Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, III.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
121
DEB

depravare, corrumpere, ad nequitiam adducere. Les mauvaises compagnies débauchent la jeunesse. Quand on donne trop de liberté aux jeunes gens cela sert à les débaucher.

Débaucher, dans le sens propre, c’est ôter de dessus les murs l’enduit qu’on appelle bauche ; & par métaphore débaucher se prend pour dépouiller quelqu’un des principes de sagesse & de vertu, dont on avoit tâché de le revêtir. Huet.

Débaucher, se dit particulièrement des filles qu’on suborne, qu’on corrompt, à qui l’on ôte l’honneur. Corrumpere, vitiare. On doit punir sévèrement ceux qui font métier de débaucher des filles & femmes, de contribuer à leur débauche.

Débaucher, signifie aussi, persuader à quelqu’un de changer de maître, de parti, de profession : corrompre la fidélité de quelqu’un. Sollicitare aliquem verbis, spe, mercede. C’est une adresse de Capitaine de débaucher les soldats des ennemis. On lui a débauché ses meilleurs amis. Les valets se débauchent les uns les autres pour changer de condition. Cela n’est ni beau, ni honnête, de nous débaucher nos laquais. Mol. Vraiment je vous trouve bien vaine de me débaucher mes beautés. Sar.

Débaucher, signifie aussi détourner quelqu’un de son devoir. Ab officio abducere, avertere, avocare. Débaucher un écolier de l’étude. Débaucher un ouvrier de son travail.

Débaucher, signifie aussi, faire faire à quelqu’un quelque chose qu’il n’a pas coutume de faire ; lui faire quitter son travail pour un divertissement honnête. Persuadere. J’ai débauché mon Avocat, je l’ai mené à la Comédie. On a de la peine à débaucher ce barbon, à le faite sortir de son cabinet, à le faire rire.

Débaucher, se dit figurément en choses morales. Depravare, corrumpere. Les esprits se débauchent aussi-bien que les corps, ils se jettent dans le libertinage. On dit d’un estomac foible & indigeste, qu’il est débauché. On dit d’un homme indisposé, dont la santé commence à s’altérer, qu’il se sent tout débauché.

Débauché, ée, part.

DÉBAUCHÉ, ÉE. s. m. & f. Qui aime la débauche, qui se livre aux plaisirs sans contrainte & sans modération. Popino, ganeo. Un vieux débauché, qui s’est livré à la débauche toute sa vie. Une débauchée, fille de joie, qui se prostitue. Meretrix, scortum. Voyez Libertin & Crapuleux.

Quand ce mot est accompagné d’une épithète favorable, il signifie, qui aime les plaisirs honnêtes, une vie libre. Amator, sectator voluptatis. On dit d’un homme agréable dans la débauche, c’est un agréable débauché.

DEBAUCHEUR, euse. s. m. & f. Qui débauche, qui corrompt les filles & les femmes. Corruptor, vitiator. La plupart des revendeuses sont des débaucheuses de femmes. Il n’est en usage ni au masculin ni au féminin.

DEBBASETH ou DABBASETH. En Hébreu Debbascheth. Lieu de la Tribu de Zabulon. Adrichomius, & d’autres après lui, disent que c’étoit une ville qu’ils placent proche de la mer. S. Jérôme l’appelle Dasbath. Josué en parle, XIX. 11. Les Septante la nomment Betharaba.

DÉBELLATOIRE. adj. de t. g. Vieux mot. Victorieux. Debellatorius, a, um. Les débellatoires effets de la sienne très-glorieuse & très-triomphante victoire de Gennes. J. Marot.

DÉBELLER. v. a. Vieux mot formé du latin debellare, vaincre, dompter, mettre hors d’état de faire la guerre. M. l’Abbé du Bos fait voir clairement que les Gaulois & les Romains n’ont point été débellés & subjugués par les François, & par conséquent n’ont point été réduits à la condition de serfs & d’esclaves par ces prétendus vainqueurs. Le Pour et Contre.

DEBENTUR. s. m. Mot Latin qu’on a francisé. C’est la quittance que chaque officier des Coûts Souveraines donnoit au Roi, lorsqu’il recevoit les gages qui lui étoient dus. Apocha. Cette quittance s’appelle debentur, parce que dans le tems qu’on rédigeoit les actes en latin, elle commençoit par ces mots debentur mihi, &c. Ces debentur n’ont plus lieu depuis qu’il y a des états des gages des officiers.

DEBERA, selon l’Hébreu DEBIRA. Ville de la Tribu de Juda, au nord, proche des confins de la Tribu de Benjamin. Il en est fait mention, Jos. XV. 7. Quelques uns la confondent mal-à-propos avec Dabir, à l’exemple de Wolfgand de Weissembourg, & en font une ville Lévitique. Elle étoit entre la vallée d’Achor au nord, & le rocher de Bohen au midi.

DEBET. s. m. Terme de Finance, qui se dit de ce qui se trouve dû par un comptable après l’arrêté de son compte. Summa quâ obligari quispiam convincitur expensis ejusdem rationibus. On fait la recherche des débets des comptables.

Débet de Quittance, à la Chambre des Comptes, se dit lorsqu’un comptable doit rapporter quittance. Beaucoup de Parties saisies demeurent en débet de quittance.

Débet de Clair est la même chose que dette liquide.

☞ Payer sa charge en débets, c’est la payer en se chargeant de la payer à l’acquit de son prédécesseur.

Débet, se dit aussi dans le commerce des Parties données à crédit qui sont sur les livres des Marchands.

DÉBIFFER. v. a. Gâter, mettre en désordre. Stomachum dissolvere. La débauche continuelle l’a tellement débiffé, qu’il ne s’en sauroit remettre. Il a l’estomac tout débiffé ; c’est-à-dire, qu’il fait mal ses fonctions. Ce mot est tout-au-plus du discours familier.

Débiffé, ée. part. estomac débiffé. Visage débiffé. Visage ou estomac d’un homme qui paroît affoibli par quelque excès.

DÉBILE. adj. de t. g. Foible, sans forces, languissant, Debilis, imbecillis. On a les jambes débiles après de longues maladies. Un estomac débile doit observer un grand régime. Un arbrisseau débile. Boil.

Débile, se dit figurément en choses spirituelles. Un esprit débile est celui qui est foible, avec peu de connoissance & de fermeté. Une mémoire débile, qui ne retient pas facilement.

DÉBILEMENT. adv. D’une manière débile. Debiliter. Ce convalescent marche encore fort débilement.

DÉBILITATION. s. f. Affoiblissement, debilitation des nerfs. Debilitatio. Il se fait une insensible débilitation du corps & de l’esprit à mesure que l’on vieillit.

DÉBILITÉ, s. f. Défaut de forces, foiblesse du corps en général, qui affecte également tous les muscles, en sorte qu’on ne peut exécuter les mouvemens qui dépendent de la volonté, remuer ou lever les membres, quoiqu’on en ait envie, sans cependant qu’on éprouve aucun sentiment de douleur : car la difficulté d’exercer les mouvemens du corps, accompagnée d’un sentiment de douleur, comme dans la goutte, n’est point débilité ; non plus que dans la paralysie, qui n’affecte pas également tous les muscles, & qui d’ailleurs suppose une impuissance absolue de remuer certains membres, au lieu que dans la débilité cette impuissance n’est pas invincible. Un homme affoibli par une longue maladie, alité par la fièvre est dans un état de débilité. Debilitas. Un bon régime, des alimens choisis, des remèdes fortifians, un exercice modéré conviennent dans la débilité ; mais il faut aller lentement pour produire un changement d’état. Débilité de vue. Débilité de jambes, d’estomac, & au figuré, débilité d’esprit ; pour dire, imbécillité. Il n’est point d’usage au figuré.

DÉBILITER, v. a. Rendre foible, affoiblir. Debilitare. Le trop de lecture débilite la vue. Les bains, le vin, débilitent les nerfs. Les trop fréquentes saignées débilitent un malade. Il croyoit qu’un souvenir si funeste débiliteroit le courage des soldats. Ablanc. Affoiblir est bien plus usité que débiliter. Débiliter est plus