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fille de Constantius Chlorus. La bonne Reine Constance pensoit être bien obligée au Roi Robert son mari, de ce qu’il avoit fait mention d’elle en l’hymne qui commence, O Constantia Martyrum ! Mascurat.

Constance, ville du Cercle de Suabe en Allemagne. Constantia. Quelques Géographes prétendent que Constance est l’ancienne Gannodurum, que d’autres placent à Zurzachou, à Lausenbourg. Constance est une ville grande & riche, sur le Rhin : elle porte les titres de ville Impériale & de ville libre. Il y a à Constance un Evêché suffragant de Mayence. Il y a été transféré de Windisch ou Windinissa, ruiné en 594 par Childebert II, Roi de France. De tous les Conciles de Constance, le plus célèbre est celui qui fut assemblé en 1414 & dura jusqu’en 1418. On l’imprima à Francfort l’an 1700 en six petits volumes in-folio, avec l’Histoire, & d’autres pièces qui le concernent. L’Evêché de Constance, Constantiensis Episcopatus, est un des États du Cercle de Suabe, aux environs des lacs de Constance & de Zell, & aux confins de la Suisse. L’Evêque de Constance, Prince de l’Empire, Souverain dans son Evêché, ne l’est plus de la ville de Constance, & réside dans le fauxbourg, nommé Peterlingen ou Petershaufen, de l’autre côté du Rhin. Voyez Imhoff Not. Imp. L. III, c. 9. Le lac de Constance, qu’on nomme aussi, mais rarement en France, Bodenzée, s’étend du sudest au nordouest, entre la Suabe & la Suisse.

CONSTANT, ANTE. adj. ce qui est certain, indubitable. Certus, indubitatus, haud dubius. Il est constant que deux & deux font quatre. Il passe pour constant qu’on a battu les ennemis ; pour dire, on le tient assûré. Il est constant qu’il y a dans les hommes une idée naturelle de bienséance. S. Real.

Constant se dit aussi de celui qui a cette qualité de l’ame que les circonstances ne font point changer, qui persévère dans son attachement au même objet. Constans. Celui qui sera constant jusqu’à la fin, obtiendra la couronne du ciel. Constant dans ses desseins, dans sa foi, dans son amour. Esprit constant, qui ne change point ; ferme, qui ne cède point ; inébranlable, qui résiste aux obstacles ; inflexible, qui ne s’amollit point. Constant en amitié, ferme dans le malheur, inébranlable aux menaces, inflexible aux prières. Les coquettes se moquent des passions héroïques, & selon leur goût, la persévérance d’un amant constant est une langueur triste & ennuyeuse. S. Evr. Moitié par habitude, moitié par honneur qu’on se fait d’être constant, on entretient long temps les misérables restes d’une passion usée. Id. Une conduite constante & réglée, qui est l’ouvrage de la raison, est plus louable que ces actions d’éclat, qui ne sont que les effets du hasard. P. Rap.

L’honneur de passer pour constant,
Ne vaut pas la peine de l’être.

Constant considéré comme synonime à durable. Ce qui est constant ne change point ; il est ferme par sa résolution. Ce qui est durable, ne cesse point ; il est ferme par sa solidité. Syn. Fr.

Il n’est point de liaisons durables entre les hommes, si elles ne sont fondées sur le mérite & sur la vertu. De toutes les passions, l’amour est celle qui se pique le plus d’être constante & qui l’est le moins.

Constant se dit figurément de toutes les choses qui ne changent point, ou qui sont long temps les mêmes. Fortune constante, état constant, prospérité constante.

On dit au Palais, pendant & constant le mariage ; c’est-à-dire, pendant le cours & la durée du mariage. Durante, perstante matrimonio.

CONSTANTE, (Quantité.) terme de géométrie & d’algèbre, qui se dit des quantités qui demeurent toujours les mêmes par opposition à d’autres quantités variables, qui croissent ou décroissent toujours. Constans. Ainsi le demi-diamètre d’un cercle est une quantité constante, ou la constante, parce que pendant que les absisses & les semi-ordonnées croissent, il demeure toujours le même. Tout ce qu’il y a ici à faire, c’est de substituer dans la formule générale les valeurs de y & de v, trouvées en x & en constantes par le moyen des courbes données, Varign. Acad. 1699. Mem. p. 55.

CONSTANTIN. s. m. nom d’homme. Constantinus. Constantin le Grand est le premier Empereur Chrétien, devenu odieux aux Romains par son attachement à la religion chrétienne qu’il avoit embrassée ; ce Prince rétablit la ville de Bysance, qui de son nom fut appelée Constantinople, & y établit le siège de son empire.

Les Chevaliers de l’Ordre de Constantin, appelés aussi Dores, Angéliques & de saint George. Voy. au mot Angéliques, où nous en avons parlé. Voy. aussi le P. Helyot, Hist. des Ordres Religieux, &c. P. I. C. 13.

CONSTANTINE, nom de ville. Constantina. Ville capitale de Numidie en Afrique, nommée autrement Cirthe, qui, sous Constantin le Grand, prit le nom de Constantine. Les Evêques d’Afrique écrivirent à Constantin (en 316,) que les Donatistes s’étoient emparés de l’église, que lui-même avoit fait bruit pour les Catholiques dans la ville de Cirthe, capitale de Numidie, nommée alors Constantine de son nom. Fleury. Voyez Marmol, livre VI, chap. 28.

Constantine est encore une ville de Phénicie, ainsi nommée par le même Empereur Constantin le Grand. Constantina.

Constantine est aussi une province de Barbarie en Afrique, appelée autrement par les anciens la nouvelle Numidie. C’est aujourd’hui une province d’Alger, qui a la Méditerrannée au nord, au levant le royaume de Tunis, au midi le Bildulgerid, & au couchant le Susegmar.

CONSTANTINIEN, ENNE. adj. qui appartient à Constantin, qui vient de Constantin. Constantinianus, a, um. L’Ordre Constantinien est un Ordre de Chevalerie que l’on pretend avoir été institué par Constantin. Voy. le P. Honoré de Sainte Marie, dans ses Dissertations historiques & critiques sur la Chevalerie ancienne & moderne. Ce fut par le canal des Angeli de Drivasto, que l’Ordre Constantinien passa en Italie. Les preuves justificatives de leur Chevalerie Constantinienne qu’ils produisirent à Rome, furent enrégistrées au Vatican. Calliste II, approuva cet Ordre. Pie II, Sixte IV, Innocent VIII, Paul III, Léon X, Paul IV, Clément VIII, Urbain VIII & quelques autres Papes en firent autant. Jean-André l’Ange, dernier Grand-Maître, transféra tous ses droits & toutes les prérogatives attachées au titre de Grand-Maître à François I, Duc de Parme. L’acte fut expédié à Venise le 27e Juillet 1697, & deux ans après confirmé par un bref d’Innocent XII, & un édit de l’Empereur Léopold. En 1701, Clément XI ratifia par un décret le bref d’Innocent XII. Voyez l’Auteur cité ci-dessus, Dissertation cinquième. Plusieurs Eglises bâties par Constantin ont porté le nom de Constantiniennes.

CONSTANTINOPLE, Constantinopolis. Ville de Turquie en Europe, dans la Romanie, sur une petite langue de terre, qui s’avance vers la Natolie, dont elle n’est séparée que par un canal, qui n’a qu’un mille de largeur. C’est l’ancienne Byzance. Voyez ce nom. Elle ne porte celui de Constantinople que depuis l’an 330. Constantin s’étant rendu odieux au Sénat & au peuple idolâtre de Rome, par le mépris qu’il faisoit de l’idolâtrie, se dégoûta de cette ville, & résolut d’en bâtir une autre qui pût lui être comparée, & d’y établir sa résidence. Dioclétien avoit déjà voulu le faire à Nicomédie. Constantin voulut d’abord bâtir près de l’ancienne Troye. Il y jeta des fondemens, &