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DAU — DE

phiné deux Archevêchés, Vienne & Embrun, & cinq Evêchés, qui sont Gap, Valence, S. Paul trois-Châteaux, Die & Grenoble la Capitale, où est aussi la Généralité de toute la Province, & le Parlement. Les autres villes de Dauphiné sont Montelimar, le Crest, Romans, Saint-Marcellin, Briançon & le Buis. Les bourgs & les villages y sont très-fréquens, même dans les plus hautes montagnes.

Le Dauphiné est l’ancien pays des Allobroges, des Viennois, des Caturiges, des Ebroduniens, ou Embrunois, des Ségalauniens, des Valentinois, des Vocontiens, des Diois, des Gratianopolitains, des Tricastins, des Vapincennois, & des Braunoviens. Cette Province a eu ensuite ses seigneurs particuliers, d’abord sous le titre de Comtes, dont le premier fut Gui ou Guigues, qui vivoit vers l’an 889, & qui laissa ce nom de Gui à tous ses successeurs, qui porterent le titre de Comtes d’Albon & de Grenoble. Dans la suite Berthold de Zeringhin ayant cédé ses droits sur la ville de Vienne à Gui VII, ils prirent le nom de Comtes de Vienne. Quant au nom de Dauphin, on n’en sait pas l’origine, ni le tems qu’ils le prirent. Les uns le tirent du Dauphin que Boson fit peindre dans son écu, pour marquer la douceur de son gouvernement. D’autres veulent qu’il ait été pris du Château-Dauphin, bourg que ces Princes firent bâtir dans le Briançonnois. D’autres l’attribuent à Gui VII, dit le Vieux, qui pour faire honneur à Albon, Comte de Vienne, surnommé Dauphin, dont il avoit épousé la fille, voulut que les terres fussent appelées Dauphiné. Le Dauphiné passa en 1194 de cette famille dans celle de Bourgogne par le mariage de Béatrix Dauphine, sœur de Gui X, mort sans enfans, avec Hugues III, Duc de Bourgogne, & ensuite dans celle de la Tour-du-Pin par le mariage d’Anne Dauphine, arrière-petite-fille de Béatrix & de Hugues, qui épousa Humbert I, Seigneur de la Tour-du-Pin. Gui XIIe, leur petit-fils, n’ayant point laissé d’enfans, eut pour successeur Humbert II, qui ayant perdu son fils aîné à la bataille de Créci, & ayant vu mourir en 1338 le second, qu’il laissa tomber d’une fenêtre du palais de Grenoble en badinant avec lui, se retira dans le Couvent des Jacobins à Paris, & donna ses Etats à Philippe de Valois, à la charge que les fils aînés des Rois de France porteroient le nom de Dauphin, & qu’ils écarteleroient de France & de Dauphiné, comme ils le font. L’acte de donation fut passé à Romans le 30 Mars 1349. Nicolas Chorier, Avocat au Parlement de Dauphiné, a écrit l’Histoire du Dauphiné en deux volumes in-fol. imprimés, le premier à Grenoble en 1161, & le second à Lyon en 1672 ; & M. le Président de Valbonnet a donné d’excellens Mémoires pour servir à l’Histoire du Dauphiné. Ils furent imprimés à Paris en 1711, in-fol.

Dauphiné d’Auvergne. Petite contrée de la Basse-Auvergne. Delphinatus Arverniæ. Elle est près de la rivière d’Allier & de la ville d’Issoire. Le bourg de Vodable en est le lieu principal. Chorier, Maty, Corn.

DAUPHINOIS, OISE. s. m. & f. Delphinas. La postérité des Gaulois, qui avoient suivi Ségovèse en Allemagne, ravagea la Macédoine, désola la Grèce, prit & saccagea la ville & le temple de Delphes ; il y avoit dans cette expédition des Allobroges, qui de-là revinrent en leur pays, &, si l’on en veut croire quelques Auteurs, qui ne sont fondés que sur la ressemblance des noms, ils en rapportèrent le nom de Delphinates, ou Dauphinois. Voyez Chorier, Hist. de Dauphiné, L. III. §. 3, p. 127.

DAURADE. Voyez DORADE.

D’AUTANT. adv. beaucoup : il est en usage en cette phrase, du style familier, Boire d’autant, pour dire beaucoup, plurimùm, immoderatè. Il se dit aussi d’une somme fixe & certaine. Quand vous me donnerez cette somme sur ce que vous me devez, vous serez quitte Sautant. Hâc summâ, hâc debiti parte liberaberis.

D’autant plus, d’autant mieux. Adv. de comparaison. Eò melius, eò magis, tanto magis, tanto melius. La vertu est d’autant plus à estimer, qu’elle donne la tranquillité de l’ame en ce monde, outre la récompense qu’elle reçoit en l’autre. Je vous aime d’autant mieux, que je vois que vous vivez en honnête homme. On pèche d’autant plus, qu’on pense moins à Dieu. Pasc. Ce sentiment dans le sens des Jansénistes est faux & condamné. L’injustice de cet ingrat accusateur devroit être d’autant plus grande, qu’il ne peut avoir aucune connoissance de la misère de ceux qui sont dans le péché. Port. R.

D’autant que. conjonction. Parce que. Et d’autant que c’est mon pupille, il faut que je veille à ses intérêts. Il ne se dit guère qu’en style de Pratique & de Chancellerie.

DAX.

DAX. Ville de France, dans la Gascogne. Aquæ Augustæ, Aquæ Tarbellicæ, Tasta, Datii, Dascii. On l’appelle, ou l’on écrit aussi Acqs, Dacqs, & d’Acqs. Un mauvais usage a confondu l’article avec le nom. Dax est dans le pays d’Auribat, qui fait partie de la Gascogne particulière. Corn. Dax est Capitale de la contrée des Landes. Il est situé sur l’Adour, que l’on y passe sur un beau pont de pierre. Maty. Il y a à Dax une Sénéchaussée & un Evêché suffragant d’Auch. Il y a à Dax une fontaine d’eaux très-chaudes, & qui sentent le souffre. Du Chesne dit qu’elles sont salées. C’est de-là que lui viennent ses deux premiers noms Latins, & à la Province le nom d’Aquitania qui lui fut donné par les anciens Romains avant Jules-César. Eaux Thermales de Dax. Aquæ Tarbellicæ. Voyez le Dict. de James, article Thermæ, au sujet de la fontaine minérale de cette ville, qu’on appelle communément la Fontaine chaude, ou la Fontaine du bain. Dax a eu des Seigneurs particuliers qui prenoient la qualité de Vicomtes d’Acqs. Dax & Bayonne sont les deux premiers lieux où les Gascons descendus des Pyrénées s’établirent. Du Chesne, Antiq. des Villes de Fr. P. II. C. 19. Le même Auteur dit que Dax a été nommé la ville des Nobles, parce qu’avant la réduction de la Guyenne, il étoit gouverné par douze Seigneurs & Gentilshommes du pays, lesquels y avoient tous chacun une tour enrichie des qualités de leur famille. Charles VII l’unit à la Couronne en Septembre 1451.

DAY.

DAY. s. m. Voyez Dey.

DAFAR. Ville de l’Arabie Heureuse, dans le Royaume d’Yémen. Long. 70. lat. 15.

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☞ DÉ. s. m. Petit cube d’os ou d’ivoire, marqué d’un différent nombre de points sur ses six faces, depuis un jusqu’à six, & qui sert à jouer. Talus, tessera. Jouer aux dez, perdre son argent aux dez. Ludere talis.

Les Grecs inventèrent les échecs & les dez pour se désennuyer au siège de Troye. Le Gendre. Cette question est si problématique, que je la voudrois décider à trois dez. C’est ce que les Anciens ont entendu par ce mot alea judiciorum, ou le hasard des jugemens. On trouve proche de Bade une infinité de pierres qu’on prendroit pour des dez. On ne conçoit pas quelle cause peut avoir marqué sur des pierres les mêmes chiffres avec tant de régularité. Voyez BADE.

Ce mot vient de dati, qu’on a dit par corruption de dadi, à dando, qui se trouve dans les Auteurs. Ménage. Acrisius le dérive à digitis, parce qu’on le joue avec les doigts : d’où vient qu’on a dit aussi digitale, pour dire un dé à coudre. D’autres disent que c’est un vieux mot Gaulois, parce qu’en Bas-Breton on appelle encore dis, un cube, un dez à