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CER

& apéritive ; & outre sa couleur agréable, & son goût délicieux, il a des effets surprenans, sur-tout pour tempérer les reins, & pour en vider les sablons, les glaires, & les petites pierres qui s’y forment quelquefois.

Le mot allemand kerse & kirse, & le françois cerise, sont pris du celtique kiris. Pezron.

La Quintinie dit quelquefois cerise, pour cerisier, & alors il le fait tantôt masculin & féminin. Six cerises, tardifs, deux cerises hâtifs, quatre cerises hâtives, dit-il dans la même page & le même article ; mais mal. Il faut dire Cerisier, ou si l’on se sert du nom du fruit en parlant de l’arbre, il faut le dire au pluriel, & le faire toujours féminin. Par exemple : Quel arbre plantez-vous-là ? Ce sont des cerises hâtives ; & non pas, c’est un cerise hâtif. Quels arbres mettez-vous en cet endroit ? Je le destine pour des cerises hâtives, & non pas hâtifs.

Pêche-Cerise. s. f. Voyez Pêche.

CERISÉE. s. f. Lieu planté de cerisiers. Locus cerasis consitus. Cerisaie est mieux.

CERISETTE. s. f. Espèce de prune, dont la couleur est rouge. La Quint. C’est de là qu’elle a pris son nom.

CERISIER. s. m. Cerasus. Arbre étranger qu’on a communément dans les jardins & à la campagne, & qu’on dit avoir pris son nom de Cerasunte. Le Cerisier ordinairement croît d’une médiocre hauteur, surtout celui qui porte les fruits aigres ; au lieu que celui qui en porte de doux s’élève beaucoup plus haut : leurs troncs à tous les deux sont lisses, & couverts d’une écorce polie, & qui se gerse dans la vieillesse. De ces gersures découle une gomme transparente, un peu jaunâtre, elle se dissout dans l’eau comme la gomme arabique. On la nomme ordinairement gomme de pays Gummi nostras. Ces troncs se divisent ensuite en de grosses branches qui sont subdivisées en plusieurs rameaux, & dont l’écorce est d’un brun clair & poli, & d’un goût amer. Ces branches sont chargées de feuilles alternes, oblongues, entières, dentelées sur leur bord, lisses, d’un vert luisant en dessus, plus pâle en dessous, portées par des queues assez courtes. Ses fleurs sont à cinq pétales blancs, ou lavés d’un peu de pourpre, arrondies, de trois lignes environ de diamètre, soutenues par un calice verdâtre, à cinq pointes ; du milieu duquel s’élèvent plusieurs étamines qui environnent un pistil, dont la base renfermée dans le fond du calice est l’embryon, qui devient, après que la fleur est passée, un fruit charnu & succulent, qui renferme un petit noyau, dans lequel est contenu une semence ou amande. Ce fruit est proprement appelé la cerise.

Nous donnons différens noms françois aux espèces de cerises & de Cerisiers ; car on appelle ordinairement cerise la cerise aigre, Cerasium acidum ; & l’arbre qui la porte Cerisier, Cerasus sativa, fructu rotundo, rubro & acido. On nomme griotte, la cerise douce ; & l’arbre, le Griottier, Cerasus sativa, fructu majore ; les guignes Cerasa carne tenerâ & aquosâ. La chair en est tendre & pleine de suc. Son arbre se nomme le Guignier, Cerasus fructu aquoso. Les merises, ou cerises noires, Cerasia nigra, & l’arbre se dit le Mérisier, Cerasus major ac silvestris fructu subdulci nigro colore inficiente. Les bigarreaux ont la chair dure & ferme : on les appelle duraines dans quelques Provinces du Royaume, Cerasa crassa, carne durâ : l’arbre qui les donne, est appelé Bigarreautier, Cerasus fructu magno cordato. On confit, les cerises aigres ; on les conserve dans l’eau de vie ; & l’eau de vie empreinte de leurs sucs est la base du ratafia, sorte de liqueur qu’on boit après le repas. Les merises donnent une belle couleur au ratafia. Il y a d’autres espèces de cerises qui ne sont point bonnes à manger, telles sont les Cerises à trochets. Cerasa racemosa, rubra. Les feuilles de ce Cerisier sont plus larges que celles des autres espèces dont nous venons de parler. Ce qu’on nomme communément Bois de Sainte Lucie, est un arbre assez semblable au Cerisier à trochets. Ses fleurs & ses fruits sont pareillement disposés en grappe. Il vient dans les bois auprès de Genève, & dans le Lionnois. On fait plusieurs ouvrages avec son bois, qui a une odeur assez agréable, Cerasus racemosa silvestris, quibusdam aliis Padus. Les Parfumeurs emploient le fruit d’une espèce de Cerisier, différent encore de tous ceux-ci par ses feuilles & ses fruits. Cette dernière espèce devient un gros arbre : son bois est rougeâtre, un peu veiné, tendre, & d’une odeur pareille à celui du bois de Sainte-Lucie ; & peut-être les ouvriers confondent-ils ces deux bois. Ses branches sont garnies de feuilles assez semblables à celles du bouleau, un peu plus larges, plus arrondies, plus fermes, & d’un vert plus foncé & plus luisant en dessus, & d’une amertume très-grande. Ses fleurs sont blanches, petites, & d’une odeur agréable ; les fruits sont fort petits en comparaison des autres espèces, vert-brun d’abord, & d’un pourpre très-foncé & noirâtre dans leur parfaite maturité. La chair est très-amère, aussi-bien que le noyau, qui est la seule partie dont les Parfumeurs se servent pour relever l’odeur de leurs parfums. Ils appellent ce noyau le magalet, par corruption de mahaleb, Cerasus silvestris amara, Mahaleb putata. J. B. Cerisier à fleur double, ou Merisier à fleur double, sont des variétés qui ne dépendent que du nombre de pétales des fleurs de ces Cerisiers.

Les Cerisiers jettent aussi une gomme ou glu, & ne peuvent souffrir le fumier. Matthiole. Il y a un Cerisier à grappes, dont la fleur est belle, & vient en grappes comme le raisin ; mais son fruit est petit comme une merise. Il y a des Merisiers, aussi bien que des Cerisiers à fleurs doubles & fort belles.

On appelle Cerisiers de pié, ceux qui naissent de la racine d’autres Cerisiers. ☞ Les grosses griottes réussissent bien sur ces rejettons. Le vrai Cerisier se greffe plus ordinairement sur le Mérisier rouge qui est-très abondant en sève.

CÉRISOLES. Village des Etats de Savoie, situé sur une colline entre Carmagnole & Albe. Cerisola. La bataille de Cerisoles gagnée en 1544, le 14 d’Avril par les François sur les troupes de Charles V, a rendu ce bourg fameux.

☞ CERISY. Abbaye de France en basse Normandie, au Diocèse de Bayeux, entre Bayeux & Saint Lo, Elle est de grands Bernardins.

CERITES. s. m. pl. Cærites. Peuples d’Etrurie, qui durant la guerre des Gaulois, reçurent chez eux les Prêtres & les Vestales de Rome avec les statues des Dieux, & les instrumens de la Religion, ensorte que le culte des Dieux ne fut aucunement interrompu. Les Romains pour les récompenser, leur donnèrent le droit de Bourgeoisie dans Rome, sans cependant leur accorder celui de suffrage dans les assemblées du peuple, ni celui de pouvoir aspirer aux charges de la République. Strabon blâme les Romains d’avoir montré si peu de reconnoissance envers les Cérites, en quoi je trouve qu’il a raison. Car il me semble que c’étoit un deshonneur que d’être mis au rang des Cérites ; in Cæritum tabulas referri, puisque les Censeurs écrivoient sur le rolle des Cérites les plébéiens qu’ils effaçoient de leur Tribu, & les privoient par-là du droit de suffrage, de même qu’ils effaçoient de la liste des Chevaliers & de celle des Sénateurs, ceux de ces deux corps de la conduite desquels ils n’étoient pas satisfaits. Aulu-Gelle, Noct. Actic. 16, 13. De-là vient l’expression Cærite cerâ dignum, qui se dit de ce qui est méprisable. Horat. L. I, Ep. 6, v. 62.

CERMOISE. s. f. Terme de Fleuriste. Tulipe dont la couleur est incarnat, tirant au colombin avec du blanc de lait. Morin.

CERNAY. Ville de France dans la Champagne, à huit lieues de Rheims.

CERNAY. Voyez Perdrigon de cernay.

CERNE. s. m. Rond qui se trace avec quelque bâton sur la terre, sur le sable. Circulas, orbis. Il se dit proprement de ces figures que les Magiciens font avec