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COQ

La prude donne plus de gloire,
La coquette plus de plaisir. Id.

On dit aussi un esprit coquet, un air coquet.

Ménage, après Pasquier, dérive ce mot de coq. Mais il vient plutôt de coquart, vieux mot françois, qui sigifie jaseur, babillard.

Le mot de coquet, quand il est substantif, est moins en usage au masculin qu’au féminin.

COQUET. s. m. Petit bateau qu’on amène de Normandie à Paris. Scapha.

COQUETER, v. n. quelquefois act. Faire le coquet, la coquette. Se plaire à conter ou à écouter des fleurettes. Amatoriis nugis indulgere. Les jeunes fainéans, les femmes galantes, ne font autre chose que coqueter.

Eve aima mieux, peur s’en faire conter,
Prêter l’oreille aux fleurettes du Diable,
Que d’être femme & ne pas coqueter. Saraz.

Et si Jason n’eut coquêté Médée,
Il n’eût jamais en Grèce rapporté
Cette toison si fièrement gardée. Id.

Coqueter, sur la Mer, se dit d’un homme qui, avec un aviron, mène un vaisseau par son arrière. Remo navem retroducere.

COQUETIER. s. m. marchand qui amène ordinairement à Paris des œufs, du beurre, des volailles, du poisson de somme, &c. Ovorum, butyri, volatilium pecudum propola. Gallinarius deliacus. Dans le Traité de la Pologne, L. V, T. XXXIIIe c. 8, on les appelle Fruitiers, Coquetiers & Beuriers ; leur communauté, dit-on, fut originairement formée sous le nom de Regratiers de fruit. On y rapporte d’anciens Statuts que leur donna Etienne Boileau, Prévôt de Paris, dans la grande réforme qu’il fit de la police, par ordre de S. Louis, environ l’an 1258. C’est le plus ancien de nos réglemens de police.

En quelques provinces, on dit coquaciers ou cocatiers ; les anciens les nommoient déliaques. Voyez ce mot.

Coquetier est aussi un petit vaisseau servant à table, fait en forme d’une salière, pour porter un œuf à la coque. Vasculum ovo sustinendo accommodatum.

COQUETTERIE. s. f. Affectation de plaire à plusieurs personnes à la fois ; dessein général de paroître aimable, & de traîner après soi une foule d’amans. Immoderatum placendi studium. La coquetterie est le fond de l’humeur des femmes ; mais toutes ne la mettent pas en pratique, parce que la coquetterie de quelques-unes est retenue par la crainte ou par la raison. Roch. Après tout, la coquetterie n’aboutit qu’à des manières engageantes qui semblent dire tout, & qui ne disent rien. M. Scud. Toute la vertu des femmes n’est qu’une habileté à cacher leur coquetterie. S. Evr. Un cœur usé par mille coquetteries n’est pas capable d’une grande passion. M. Scud.

☞ Le manège de la coquetterie exige un discernement plus fin que celui de la politesse ; car pourvû qu’une femme polie le soit envers tout le monde, elle a toujours assez bien fait ; mais la coquette perdroit bientôt son empire par cette uniformité mal adroite. A force de vouloir obliger tous ses amans, elle les rebuteroit tous. Dans la société, les manières qu’on prend avec tous les hommes, ne laissent pas de plaire à chacun : pourvu qu’on soit bien traité, l’on n’y regarde pas de si près sur les préférences ; mais en amour, une faveur qui n’est pas exclusive est une injure. Un homme sensible aimeroit cent fois mieux être seul maltraité, que caressé avec tous les autres, & ce qui peut arriver de pis, est de n’être point distingué.

COQUILLAGE. s. m. terme collectif. Poissons testacés, couverts d’une écaille dure & toute d’une pièce. Conchæ, conchylia, testa. Les huitres, les moules, les tortues, les pourpres, sont des coquillages.

☞ On appelle ces poissons testacés, parce qu’ils sont recouverts d’une matière dure comme une terre cuite, un test. Testa.

On appelle aussi coquillage, l’écaille où ces poissons sont enfermcés. Concha. Les curieux font des cabinets remplis de coquillages exquis. On trouvera dans Aldrovand, Fesner & Fabius Columna, tout ce que les anciens ont dit sur la matière des coquillages. En 1692, Lister Anglois a publié un in-folio rempli de planches, où sont représentées les diverses sortes de coquillages. Dans le premier ordre, il a rangé les coquillages terrestres ; dans le second, les coquillages d’eau douce, tant ceux qu’on appelle turbinita, que les bivalvia. Il a disposé dans le troisième, toutes les coquilles de mer, les bivalvia & les multivalvia ; & dans le quatrième, il a divisé en plusieurs classes, les coquilles de Mer qu’on nomme turbinata.

On trouve dans la terre & dans des carrières, en des lieux très-éloignés de la mer, & jusques sur le sommet des montagnes, des coquillages fossiles & d’autres corps étrangers, qui ont fait, depuis quelques années, le sujet de plusieurs dissertations des plus habiles Naturalistes. Voyez Fossile & Déluge.

☞ Plusieurs savans Physiciens, & particulièrement M. Woodward, ont prétendu que les vastes couches de coquillages, disposées comme des lits de marne ou de pierre en différens endroits, soit dans les plaines, soit dans les racines des montagnes, & même jusqu’à leur sommet, y avoient été ainsi déposées par les eaux du déluge. Il est cependant difficile, de concevoir comment, dans un espace aussi court que celui d’une année, les eaux du déluge auroient pu former les longues chaînes de montagnes, comme les Alpes, les Pyrénées & les Cordillieres au Pérou, dans lesquelles on trouve en beaucoup d’endroits de ces couches horisontales.

☞ Quelques autres Physiciens, mais en plus petit nombre, prétendent que c’est la mer seule qui a formé ces vastes lits de coquillages, que l’on trouve quelquefois jusqu’à une très-grande profondeur, comme jusqu’à une très-grande hauteur. La mer, disent-ils, a couvert pendant une très-longue suite de siècles toute la surface du globe. Ce n’est qu’après une très-grande succession de temps, qu’elle a été réduite dans les bornes que nous lui connoissons. Comme elle se forme aujourd’hui des rivages, des bancs, qu’elle détruit d’un côté pour transporter de l’autre, qu’elle creuse dans certains endroits, pour amonceler les débris dans d’autres, elle la fait dans tous les temps ; c’est ainsi qu’en déposant successivement des coquillages, des sables, des débris, elle a formé en différens endroits de la terre les montagnes, dont la hauteur & la vaste étendue nous étonnent. Voyez ce sentiment, exposé avec tous les charmes de l’éloquence, dans l’Histoire Naturelle de M. de Buffon, tom. 1.

M. Gersaint, marchand de Paris, a donné, en 1736, un excellent ouvrage sur ce sujet sous le titre de Catalogue raisonné des coquilles, &c. avec une liste des principaux cabinets, & une autre liste des Auteurs les plus rares qui ont traité de cette matière. Cet ouvrage est très-bien écrit, avec goût, avec jugement, & le plus instructif que l’on ait sur ce sujet.

On a donné dans les Transactions philosophiques de 1733, p. 256, une nouvelle méthode de diviser les coquillages selon leurs genres & leurs espèces, & de les ranger dans les cabinets. Elle