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COQ — COR

73° 35′ 45″. Sa longitude est de 285° 32′ 15″. Latitude du merid. 29° 54′ 40″.

☞ COQUIN, INE, terme d’injure & de mépris qui signifioit originairement un homme vil & méprisable. Nous le disons quelquefois comme synonime de lâche, infâme. C’est un coquin qui pour le moindre intérêt trahiroit son ami. On dit d’une femme qui se prostitue, que c’est une coquine.

Je rêvois cette nuit que de mal consumé,
Côte à côte d’un pauvre on m’avoit inhumé ;
Mais ne pouvant souffrir ce fâcheux voisinage,
En mort de qualité je lui tins ce langage :
Retire-toi, coquin, vas pourrir sont d’ici,
Il ne t’appartient pas de m’approcher ainsi.
Coquin ! ce me dit-il, d’une arrogance extrême,
Vas chercher tes coquins ailleurs, coquin toi-même :
Ici tous sont égaux, je ne te dois plus rien :
Je suis sur mon fumier, comme toi sur le tien. Patris.

Ce mot vient de coquus, comme qui diroit, il ne bouge de la cuisine. En vieux françois, on appeloit coquine, un pot, ou marmite : d’où vient que le vrai coquin est celui qui suit les cuisines d’autrui pour vivre. Plaute témoigne qu’on a donné le nom de cocus à un larron ; & Du Cange dit que dans la basse latinité on a appelé cocciones, des vagabonds qui hantent les foires pour dérober les Marchands, & couper des bourses. Les Jésuites d’Anvers disent aussi qu’originairement le mot coquin, coquinus, vient de coquus, cuisinier, & qu’il ne s’est dit que des plus bas officiers de cuisine, & ensuite des gens les plus vils & les plus méprisables. Acta. SS. Maii, T. IV, p. 549. E.

☞ On dit communément d’une femme qui se prostitue, que c’est une coquine. Ce mot est quelquefois employé adjectivement dans le style familier ou bourgeois, comme quand on dit, métier coquin, vie coquine ; pour dire, un métier, un genre de vie qui plaît, qui accoquine, parce qu’il n’y a rien à faire.

COQUIN. Coquinus. Le peuple de Liège a donné autrefois ce nom à une Communauté établie à Liège par Lambert le Bègue, l’an 1150, qui donna à ces Coquins une maison & un fonds. Voyez Petr. Cocus, Diso. Hist. de Beguinar, Orig. & le P. Hélyot, T. VIII, p. 3.

☞ COQUINAILLE. s. f. terme populaire, troupe de coquins, de gueux, Pomey. Fæx hominum, plebis quisquiliæ.

COQUINE. s. f. mot du vieux langage, qui signifioit un pot. Borel fait venir de-là le nom de coquin, qu’on donne à un misérable, comme voulant dire : qui a besoin d’aller dans les cuisines d’autrui pour vivre. On a dit aussi Coquelle, dans le même sens.

COQUINER, v. n. faire le métier de coquin, gueuser. Pomey. Mendicare, mendicato vivere. Il n’est pas d’usage.

COQUINERIE. s. f. action qui n’appartient qu’à un coquin. Ignavum, pudendum facinus. Cet homme a fait une grande coquinerie. Il est aussi du style familier.

COQUIOLE. s. f. Festuca, ou Ægylops. Espèce de Chiendent qui a pris ce dernier nom latin de ce qu’on prétendoit que cette plante étoit bonne pour la maladie des yeux appelée Ægylops. Les Anciens croyoient que la coquiole n’étoit qu’un orge dégénéré ; mais aujourd’hui l’on nie avec raison ces prétendues mutations. Daléchamp est peut-être le seul qui s’est servi du mot de coquiole.

COQUO, Garciæ. Voyez Coco.

COR.

COR, s. m. espèce de calus ou de durillon qui se forme aux doigts des pies. Clavus, gemursa. Les cors viennent ☞ d’une trop grande compression de la peau causée par une chaussure trop étroite. La peau se détruit & forme un nœud. Il est dangereux d’appliquer sur les cors des remèdes corrosifs.

COR, s. m. trompette de chasseur, instrument de cuivre tourné en plusieurs cercles, dans lequel on souffle pour faire un grand bruit qui anime & qui rappelle les chiens & les chasseurs. Cornu. On dit, donner du cor, sonner du cor. On faisoit autrefois des cors d’yvoire.

Mais le cor sonne la retraite,
Sous les eaux l’astre du jour fuit,
Un repas rustique s’apprête,
Déjà le feu chasse la nuit. Nouv. ch. de vers.

Les Chasseurs ont un petit cor qu’on appelle huchet, qui est un tuyau de cuivre recourbé sans aucun retour, étroit par l’embouchure, & large par l’autre bout. Il y a aussi des cors qui ont un retour au milieu comme un anneau, qu’on appelle trompes ; & des cors tortillés qui ont jusqu’à huit ou neuf retours qui sont plus en usage dans les concerts. Le grand cor est de même figure que le huchet, mais bien de plus grand volume. On peut donner au cor toute l’étendue d’une trompette. L’endroit par où l’on embouche le cor, se nomme bocal, qu’on fait d’argent, de cuivre, de corne, ou de bois. L’autre extrémité, qui est fort large, s’appelle le pavillon.

Il y a aussi de petits cors de la même figure, dont se servent les Postillons, qu’ils portent pendus à leur cou. Les Vachers & les Bergers ont aussi des cors qu’ils font de cornes de béliers ou de bœufs, dont ils coupent le petit bout pour faire l’embouchure, où ils ajoutent un petit bâton de sureau percé & creusé, qui sert de portevent & de bocal. Ces sortes de cors s’appellent proprement cornets-à-bouquin. Les Hébreux se servoient de ces cors faits de cornes de bélier pour annoncer le Jubilé, dont le nom Jubel signifie bélier, corne de bélier, d’où est venu le mot jubilé.

On dit proverbialement, par une métaphore tirée de la chasse, qu’on a cherché quelqu’un à cor & à cri ; pour dire, qu’on a fait toute la diligence possible pour le trouver. Omni studio ac diligentia, remis velisque, ou velis equisque.

On le dit aussi de la poursuite d’une affaire qu’on fait hautement & avec éclat. Omni contentione, intentis animis ac viribus.

Cor, en termes de Chasse, se dit des pointes ou chevillures sortans du marrein de la tête des cerfs sur chaque branche au dessous du surandouiller. Cornuum cervinorum ramuli, rami. Un cerf dix cors.

Cor de mer, coquille rude par dehors, unie & blanche par dedans, large par le milieu, qui va en pointe, & qui est propre à recevoir la bouche, afin de corner.

Cette coquille renferme une sorte de poisson. Ron.

CORACES. s. m. pl. terme de Mythologie. Ministres de Mithras. Voyez Mitriaques.

CORACITE. s. f. Coracites. Pierre figurée. Elle est semblable à la couleur du corbeau.

CORACOBRACHIAL. adj. & s. m. terme d’Anatomie. Coracobrachialis musculus. Le Coracobrachial est un muscle long du côté interne de la moitié supérieure de l’os du bras, c’est-à-dire du côté qui répond directement à l’hémisphère de la tête de cet os, & au condyle saillant & interne. Il est attaché en haut à la pointe du bec caracoïde, entre les attaches du biceps & du petit pectoral, par un tendon qui en descendant est joint par une adhérence assez étendue aux tendons de ces deux muscles. Ensuite il descend tout charnu, & s’attache obliquement par une extrémité élargie, mince & très-peu tendineuse à la partie moyenne de l’os du bras, tout le long de la petite ban-