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CON

fesser courageusement la foi de J. C. Confirmationis Sacramentum. La Confirmation est un des trois Sacremens qui impriment caractère ; ainsi il ne peut être réitéré. L’Evêque seul peut donner la Confirmation. La forme de ce Sacrement consiste dans l’oraison qui accompagne l’imposition des mains & dans les paroles jointes à l’onction faite avec le Saint Chrême. On voit encore ici, (Art. XIX.) comme à la conversion de Samarie, deux Sacremens distingués. Le Baptême, qui est donné par d’autres que par les Apôtres, comme par des Prêtres, ou des Diacres : l’imposition des mains, pour recevoir le S. Esprit, c’est-à-dire, la Confirmation, qui ne peut être donnée que par les Apôtres en personne, & par les Evêques leurs successeurs. Fleury. Tertullien dit, dans son Traité du Baptême, qu’au sortir de l’eau nous recevons l’onction, d’où vient le nom de Chrétien ; qu’ensuite on nous impose la main, avec la bénédiction & l’invocation du S. Esprit : où il marque le Sacrement de Confirmation. Id. S. Cyprien, dans sa lettre 73, à Jubaïen, marque très-distinctement la tradition & l’usage de la Confirmation par l’imposition des mains de l’Evêque, depuis les Apôtres jusqu’à lui.

S. Grégoire ayant écrit L. III, ép. 9, à Janvier de Cagliari que les Prêtres ne devoient pas oindre du Saint Chrême au front les enfans baptisés ; mais seulement leur faire l’onction sur la poitrine, laissant aux Evêques à leur faire ensuite l’onction sur le front, quelques-uns en furent contristés. Il répondit donc, qu’il permettoit même aux Prêtres de faire aux baptisés l’onction du Saint Chrême sur le front, au défaut des Evêques ; d’où plusieurs Théologiens concluent que bien que l’Evêque soit le Ministre ordinaire du Sacrement de Confirmation, il n’est pas seul ministre, & que le Prêtre le peut administrer, s’il en a permission. Et Ratramne, en répondant aux Grecs, L. IV, c. 7, ne nie pas que les Prêtres aient ce droit & ce pouvoir ; mais seulement il dit que ce n’est point l’usage. Voyez plus bas ce qui regarde les Grecs. Le Concile de Rouen de 1072, canon 7, ordonne que celui qui donne la Confirmation, & ceux qui la reçoivent, seront à jeun ; & qu’on ne la donnera point sans feu. Apparemment c’étoit pour signifier le feu du S. Esprit, ou pour marquer les langues de feu qui descendirent sur les Apôtres le Jour de la Pentecôte. Dans les commencemens les Evêques la donnoient immédiatement après le Baptême, dont elle étoit en quelque manière la perfection. C’est pourquoi les Pères l’ont appelée la perfection du Chrétien, & l’accomplissement du Baptême. Dans la Confirmation l’Evêque répand le Saint Chrême sur le front des fidèles baptisés, en disant ces paroles : Je vous marque au signe de la Croix, & je vous fortifie par le Chrême du salut. N. Signo te signo crucis, & confirmo te Chrismate salutis, in nomine Patris, &c.

Caucus, Archevêque de Corfou, dans le livre qu’il a écrit touchant les erreurs des nouveaux Grecs, adressé au Pape Grégoire XIII, rapporte entre leurs erreurs celle-ci : qu’ils ne reçoivent point la Confirmation. Mais il s’est trompé ; car non-seulement les Grecs, mais aussi toutes les autres sociétés Chrétiennes d’Orient, mettent la Confirmation au nombre des Sacremens. Ce qui a trompé Caucus, c’est qu’il en a jugé par rapport aux usages des Eglises d’Occident, où ce Sacrement est conféré séparément du Baptême, au lieu que dans toute l’Eglise Orientale on le donne en même-temps que le Baptême. De plus le Prêtre parmi les Grecs administre ce Sacrement, comme on peut le voir dans la Dissertation que Lucas Holsténius a composée sur ce sujet, & que le Cardinal François Barberin a fait imprimer. Ce savant homme assure que cet usage est si ancien dans l’Eglise grecque, que le pouvoir de confirmer est devenu comme ordinaire aux Prêtres, qui ont reçu des Evêques ce pouvoir ; & c’est en ce sens que plusieurs de nos Théologiens latins disent que l’Evêque est le Ministre ordinaire de la Confirmation, mais que les Prêtres la peuvent donner, & l’ont même donnée en l’absence des Evêques, comme Ministres extraordinaires. Le Sacrement de Confirmation est marqué dans les Actes des Apôtres par l’imposition des mains. Les anciens Pères l’ont nommé Chrême & Onction, & encore aujourd’hui les Grecs l’appellent Chrisma, c’est-à-dire, Onction. Cette sainte Onction, dit le Pere Amelote, est un signe religieux qui représente & honore le Fils de Dieu, comme sacré par le S. Esprit, qui demeura en lui dès le premier moment de sa vie. Le Sauveur le déclara lorsqu’il lut cet oracle d’Isaïe dans la Synagogue de Nazareth, & qu’il l’expliqua de sa personne même : L’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a sacré de son onction. Luc c. 4, v. 18. Les plus anciens Pères latins ont aussi appelé ce Sacrement Chrisma & Unctio. Les disputes de Petrus Aurelius & du P. Sirmond sur le Sacrement de Confirmation ont fait beaucoup de bruit ; Aurelius eut d’abord un grand nombre d’approbateurs ; mais le sentiment du Père Sirmond doit être préféré ; les plus habiles gens lui ont enfin rendu Justice.

☞ CONFIRMER, v. a. qui a différentes acceptions. C’est en général rendre plus ferme, plus stable en employant un nouveau moyen, un renfort. Firmare, confirmare. Les miracles confirment les premiers fidèles dans la foi. Cela m’a confirmé dans mon opinion, dans mon projet.

☞ On le dit à-peu-près dans le même sens en parlant des droits, des privilèges & autres choses semblables que les Souverains ou Seigneurs continuent à ceux qui en jouissent, en leur accordant de nouvelles lettres. Le Roi a confirmé les droits, les privilèges de telle ville, de telle communauté, de telle compagnie : il les a confirmés dans leurs privilèges, &c. Il y a une nouvelle Ordonnance sur ce sujet qui confirme toutes les autres.

Confirmer, en terme de Jurisprudence, c’est déclarer ou reconnoître un acte valable : reconnoître par un acquiescement à son exécution, ou en ordonner l’exécution par un jugement. Une donation, un testament, &c. sont confirmés ou par un jugement, ou par l’acquiescement des parties. Le Juge supérieur confirme ou infirme une sentence dont est appel.

Confirmer signifie encore avoir recours à une nouvelle preuve, ou au témoignage d’autrui, pour appuyer quelque chose. C’est un renfort qu’on oppose au doute, & donc on appuie ce qu’on veut persuader. Dans cette acception, on le regarde comme synonyme d’assûrer & d’affirmer ; mais ces mots ont leurs nuances particulières. Le trop d’attention à vouloir tout confirmer, rend la conversation ennuyeuse & fatiguante. Les gens impolis veulent quelquefois confirmer par leur témoignage, ce que des personnes fort au-dessus d’eux, disent en leur présence. La bonne manière défend de rien affirmer, que lors qu’on est dans le cérémonial de la justice ; elle ordonne d’avoir soin de confirmer ce qui peut paroître extraordinaire, ou être sujet à contestation ; & elle permet dans le discours, l’air & le ton assûrant, lors qu’on s’apperçoit que les personnes à qui on parle ne sont pas au fait de ce qu’on dit, & n’en jugent que par la contenance de l’Orateur. ☞ On confirme une nouvelle qui avoit été débitée pour vraie, quand on en donne de nouvelles assûrances, des assûrances plus expresses. On confirme un fait, une proposition que l’on a avancée, en apportant de nouvelles preuves, de nouvelles autorités, de nouveaux moyens. Cette lettre confirme la nouvelle de sa mort. Il a confirmé cette vérité par des autorités tirées des Pères de l’écriture.

☞ On le dit aussi avec le pronom personnel. Se confirmer, devenir plus ferme, plus stable, plus solide. Firmari, confirmari. Sa santé se confirme de jour en jour, c’est-à-dire qu’on a tous les