Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/900

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
892
COP

soûtenir. Ils passent leur vie en oraisons & au travail, & s’appliquent à la lecture de l’Ecriture Sainte. Ils dorment sur une natte étendue par terre, excepté les Supérieurs & les malades. Il ne leur est pas permis de quitter leurs habits, ni leurs ceintures, ni de dormir deux sur la même natte, ni proche l’un de l’autre. Ils sont obligés aux Heures Canoniales, & se prosternent tous les soirs cent cinquante fois, la face & le ventre contre terre, étendant les bras en croix & les points fermés, & faisant à chaque fois le signe de la croix. Ils s’occupent à travailler à la campagne. Ils mangent à Sexte, & à la fin du jour ; & s’ils ne sont pas occupés à des travaux rudes, ils doivent se contenter d’un seul repas, qu’ils font à None, ou à la fin du jour. Ils n’ont point de jeûnes que ceux de l’Eglise Copte. Ils ont beaucoup de Monasteres, dont le P. Helyot parle dans son Hist. des Ordres Religieux, I. P, c. 8. Outre les Auteurs cités, on peut voir encore le Févre, Traité de la Turquie ; Quaresnius, Elucid. Terræ Sanctæ ; Thevenot, Voyage du Levant, L. I ; le Monde de Davity ; l’Afrique de Marmol ; la Relation d’Egypte du P. Vansleb ; & le Voyage de la Terre-Sainte du P. Eug. Roger. Les Moines & les Religieuses Coptes sont tous de la lie du peuple. Ils ne vivent que d’aumônes : ils mènent une vie fort dure, & ne mangent jamais de viande, si ce n’est dans leurs voyages, hors de leurs Monastères. Les Monastères de Femmes sont proprement des Hôpitaux. Il n’y entre guère que des veuves réduites à la mendicité.

Les Mébaschers, car c’est ainsi qu’il faut écrire, puisqu’il vient de בשר & non pas Mébachers, avec le P. du Sollier, comme s’il venoit de בכר ou בחר (le P. du Bernat qui est François en écrivant ainsi dans ses lettres au P. du Sollier a voulu exprimer le son du ש Arabe, qui est le même que celui de notre ch françois ; mais en l’écrivant ainsi, sur tout en latin, on défigure ce mot ; duquel ceux même qui savent l’Arabe, n’entendroient plus l’origine & la signification) les Mébaschers, dis-je, sont la Noblesse des Coptes, si cependant on peut donner ce nom à des gens qui ne sont que les Fermiers Généraux des Turcs & des partisans d’Égypte. Ils sont riches, principalement ceux des douze premières familles, qui ont trouvé le moyen de rendre cet emploi héréditaire dans leur famille. Le reste du peuple est très-gueux ; & les uns & les autres sont très-ignorans, ceux-là par négligence & par mépris, & ceux-ci faute d’instruction.

Le P. Roderic, au rapport de Sacchin, Hist. Societ. Jes. T. II, L. IV, §. 120 & suivans, réduit les erreurs & les sentimens des Coptes à six chefs. 1o. Qu’ils répudient leurs femmes, & en épousent une autre du vivant de celle qu’ils ont répudiée. 2o. Qu’ils circoncisent leurs enfans avant le Baptême. 3o. Qu’ils ont à la vérité sept Sacremens, dont les quatre premiers sont le Baptême, l’Eucharistie, la Confirmation & l’Ordre, mais que les trois autres sont la Foi, le Jeûne & l’Oraison. 4o. Qu’ils nient que le Saint-Esprit procède du Fils. 5o. Qu’ils ne reconnoissent que trois Conciles Œcuméniques, qui sont ceux de Nicée, de Constantinople & d’Ephèse ; & que dans celui de Nicée ils ont 84 canons, desquels il y en a deux qui ordonnent l’obéissance au Pape comme les Catholiques. 6o. Qu’ils rejettent le Concile de Chalcédoine, & ne reconnoissent dans Jesus-Christ, après l’union de l’humanité avec la Divinité, qu’une seule nature, une volonté, une action. Dans la discipline & les rits, il trouve qu’ils pèchent encore en plusieurs choses ; car, 1o. Ils croient qu’il faut encore s’abstenir de manger du sang & des animaux suffoqués. 2o. Que le mariage est permis au second degré. Ils ordonnent des Diacres dès l’âge de cinq ans ; & 4o. Enfin en plongeant l’enfant dans les fonts de Baptême, ils répètent trois fois la formule. D’autres ajoûtent encore quelques abus, comme de croire qu’il y a un Baptême de feu, qu’ils donnent avant le Baptême d’eau, en appliquant un fer chaud sur le front, ou sur les deux joues. Voyez Jacobus de Vitriaco, Histor. Orient. C. 76 ; & Sanutas, L. III, Part. VIII, c. 4 ; & le P. du Sollier, p. 129.

D’autres retranchent de ces erreurs, & excusent sur cela les Cophtes ; car, 1o. le P. Vansleb, qui traite fort exactement du Mariage des Cophtes, p. II, c. 32, 33, 34 & 35, ne leur reproche rien sur le chapitre du Divorce & de la Polygamie simultanée. S’ils pèchent en cela, c’est dans la pratique, ce n’est point dans la doctrine. Ils enseignent que le mariage est indissoluble. Ils tolèrent à la vérité de nouvelles noces après le divorce ; mais ils s’en excusent sur la domination du Turc, & l’impuissance où ils sont de faire observer les Canons sous ces maîtres. On prétend encore qu’ils n’errent point sur la Procession du S. Esprit. Ce qui paroît de plus vrai, c’est qu’ils ignorent même cette dispute. M. Simon les accuse d’observer le Sabbat : cela n’est point vrai ; seulement ils ne jeûnent point ce jour-là. S’ils ne mangent point d’animal fuffoqué, c’est dans quelques-uns raison de santé, & dans d’autres c’est erreur ; mais erreur de quelques particuliers seulement, qui croient que le précepte des Apôtres Act. XV, 29, oblige encore ; ce n’est point le sentiment de la secte entière. Le mariage au second degré est un abus introduit dans les mœurs, mais non point dans la doctrine ; & ainsi du reste.

Les Cophtes ont les sept Sacremens de l’Eglise Catholique, comme on le peut voir dans le P. du Sollier, sect. III ; & dans M. l’Abbé Renaudot, T. IV de la Perpét. de la Foi, L. I, c. 10. La Circoncision n’est en usage parmi eux que depuis la conquête des Arabes Mahométans. Aucun Auteur ne parle de la Circoncision des Cophtes avant le XIIe siècle ; & jamais ils ne l’ont regardée, & ne la regardent point encore comme nécessaire. Quant à ce que Roderic accuse les Cophtes de faite circoncire leurs enfans avant le Baptême, comme ce n’est point par un principe de Religion, qu’ils circoncisent leurs enfans, on ne doit point mettre cela au nombre de leurs erreurs ; le P. Vansleb, dans son Hist. de l’Eglise d’Alexandrie, ch. 20, dit que la Circoncision est en usage chez les Cophtes, non par un commandement Judaïque, ni par un précepte de Religion, mais par une ancienne coutume qu’ils ont prise des Ismaëlites, comme le témoigne un de leurs Auteurs nommé Amba Michel, Métropolitain de Diamette. Ils tiennent la Circoncision comme une chose indifférente, & ils croient pratiquer ce que S. Paul a écrit aux Corinthiens, quand il dit : Qui vocatus fuerit ad fidem & habet præputium non circumcidatur, & qui vocatur & est circumcisus, non revertatur ad præputium, c’est-à-dire, selon leur explication, ceux qui deviennent Fidèles & qui sont circoncis, qu’ils continuent à se circoncire & toute leur postérité. Le même Père Vansleb, après avoir observé qu’ils circoncisent aussi leurs filles, ajoûte : mais l’une & l’autre de ces cérémonies se fait par une femme Turque dans un bain public, ou dans une maison particulière, sans y observer aucune cérémonie religieuse. Voyez encore ce qui a été remarqué là-dessus en parlant des Abissins.

Pour le Baptême de feu qu’ils donnent, dit-on, par l’application d’un fer chaud, c’est une fable qui n’est fondée que sur le témoignage de Jacques de Vitry, qui ne la raconte que sur le rapport des autres, & qui a mal pris & attribué à tous les Cophtes, ce qu’il avoit apparemment oui-dire de quelques-uns seulement, qui avoient des marques de croix sur la peau ; comme quelques voyageurs de la Terre-Sainte, même parmi nous, s’en font. Ce qu’on leur reproche par rapport à l’hérésie des Monophysites, aux Conciles qu’ils rejettent, à l’ordination des Diacres dès l’enfance, est mieux fondé, & n’est que trop vrai. Ils ne croient point avoir seuls la véritable Eglise, mais ils en excluent les francs, c’est-à-dire, les Catholiques & les Melchites. Du reste, ils disent