ou les fleurs entremêlées le plus souvent de quelques feuilles. Les boutons des feuilles sont plus pointus & plus minces que les boutons à fleurs, qui sont plus gros & plus arrondis. Parmi les arbres à pepin, chaque bouton a plusieurs fleurs, & parmi les arbres à noyau, chaque bouton n’en a qu’une. Il y a des Jardiniers qui appellent ces boutons, des bourres, ou des bourses à fruit. Le bouton s’appelle autrement œil, ou bourse. Oculus, gemma. Maître bouton, c’est celui qui fleurit le premier, & qui est au plus haut du dard.

☞ Dans le cours de l’été il se forme peu-à-peu dans l’aisselle des feuilles ou dans l’angle que forment les queues des feuilles avec les branches, de petits corps ordinairement conoïdes : c’est ce qu’on nomme les boutons. On les apperçoit en hiver sur les jeunes branches, quelquefois sur les grosses, mais rarement sur le tronc. Les boutons se montrent alors sous des formes différentes, suivant les différens arbres qui les portent. Ils sont attachés par un pédicule fort court sur un boursouflement de la branche, assez semblable à une consile, & qui l’été, précédent fournissoit une attache à la feuille, dans l’aisselle de laquelle s’est formé le bouton. Voyez Feuille. Non-seulement les boutons de chaque genre d’arbres ont des formes particulières, mais souvent les boutons de chaque espèce en affectent une, qui, bien observée, est très-utile pour distinguer ces espèces entr’elles ; & ces differentes formes de boutons suffisent ordinairement aux Jardinier pour connoître la plus grande partie des arbres dans les pépinières, même dans le temps où ils sont dépourvûs de fleurs & de fruits, & même dépouillés de leurs feuilles. Nous n’entrerons point dans tous ces détails. Mais il est important de remarquer avec M. Duhamel que sur un même arbre on voit plusieurs sortes de boutons ; des uns qui, sont ordinairement pointus, il sort des branches ; & des autres, qui sont communément plus gros & plus arrondis, sortent les fleurs. Les premiers sont nommés par les Jardiniers boutons à bois, & les autres boutons à fruit.

☞ On peut encore dans plusieurs espèces d’arbres, tels que sont les poiriers, les pommiers, les nefliers, &c. distinguer deux espèces de boutons à bois, on en voit de très-petits d’où il ne sort qu’un bouquet de feuilles ; mais ces boutons donnent ordinairement dans la suite des boutons à fruit. Les autres qui sont plus gros donnent des branches.

☞ Ce qu’on vient de dire sur les boutons à fruit regarde les arbres qui portent des fleurs complettes, c’est-à-dire, dont chaque fleur renferme tous les organes de la fructification, comme le poirier, le pêcher, le cerisier, &c. Car entre les arbres qui produisent des fleurs à étamines & des fleurs à pistil, sur différens individus, ou sur un même individu, mais à des parties séparées, il faut distinguer deux espèces de boutons à fleurs ; puisque dans nombre d’espèces les boutons d’où sortent les chatons, sont très-différens de ceux d’om sortent les fruits. Par exemple il sort du gros bouton placé au bout des branches du noyer, une nouvelle branche ; les feuilles sortent des boutons plus petits, qui sont le long des branches, & les chatons sortent d’autres très-petits boutons, à peine perceptibles, qui sont placés à côté de ceux qui fournissent les fruits.

☞ Les boutons à bois & les boutons à fleur sont formés par des écailles creusées en forme de cuilleron, lesquelles, en se recouvrant les unes sur les autres, forment des enveloppes capables de protéger, pendant la saison de l’hiver, les parties intérieures qui sont extrêmement tendres & délicates. Les écailles extérieures sont ordinairement assez dures & garnies de pils intérieurement & sur les bords. Leur extérieur ressemble assez souvent à l’écorce des jeunes branches. Les écailles intérieures sont plus minces, plus tendres, plus succulentes. Leur couleur tire sur le vert, leurs poils sont noirs & blanchâtres, & ces écailles herbacées sont presque toujours enduites d’une humeur visqueuse qui les unit très-intimement les unes aux autres.

☞ Quand on pénétre plus avant dans l’intérieur des boutons, on découvre d’autres feuillets très-minces de différentes figures, & qui quelquefois ne sont que de simples filets. Toutes ces parties rangées avec beaucoup d’art enveloppent les radimens d’une jeune branche ou d’une fleur. Voyez ces mots.

☞ Il faut remarquer ici avec M. Duhamel que les écailles extérieures, celles qui sont intérieures, & même les feuillets s’implantent sur les lames intérieurs de l’écorce, dont elles semblent n’être qu’un prolongement, & que les jeunes branches, ou les fleurs, paroissent partir d’entre les fibres ligneuses & les corticales, ou aboutir aux fibres ligneuses & à la moëlle des petites branches qui les portent.

☞ Les radimens des branches & des fleurs contenues dans les boutons, continue le même Physicien, peuvent être apperçus dès l’automne, & ces différentes parties croissent même pendant l’hiver. C’est dans cette saison, où le mouvement de la séve paroît suspendu, que les différentes parties des fleurs se forment, pour ainsi-dire, clandestinement, & qu’elles se disposent à paroître au printemps. Alors dès que le mouvement de la sève devient plus sensible, les boutons s’ouvrent, les écailles extérieures tombent, les intérieures acquierent de l’étendue ; on les voit pendant quelque-tems accompagner les nouvelles productions qui font des progrès : mais peu-à-peu ces écailles intérieures se détachent comme les écailles extérieures, ou bien elles se dessechent, & enfin elles tombent.

☞ Les plantes annuelles n’ont point de boutons. Les plantes qui ne sont vivaces que par leurs racines, ne portent point aussi de boutons sur leurs tiges, mais seulement sur leurs racines ; il n’y a que les plantes dont les branches & les tiges sont vivaces qui en sont pourvues sur ces parties.

☞ Dans quantité d’espèces d’arbres, comme aux poiriers, les boutons qui fournissent les fleurs, & que les Jardiniers appellent boutons à fruit, sont situés à l’extrémité des petites branches particulières qui ne s’étendent jamais beaucoup, qui sont fort garnies de feuilles, & qui contiennent plus de tissu cellulaire que les branches à bois.

☞ Aux pêchers & à quantité d’arbres de la même famille, les boutons à fleurs sont posés sur les mêmes branches que ceux à bois, de sorte qu’on voit quelquefois un bouton à fleurs à côté d’un bouton à bois ; souvent deux boutons à fleurs sont aux deux côtés d’un bouton à bois : de sorte que les boutons à fleurs qui ne sont point accompagnés de boutons à bois, tombent ordinairement sans produire de fruits. Voyez Branche, Fruit.

Ménage dérive ce mot de pulsare, parce que les boutons viennent aux arbres quand ils poussent : d’où vient qu’on appelle aussi bouture, leurs branches coupées & plantées en terre.

Les boutons des habits n’ont été ainsi appelés que par ressemblance à ceux des arbres.

On appelle figurément & poëtiquement une bouche petite & vermeille, un bouton de rose.

Bouton, se dit aussi d’une bube, ou tubercule rouge, qui vient au visage, souvent pour avoir fait excès de vin. Papula. Son pourpoint n’a plus qu’un bouton, & son nez en a plus de trente. Gomb. Aristote