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BRE

se plaît dans les eaux dormantes, & se nourrit d’herbe, de boue, & d’ordure. Sa chair est molle, grasse & excrémenteuse. Quelques-uns disent brame.

Brème, ou Brame de mer, Poisson de mer qui ne s’écarte guère du bord, qui est environ de la longueur d’une coudée. Il a le corps fort large. Il est de plusieurs couleurs, selon ses différentes parties. Le dos est d’un bleu tirant sur le noir ; les côtés argentés ; & le ventre est d’une couleur de lait. Il a le tour des yeux doré : ce qui a fait appeler ce poisson Aurata parmi les Latins.

BRÈME, ou Bremen. Nom de ville. Brema. Brème est une ville d’Allemagne dans le Cercle de la Basse-Saxe ; elle est capitale d’un Duché de même nom, & sur le Weser, qui la sépare en deux. Brème est une ville anscatique. Elle a eu un Archevêché fondé en 787, par S. Boniface : il fut réduit en Evêché suffragant de Cologne en 895. Il a été supprimé par la paix de Westphalie. Brème a prétendu être ville Impériale, & Ferdinand III, lui confirma ce titre l’an 1646 ; mais les rois de Suéde s’y sont opposés, & ont soûtenu qu’elle devoit dépendre d’eux, comme Ducs de Brème. Il y a en latin une Histoire Eccl. de Brème par Adam, Chanoine de Brème, in-4o. à Coppenhague en 1579.

Le Duché de Brème ; Bremensis Ducatus, Province de la Basse-Saxe, entre le Weser & l’Elbe, dont l’Archevêque de Brème étoit Seigneur, mais qui à la paix de Westphalie, fut sécularisée & cédée à la Suéde. L’Electeur d’Hanover est à présent en possession de ce Duché.

☞ BREMERFERDE, BREMERFURDE, BREMERVERDE, ou BREMERVODE. Petite ville d’Allemagne, au Duché de Brême, sur la rivière de l’Oost, autrefois résidence de l’Archevêque.

☞ BREMGART, ou BREMGARTEN. Bremogartum. Petite ville de Suisse, sur la rivière de Ruff, entre Baden, Soleure, Zurich & Lucerne, autrefois libre, appartenant aujourd’hui aux huit anciens Cantons.

BREN. s. m. Vieux mot. Ordure. Stercus. C’est de-là que vient breneux.

BRENÊCHE. s. f. C’est le nom qu’on donne en Normandie au poiré nouveau dans le temps qu’il est encore doux. La brenêche est assez agréable à boire ; les femmes l’aiment beaucoup ; ceux du pays du vin en boivent même avec délices, & on leur persuade aisement que c’est du vin doux.

BRENEUX, EUSE. adj. Ce mot se dit par le menu peuple ; pour dire, sali de matière fécale. Stercore oblitus, illitus.

BRENNE. Pays de France, partie en Tourraine, partie en Berry, & partie en Poitou. Brenensis, ou Brionensis ager.

☞ BRENNE. Ville de Picardie. Voyez Braine.

☞ BRENNKIRCHEN. Petite ville de la basse Autriche, sur les frontières de la Hongrie.

☞ BRENSKI. Ville de Russie, dans la principauté de Severie, sur la Dezna.

BRENTE. s. f. en italien Brenta. Mesure des liquides dont on se sert à Rome. Elle est de 96 bocales.

☞ BRENTFORD. Ville d’Angleterre, dans le Comté de Midlesex, sur la Tamise.

☞ BREOULS, ou BREOULX. Breulia. Petite ville de Provence, vers les confins du Dauphiné, à quatre lieues d’Embrun.

BREQUIN. s. m. Outil d’artisan qui sert à percer. ☞ C’est la même chose que vilbrequin, ou virebrequin. Terebra arcuato manubrio instructa. Le brequin est proprement la partie du vire brequin, qu’on appelle la mèche.

☞ BRESCAR. Ville d’Afrique, au Royaume de Tremecen, dans la Province de Tenez.

BRESCIA. Ville épiscopale d’Italie, capitale du Brescan, dans l’Etat de Venise. Brixia, Brescia. Les histoires fabuleuses font Hercule fondateur de Brescia ; d’autres un nommé Brinom, d’où elle fut appelée la Brinomie. Il la bâtit premièrement, disent-ils, sur le bord du lac de Garde, puis la transporta où elle est maintenant, au pied d’une montagne, & changea son nom en celui de Brixia. Les autres l’attribuent aux Troyens qui vinrent en Italie avec Enée, qui, selon eux, l’appelerent Altilie, comme s’ils avoient dit Alterum Ilium, une autre Troye. Mais Tite-Live, Liv. V, dit plus historiquement que les Cénomans en furent les premiers Fondateurs ; mais peut-être, dit Vigenère, qu’ils ne firent que l’agrandir. Voyez cet Auteur, Annot. sur Tite-Live, T. I. p. 1757, 6, qui dit toujours Bresse, aussi-bien que beaucoup d’autres. Ainsi l’usage est autant pour Bress, que pour Brescia. Eliat Cartolo a écrit l’histoire de Bresse en douze livres, & Octavio Rossi les Mémoires de Bresse, le Memorie Bressane, in-4°, à Bresse en 1616, & réimprimés au même endroit in-4° en 1693, avec les additions de Fortunato Vinaccesi. Cette édition est la plus ample & la meilleure.

☞ BRESCOU, (le) Brescovia. Château sur un rocher, dans une petite Île de la Méditerranée, à une lieue d’Agde, au bas Languedoc.

BRÉSICATE. s. f. Espèce de revêche dont il se fait quelque commerce avec les Négres, qui sont au de-là de la rivière de Gambie, jusqu’à celle de Serre-Lionne. Les meilleures pour ce négoce sont les bleues & les rouges.

BRÉSIL. Grande contrée de l’Amérique méridionale, le long de sa côte orientale. Brasilia. Alvarez Cabral, Portugal, appelle le Brésil, la terre de sainte Croix, parce que ce fut le jour de cette fête qu’il la découvrit en 1500, ou 1501. Les Hollandois se saisirent d’une partie de ce pays l’année 1629 & les suivantes. Leur Commandant le rendit aux Portugais par un traité l’an 1654. Ce traité fut ratifié en 1661. Quelques-uns divisent le Brésil en méditerranéen & en maritime. Les Portugais sont maîtres du Brésil maritime, qui contient douze cens lieues de côtes, que les Portugais partagent en quatorze Capitainies ou Gouvernemens. Les Sauvages occupent le Brésil méditerranéen, & l’on y distingue jusqu’à soixante & seize Nations. Le Brésil s’étend depuis le deuxième degré de latitude australe, jusqu’au quarante-cinquième ; ce qui fait 1075 lieues, en donnant 25 lieues au degré.

On a écrit quelquefois Brasil ; le P. Bouhours prétend même que Brasil se dit plus communément en parlant du pays. L’usage a changé, & l’on dit aujourd’hui, pour le moins aussi communément, Brésil, que Brasil. M. de la Neuville, dans son Hist. du Portugal, comme nous l’avons mis en sa place, & non pas Brésilien. Ce nom a été donné à cette contrée, parce qu’elle produit une très-grande quantité de bois nommé Brésil. Car ce n’est point ce pays qui a donné ce nom au bois, puisqu’il est certain que long-temps avant la première découverte, non-seulement du Brésil, mais de l’Amérique, ce bois s’appeloit Brésil, comme il paroît par le Dictionnaire hébreu de Rabbi David Kimhhi, appelé Sepher Schoraschim, Liv. des Racines. Car cet Auteur, qui vivoit sur la fin du XIIe siècle, & au commencement du XIIIe, dit à la racine אשר, & la racine לבם, que quelques-uns prétendent que le bois, que l’écriture appelle אלגמים, algumin, & une fois אלמגים, almughim, est le bois de teinture que les Arabes appellent אלבקם, albakam, & qu’on nomme en langue vulgaire Brésil. Et le Géographe Persien, cité par M. d’Herbelot au mot Bacam, qui est celui que les Arabes donnent à ce bois, aussi-bien qu’Edressi dans le troisième climat, écrivent que l’on trouve cet arbre dans les Îles de Rami, de Lameri, & de Kaulan. Perceval a dit :

Chemises & braves de chancil
Et chausses teintes en brésil.

Linsehot a donné la description de la terre du Brésil. Jarric, Liv. III. Herréra, c. 25, Barlé & M. de la Neuville, Hist. de Port. Liv. V. p. 69. Orosius, Liv. II. Maffé dans l’Hist. des Indes, en ont aussi parlé. Emmanuel Morais a écrit de Reb. Brasil.