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CHA

sentement dans l’Eglise, dit qu’elles différent entièrement des anciennes, qui couvroient tout le corps, étant de véritables robes. Voyez Grimault, dans sa Liturgie sacrée.

Ce mot a été fait de capsa ou capsula, qui est dans le Cérémonial. Mén. D’autres le dérivent de capitulum ou capitis fibulum, & prétendent qu’on disoit autrefois chassuble, & qu’on s’en affubloit la tête. Rabanus, Ugurio, Isidore & Joannes de Janua, quia instar parvæ casæ totum hominem tegebat. On trouve Casubula dans la basse latinité. Voyez Acta SS. Januar, tom. II, pag. 650.

CHASUBLIER. s. m. Marchand qui fait & vend des chasubles & les autres ornemens d’église. Casularum opifex.

CHAT. s. m. Petit animal domestique, ☞ qui prend les rats & les souris, & dont la femelle s’appelle chatte. Feles mascula, mas : feles. Chat privé, chat domestique, chat sauvage, chat d’Espagne. Le chat a les partes, les dents, les yeux & la langue semblables au lion. Ces animaux ont tant de conformité ensemble, que les Turcs sont persuadés qu’il y a quelque fondement à ce que dit l’Alcoran ; que le chat naquit dans l’arche, de l’éternuement du lion. Par les loix d’Arragon, on punissoit les larrons, en les fouettant avec un chat attaché au cou. Ambroise Paré soutient que le chat est un animal venimeux, qui infecte par son poil, par son haleine & par sa cervelle. Son poil est dangereux, comme on voit par l’exemple de ce Romain qui mourut pour en avoir avalé un dans du lait. Son haleine infecte d’un poison tabifique qui donne la phthysie, dont Matthiole rapporte plusieurs exemples ; si on mange de la cervelle de chat, elle cause une grande douleur de tête, & rend quelquefois insensé, ou cause de continuels vertiges. On dit même que l’Amiral Tromp fut empoisonné avec de la cervelle de chat. Il ajoûte que leur souffle & leur regard sont notoirement contagieux ; & il dit avoir vu des gens qui, pour avoir toujours couché avec un chat, sont devenus phthysiques & élancés, & enfin en sont morts.

☞ Quand même il y auroit beaucoup à rabattre de tout cela, n’en reste-t-il pas assez pour nous faire voir le danger qu’il y a à se laisser caresser & lécher le visage par les chats, qui, d’ailleurs, quelqu’apprivoisés qu’ils soient, conservent toujours quelque chose de la férocité naturelle à leur espèce.

Les chats étoient, entre toutes les bêtes à quatre piés, ceux dont les Egyptiens punissoient plus sévèrement la mort. C’étoit aussi l’animal pour la mort duquel ils s’affligeoient le plus. Cette vénération pour le chat étoit fondée sur l’opinion qu’ils avoient que Diane, pour éviter la fureur des Géants, s’étoit cachée sous la figure de cet animal. On représentoit le Dieu Chat, tantôt avec toute sa forme naturelle, & tantôt avec le corps d’un homme qui porte une tête de chat. Qui pourroit voir, sans rire, en quelques villes de Turquie, des maisons bâties pour les chats, & rentées pour leur nourriture, avec des intendans & des domestiques pour régler & pour servir ces nobles familles ? Du Loir, p. 192.

On estime fort en France les chats d’Espagne. Henri III Roi de France avoit tant d’aversion pour les chats, qu’il changeoit de couleur & tomboit en syncope, lorsqu’il en voyoit. Prade, Histoire de France. Molinetti, Médecin Vénitien, prétend que les chats & les chiens ne suent jamais, quelque fatigue qu’ils aient ; ce qu’il attribue à la conformation de leur cuticule, qui n’a point de pores. Le Tasse fut réduit à une si grande pauvreté, qu’il fut contraint de prier sa chatte, par un joli sonnet, de lui prêter la nuit la lumière de ses yeux, n’ayant pas de chandelle pour écrire ses vers. Les Alains, les Vandales & les Suèves portoient d’argent au chat de sable, symbole de liberté, dit Méthodius. Favyn, Hist. de Nav. Liv. I, p. 34.

Ce mot vient de catus, ou cattus, comme celui de chatte, de catta, qui se trouvent dans les anciennes Gloses. Il est dérivé du grec καττης, signifiant la même chose. Men. Καττoς, catus, un chat vient du celtique cat, ou caz. Pezron. Les Italiens disent gatto. Isidore veut qu’il vienne ex eo quòd cattet, id est, videat. D’autres l’appellent cattus à captura. Ugutio croit qu’on a dit catus quasi cautus, unde Deus Catius, qui cautos, acutos efficiebat, dit S. Augustin. On a appelé aussi le chat, murilegus, musio, musicula, & pilax, parce qu’il prend des souris. Du Cange.

En termes de Chasse, on appelle chats-harets, les chats sauvages, qui sont retirés dans les bois & garennes, & font un grand dégât de lapins. Feles silvestris.

Il y a une espèce de chats dans les Indes occidentales, qui ont une poche à leur côté, où ils mettent leurs petits, qu’ils portent toujours avec eux, sans que cela les empêche de courir & de sauter, & sans qu’on s’apperçoive qu’ils ayent autre chose que leur corps. Il y a des chats sauvages dans les Indes, qui volent par le moyen d’une membrane fort large, laquelle s’étend le long des côtés du pié de derrière au pié de devant. Elle est plissée & retroussée quand ils marchent, & se déplisse quand ils volent. On en a apporté des peaux en Europe. ☞ Ces peaux de chats volans étoient peut-être des peaux d’écureuils volans. M. Boile a écrit qu’en l’année 1684, à Londres, un gros rat s’étoit accouplé avec une chatte, qui fit des petits qui tenoient du chat & du rat, & qu’on en mit un au parc des animaux que le Roi d’Angleterre fait nourrir.

Le chat, en termes de Blason, se dit effarouché, lorsqu’il est rampant, feles efferata ; mais lorsqu’il lève le train de derrière plus haut que la tête, on l’appelle hérissonné. Arrecta.

On dit, en termes de Jardinage, couper les branches d’un arbre en dos de chat, pour dire, leur faire faire un coude, comme on fait en palissant, ou aux espaliers, lorsqu’on est contraint d’attacher ainsi une branche ; car en tout autre cas, c’est un défaut qu’il faut éviter. Cette branche aura meilleure grâce, étant courbée en dos de chat, que d’y voir ce vide. Liger.

Oh appelle, figurément, une personne friande, chat ou chatte ; expression populaire.

On appelle du sirop de pié de chat, celui qui est fait avec les feuilles & les fleurs d’une petite plante qui est nommée pié de chat. Gnaphalium montanum folio rotundiore, ou hispidula.

Chat, en termes d’Artillerie, est un morceau de fer portant une, deux ou trois griffes fort aiguës, disposées en triangle, montées sur une hampe de bois. Ce chat sert à gratter & visiter le dedans des pièces de canon, pour voir s’il ne s’y trouve point de chambre : c’est pourquoi les Fondeurs l’appellent aussi Diable. Uncus ferreus trifidus.

Chat, en termes de Marine, est un gros vaisseau du Nord, à cul rond, qui n’a pour l’ordinaire qu’un pont, qui porte des mâts de hune, sans avoir de hune, ni de bares de hune. Ce bâtiment, dans sa construction, a quelque chose de la Flûte & de la Pinasse.

Chat, dans le commerce de Lainages, est un nom que l’on donne à une sorte de draps dont la chaîne est pour l’ordinaire de laine de différentes couleurs, qui provient du reste des laines filées dont on s’est servi pour fabriquer les draps de couleur teints en laine.

Chat. On se sert aussi de ce mot, au pluriel, pour signifier certaines folles fleurs qui viennent à de certains arbres, comme aux noyers, aux coudriers, aux saules, &c. On les appelle aussi chatons. Voyez ce mot.

Chat, dans les Ardoisières, se dit de l’ardoise de mauvaise qualité, qui ne peut pas servir dans la couverture des bâtimens.