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CON

☞ N’avoir point de contenance, ne savoir quelle posture tenir. Perdre contenance. Cesser tout-à-coup d’avoir sa contenance naturelle par quelque circonstance qui déconcerte.

☞ On dit aussi qu’on porte une chose par contenance, pour servir de contenance ; pour dire, qu’on la porte sans besoin, sans nécessité, & seulement pour le bon air, pour la bonne grace.

Contenance, dans le sens figuré, signifie bon ordre, fermeté, résolution. Si les Stoïciens n’étoient pas insensibles à la douleur, ils faisoient du moins bonne contenance. S. Evr. On aborda les ennemis qui faisoient bonne contenance, qui attendoient le choc de pié ferme. La contenance des bataillons & des escadrons parut terrible. Ablanc. Il épioit la contenance des ennemis. Id. Pendant que les troupes se mettoient en bataille, il s’étoit attaché à reconnoître la contenance des Espagnols. Rel. des Camp. de Roc. Curion, qui vit leur contenance, se confirma dans l’opinion qu’il fuyoient.

CONTENANT, ANTE, adj. & s. terme didactique, qui contient, qui renferme en soi. Capiens, continens, complectens. Voilà trois comptes que je vous rends contenans chacun tant d’articles. La mesure est la partie contenante, & la liqueur est la chose contenue. Le contenant est toujours plus grand que le contenu.

CONTENDANT, ANTE, adj. concurrent, compétiteur, qui aspire à quelque chose, qui la dispute contre un autre. Ils étoient trois contendans qui aspiroient à cette charge, à ce parti. Competitor,rivalis. Il y avoit trois parties contendantes, pourvues de la même Cure. Il est pour l’ordinaire employé subtantivement.

CONTENDRE, vieux v. n. disputer. Contendere.

Quant à chansons tu y besognerois
De si grand art, s’on venoit à contendre,
Que quand sur Pan rien tu ne gagnerois,
Pan dessus toi rien ne pourroit prétendre.

Marot.

On disoit aussi Contencer & contencier, ainsi que contens ; pour dire, débat. Il ne nous est resté de ce vieux mot que Contentieux & contention.

CONTENDS, s. m. vieux mot, contention, dispute. Contentio, rixa.

CONTENIR, v. a. Je contiens, j’ai contenu, je contins, je contiendrai, que je continsse. Comprendre, renfermer en soi une certaine quantité ou étendue. {{lang|la|Continere, capere, complecti}. La toise contient six piés, le pié douze pouces. Le pouce contient douze lignes. Un arpent contient cent perches. Les corps sublunaires sont ceux qui sont contenus dans le concave du ciel de la lune.

Contenir se dit aussi figurément, en parlant des divisions & des subdivisions. Le genre contient sous soi les espèces, & les espèces contiennent les individus. Ce volume contient tant de livres. Ce livre contient tant de chapitres. Ce chapitre contient tant de sections.

Contenir, se dit aussi des choses visibles & invisibles qui entrent en la composition d’une autre. Le moindre grain de sable contient un très-grand nombre d’atomes. L’aimant contient en soi plusieurs propriétés. Ce mot contient, enferme un grand sens. On appelle l’homme un microcosme, parce qu’il contient en abrégé toutes les merveilles du monde. Dieu vouloit faire adorer sa grandeur aux hommes en leur faisant connoître ses Ouvrages, & ce qu’ils contiennent. S. Cyran.

Contenir signifie aussi retenir dans certaines bornes. Ces digues ont été faites pour contenir les eaux.

☞ Dans le sens figuré, on dit contenir dans le devoir, dans l’obéissance. Coercere, reprimere.

☞ On le dit absolument. On ne peut le contenir.

☞ On dit aussi contenir les passions, les réprimer.

Contenir, avec le pronom personnel, signifie aussi, réprimer ses passions, les modérer. Coercere, reprimere, refrœnare motus animi, Coercere se, reprimere, &c. On a de la peine à se contenir dans les premières émotions de la colère. La chasteté & la tempérance sont des vertus qui consistent à se contenir dans l’usage des femmes & du vin. Ce jeune homme est un emporté qui ne se contiendra jamais dans les bornes de la raison, de son devoir.

Contenir (Se) signifie aussi s’abstenir des plaisirs de la chair, ou des choses qui peuvent être préjudiciables à la santé. Tout le monde n’a pas la force de se contenir. Les Médecins lui ont défendu l’usage du vin ; mais il a bien de la peine à se contenir. Il est plus facile de s’abstenir que de se contenir. Acad. Fr.

Contenu, ue. part.

CONTENT, ENTE. adj. ☞ contentus, est souvent regardé comme synonime à satisfait, & donné comme tel dans nos Dictionnaires. Ils ne se ressemblent pourtant que par une idée générale, en tant qu’ils désignent le plaisir de jouir de quelque chose. On est satisfait, dit M. L’Abbé Girard, quand on a obtenu ce qu’on souhaitoit. On est content, lorsqu’on ne souhaite plus. Satisfait se dit ordinairement des passions : il arrive souvent qu’après s’être satisfait, on n’en est pas plus content. La possession nous rend toujours satisfaits, mais il n’y a que le goût de ce que nous possédons qui puisse nous rendre contens.

☞ L’homme content est proprement celui qui jouit tranquillement de ce qu'il possède. Il n’est pas nécessaire d’avoir désiré pour être content, on est content de ce qu’on a, on est content de peu. Voyez Contentement.

Qui vit content de rien, possède toute chose. Boil. Il n’est pas même au pouvoir des Dieux de rendre l’homme content. M. Scud. Il faut de l’adresse & de l’invention pour être content ; il y a plus de mystère qu'on ne pense. Ch. de Mer.

Qu’heureux est le mortel qui du monde ignoré,
Vit content de soi-même en un coin retiré !

Boil.

Ce mot vient du latin continens, de contineo. Celui qui est content, se contient en quelque manière, parce qu’il ne souhaite plus rien.

Content se dit par extension de l’air, du visage ; avoir le visage content, faire paroître sur son visage le contentement qui est dans le cœur, ce sentiment qui rend l’ame tranquille.

Content se dit aussi de celui qui approuve quelque chose. Si vous voulez acheter ma rente, j’en suis content. Cet ouvrier n’est pas content du payement qu’on lui a fait. Ce Courtisan n’est pas content de l’accueil qu’on lui a fait à son arrivée. Personne n’est content de ceux qui ne sont contens de personne. La Bruy. Ce Prélat refusoit si obligeamment, qu’on étoit du moins content de la politesse de ses manières, si on ne l’étoit pas de ses raisons. P. Gail. C’est de François de Harlay, Archevêque de Paris, que cela a été dit avec justice. Je suis content de tout souffrir pour la cause de Dieu.

Arn

. Les gens qui paroissent si contens d’eux, ne contentent guère les autres. Bell.

Contente de périr, s’il faut que je périsse,
J’irai pour mon pays m’offrir en sacrifice.

Racine.

On dit en ce en à celui qu’on ne tient pas compte de satisfaire, si vous n’êtes pas content, prenez des cartes. On dit aussi d’un homme qui a bonne opinion de lui, qu’il est bien content de lui-même, qu’il est content de sa petite personne.

CONTENTEMENT, s. m. ☞ joie, plaisir, dit le Dictionnaire de l’Académie. Le contentement n’est