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mon, brillante, dure & raboteuse, où l’apperçoit un grand nombre de raies circulaires, & qui paroît faite de trois ou quatre couches sphériques appliquées l’une sur l’autre. Ces couches ont quelque ressemblance avec l’enveloppe de la chrysalide. Rieger, cité par James.

CHRYSAMMONITE. Chrisammonites. Nom qu’on a donné aux cornes d’Ammon qui paroissent dorées.

CHRYSANTHEMUM. s. m. Chrysanthemum. Plante qu’on nomme ainsi à cause de la couleur dorée de ses fleurs. Elle a néanmoins cela de commun avec beaucoup d’autres plantes. L’espèce de chrisanthemum qu’on cultive dans les jardins, vient de Candie & de Sicile, & est annuelle. Chrysanthemim Creticum, Clus. Hist.. Ses tiges sont droites, hautes de trois à quatre piés, branchues, cannelées, d’une couleur vert-pâle, & garnies, aussi-bien que ses branches, de feuilles alternes, découpées, en plusieurs segmens, qui sont encore incisées sur leurs bords. Leur couleur est d’un vert un peu pâle. Les extrémités des tiges & des branches portent des fleurs radiées, assez amples pour la grandeur de la plante, & soutenues par des calices écailleux. Ses fleurs varient par leur couleur, qui est plus ou moins vive. Il s’en voit dont le centre est pâle, pendant que la circonférence est jaune ; & quelques piés donnent des fleurs également jaunes, les unes plus vives, les autres plus pâles. On estime plus les piés qui portent les fleurs doubles toutes jaunes ; on fait moins de cas de celles qui sont jaune & blanc, quoique doubles. Les semences du Chrysanthemum sont menues, longuettes, anguleuses, crénelées, & d’une couleur brune. On trouve dans les terres à blé des environs de Paris & dans celles de Normandie, une espèce de chrysanthemum qui a ses fleurs toutes dorées, & aussi grandes que celles de la Marguerite. Ses feuilles sont tantôt entières & dentelées sur leurs bords, le plus souvent découpées en quelques segmens longs & crénelés. Elle est nommée en latin chrysanthemum segetum, ou Bellis lutea.

Ce terme est composé des mots grecs χρυσὸς (chrusos), or, ἄνθως (anthos), fleur, comme qui diroit fleur dorée. On mange en quelques endroits les tiges & les feuilles de cette plante comme les autres herbes potagères.

CHRYSARGIRE. s. m. Tribut qui se levoit sur les femmes de mauvaise vie, & autres personnes de même sorte. Chrysargirum, Aurum lustrale, negotiatorium, pœnosum. Evagrius en parle au ch. 39e du IIIe Livre de son Histoire. Zozime dit que Constantin en fut l’auteur. Il y en a cependant des vestiges dans la vie de Caligula par Suétone, & dans celle d’Alexandre par Lampridius. Evagrius dit que Constantin le trouva établi, & qu’il pensa à l’abolir. Il se payoit tous les quatre ans. Quelques-uns disent que les Marchands & le petit peuple le payoient aussi. Voyez Baronius à l’an 330. Il paroît même certain qu’il se levoit sur toutes les personnes & sur les animaux, même sur les chiens qu’on nourissoit. L’Empereur Anastase l’abolit. Il ôta une imposition que l’on appeloit le Chrysargyre, laquelle se levoit tous les quatre ans, non-seulement sur la tête des personnes, de quelque condition qu’elles fussent, soit pauvres, soit esclaves, mais même sur tous les animaux, & jusques sur les chiens, pour chacun desquels on payoit six oboles. Godeau.

Ce tribut se payoit en or & en argent, dit Hoffman, & de là son nom χρυσὸς (chrusos), or, ἄργυρον (arguron), argent.

☞ CHRYSASPIDES. Nom qu’on donnoit dans la milice Romaine à des soldats dont les boucliers étoient enrichis d’or.

CHRYSEUIL. s. m. Nom d’homme. Chrysolius. Saint Chryseuil fut disciple de S. Denis. Il souffrit la mort au lieu où est à présent Utélinghen, & son corps fut porté à Commines. Voyez l’Abbé Chastelain au 7e Févr. p. 564.

CHRYSITE. s. f. C’est le nom qu’on a donné à la Marcassite d’or, c’est-à-dire, aux pierres minérales dans lesquelles on trouve de l’or. Chrysites.

CHRYSOBÉRIL. s. m. Pierre précieuse qui n’est autre chose qu’une sorte de béril pâle, un peu couleur d’or. Chrysoberyllus.

CHRYSOCOLLE. s. f. Est une pierre précieuse que Pline, l. 37, c. 10, nomme d’un autre nom, Amphitane. Elle est de couleur d’or, de figure carrée. Il dit qu’elle a la vertu de l’aimant, même celle d’attirer de l’or, & qu’elle se trouve aux Indes. On tient cela fabuleux. Il y a apparence qu’il veut parler de la chrysolithe ou topase.

Chrysocolle est aussi une colle, liaison ou soudure de l’or & autres métaux. Chrysocolla. La naturelle est une certaine rouille d’airain épaissie, qui coule dans les mines, principalement de cuivre, & quelquefois dans celles d’or, d’argent, & même de plomb, quand il passe un peu d’eau dans leurs veines, laquelle s’épaissit, & fait comme une pierre-ponce. La meilleure est celle qui est verte comme une émeraude, ou un porreau : c’est celle qui vient du cuivre. Celle des autres métaux est plus lavée. Plusieurs la mettent au rang des espèces de nitre. Les Médecins s’en servent dans la cure des plaies. On en fait d’artificielle avec un peu de naturelle détrempée & du pastel ou guède. On fait aussi une soudure d’or & d’argent avec de la rouille de cuivre & de l’urine d’un jeune garçon, ou avec un peu de nitre. On l’appelle autrement borax.

Ce nom de chrysocolle vient de ce qu’elle sert à souder l’or χρυσός, or, κόλλα (kolla), colle. Les Grecs ont transporté le nom de la factice à la naturelle, à cause de la ressemblance de la couleur. Voyez Galien, Pline, Fallope, Agricola, Cæsius.

CHRYSOCOME. s. f. Plante qui est une espèce d’immortelle ou de Stœchas citrina. On l’appelle chrysocome, parce que ses fleurs sont des bouquets d’une couleur éclatante. Stœcha citrina angustifolia. Voy. Immortelle.

☞ On donne encore ce même nom à plusieurs autres plantes d’un genre très-différent.

☞ CHRYSOGENOS. Nom d’une nation marquée dans une prophétie reçue parmi les Turcs, qui se persuadent qu’ils pourront un jour être détruits par cette nation. Spon explique ce mot grec par celui de blond, & l’applique aux Moscovites, qui ont, dit-il, la plûpart les cheveux blonds, & dont le Grand-Seigneur redoute plus la puissance que celle d’aucun autre peuple.

CHRYSOGONE. s. m. Nom d’homme. Chrysogonus. S. Chrysogone est un Martyr célèbre, qui souffrit, à ce qu’on croit, près d’Aquilée dans la persécution de Dioclétien.

Ce nom est grec, composé de χρυσός, aurum, & Γείνομαι, fio.

CHRYSOGONIE. s. f. Semence d’or tirée d’une solution d’or parfaite, ou teinture aurifique, d’une couleur rouge, d’une subtilité prodigieuse, & dont une des propriétés naturelles est de faire l’or, ainsi qu’une de celles de l’argyrogonie est de faire de l’argent. Χρυσογονία (Chrusogonia). Ce mot vient de χρυσὸς (chrusos), or, & de γένομαι (genomai), être fait ou engendré. Dict. de James.

CHRYSOGONUM. s. m. Chrysogonum. Plante qui croît parmi les blés, de la hauteur d’une coudée. Ses tiges sont fort minces, divisées en plusieurs branches : elles sont garnies de feuilles disposées deux à deux d’un côté & d’autre en forme de croix, d’un vert-brun, couchées par terre, plus larges au bout, & découpées comme celles du chêne. Ses fleurs, qui viennent aux extrémités des branches, sont jaunes, composées ordinairement de quatre feuilles. Sa racine est ronde & rouge par dedans. Cette plante est fort semblable au leontopetalon.

☞ CHRYSOGRAPHE. s. m. Qui écrit en lettres d’or. Chrysographus. Il est parlé de ces Ecrivains dans l’histoire des Empereurs de Constantinople.

☞ CHRYSOLAMPIS. s. f. Nom donné par Pline à une espèce de pierre précieuse, pâle le jour, & de couleur de feu la nuit.