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CON

☞ Corneille a employé ce mot comme synonyme à effectuer, dans Cinna. Conclure des desseins généreux. Le mot dessein, dit Voltaire, ne convient point à conclure. On conclut une affaire, un traité, un marché. On consomme un dessein, on l’exécute, on l’effectue. Peut-être que dans le vers de Corneille, le verbe remplir eût été plus juste & plus poëtique, que conclure.

Conclure signifie encore, convenir d’une chose, en arrêter les conditions ; arrêter une chose, la résoudre. Statuere, constituere, decernere. Ce mariage a été conclu, mais il ne sera exécuté que dans un an. Le traité fut conclu. Ablanc.

Conclure, en termes de Philosophie, est tirer une conséquence des propositions qu’on a avancées ; inférer une chose d’une autre. Concludere, colligere, referre. C’est un argument en forme, qui conclut bien. Que concluez-vous de-là ; On ne peut rien conclure sur une vaine présomption. Son exemple aujourd’hui ne conclut rien pour moi. Capistron.

Conclure, en termes du Palais, signifie, proposer sa demande, dire en quoi consiste sa prétention. Proponere, exponere. La plus grande difficulté d’une requête est de bien conclure. Il faut conclure, établir sa demande dès les commencement d’un plaidoyer, ou des écritures.

Conclure signifie aussi, passer un appointement au Greffe sur des procès par écrit, pour savoir s’il a été bien ou mal jugé. Definire, statuere. On oblige les Procureurs des Appelans à conclure aux Greffes, sinon on fait confirmer la dernière sentence par défaut.

Conclure signifie aussi, juger, déterminer, donner avis. Judicare, definire, judicium serre. Les Médecins qui ont vu ce malade, ont tous conclu à la mort. Plusieurs Juges ont conclu à la question, en voyant ce procès. Après avoir examiné les divers récits qu’on m’a faits de cette avanture, je conclus qu’il n’en est rien. Vous voilà attrapé, il conclut tout le contraire. Pasc.

CONCLU, UE. part. & adj. Conclusus, absolutus, terminatus, ou statutus, decretus, constitutus. Un procès conclu est un procès par écrit, sur lequel on a passé l’arrêt de conclusion, & qui est en état d’être mis à la distribution. On dit aussi, qu’une affaire est conclue ; pour dire, qu’elle est arrêtée & résolue, & qu’on tenteroit en vain d’en empêcher l’exécution.

Conclu. Vieux part. du verbe conclure, dans le sens de renfermer, asservir, soumettre. Conclu, asservi, soumis. C’est une version trop littérale de ce mot de S. Paul : Omnia conclusit sub peccato.

☞ CONCLUSION. fin, ce qui termine quelque chose. Clausula, conclusio. La conclusion d’une affaire, d’un traité, d’un mariage.

☞ CONCLUSION, dans l’art oratoire, est la dernière partie du discours, dans laquelle l’Orateur fait une courte récapitulation des principales preuves, & cherche à exciter dans l’ame des Auditeurs les sentimens qui peuvent conduire à la persuasion. Peroratio, orationis conclusio. Voyez Péroraison. La conclusion d’un sermon doit être vive & animée, pleine de grandes & belles figures, qui tendent à émouvir des passions chrétiennes. Cl.

Conclusion est aussi la dernière partie d’un argument, la conséquence qu’on tire d’un raisonnement de ce qu’on a prouvé auparavant. Conclusio. Conclusion nécessaire. Conclusion sophistique. On appelle en ce sens les thèses qu’on soûtient au collège, des Conclusions de Philosophie, Théologie, Médecine, &c. La conclusion d’un argument renferme deux parties : le conséquent, qui est la matière ; & la conséquence, qui est la forme, & qui fait que de proposition simple & absolue, la conclusion est relative aux prémisses d’où elle est tirée, & considérée sous ce rapport qu’elle a avec elles. Voyez Conséquent, Conséquence.

Conclusions signifie les fins ☞ que l’on prend dans un exploit ou dans une requête contre le Défendeur ou la Partie adverse. On prend encore des conclusions dans d’autres écritures, dans les remontrances, avertissemens, inventions, causes d’appel, griefs, réponses, &c.

☞ Il est très-important de renfermer dans des conclusions bien rédigées toutes les demandes, & de les séparer du fait & des moyens. Car le Juge ne donne attention qu’à celles qui en sont distinctes, séparées. Ferrière. On lui a adjugé ses fins & conclusions. Les conclusions civiles aux procès criminels, sont les demandes des Parties pour leurs intérêts civils.

Conclusions du parquet des Gens du Roi, sont les demandes que font les Avocats & Procureurs Généraux, pour l’intérêt public ; qui concluent à peine afflictive en matière de crime, en l’amande en affaire civile ; & qui donnent leurs avis, leurs réquisitoires aux affaires du Roi, des mineurs, des communautés, Eglises, Hôpitaux, & autres causes qui regardent le public. Les Gens du Roi ont pris des conclusions, ont fait un requisitoire contre ce Procureur.

☞ Les conclusions des Gens du Roi, en matière criminelle, sont préparatoires ou définitives.

☞ Les préparatoires sont celles qui ne tendent qu’à un interlocutoire, ou à faire ordonner quelque instruction ou procédure.

☞ Les définitives, sont celles qui concernent la décision du fond de l’affaire. Celles-ci sont données par écrit, & cachetées.

Conclusion. (Arrêt de) Arrêt qui se passe au Greffe, entre les Procureurs sur les Procès par écrit, qui est un appointement à fournir griefs & réponses, & qui sert à les mettre en état.

Conclusion. Il se prend quelquefois adverbialement dans le discours familier ; pour dire, enfin, bref, &c. Conclusion, je n’en ferai rien. Acad. Franc.

On dit aussi adverbialement, pour conclusion ; enfin, bref, somme toute. Denique.

On dit, en termes familiers, qu’un homme est ennemi de la conclusion ; pour dire, qu’on ne peut finir, terminer une affaire avec lui ; & à l’égard des femmes ; pour dire, qu’elles savent conserver leur honneur jusqu’à la fin.

Conclusion se dit aussi dans quelques compagnies, des arrêtés & décisions de l’assemblée.

Conclusion, terme d’Eglise. Ainsi se nommoit autrefois l’Oraison de la Messe, que nous appelons aujourd’hui Postcommunion, comme on le peut voir dans le Sacramentaire de Saint Grégoire, où l’on trouve, sous le nom de conclusions, toutes les mêmes Postcommunions que nous disons encore à chaque Messe.

CONCLUSUM. s. m. terme Latin, qui est en usage en parlant des diètes de Pologne, de Suède. C’est un décret de la diète sur quelque point. Il se dit aussi des arrêtés du Conseil Aulique, par un Conclusum du Conseil Aulique, &c.

CONCOCTION. s. f. terme de Médecine, qui se dit des alimens qui reçoivent une altération utile à l’économie animale, & se digèrent dans l’estomac. Concoctio. Il y a une première concoction qui se fait dans l’estomac, par le moyen d’un ferment salé & volatile ; & une seconde qui se fait dans les intestins grêles par le mélange de la bile & du suc pancréatique. Coction.

CONCOMBRE. s. m. Cucumis. Plante cucurbitacée, qui se distingue par ses fruits qui sont plus petits que ceux des citrouilles, des melons, des potirons & des courges. Plantes cependant qui lui sont congénères : l’intérieur de ses fruits est divisé en trois ou quatre loges remplies de semences, petites, plates, oblongues & étroites. Il y a plusieurs espèces de concombre, les unes sont bonnes à manger, & quelques autres ne le sont point du tout. Le concombre ordinaire qu’on mange, Cucumis sativus, se cultive dans les jardins. Il pousse plusieurs