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lexandre. Mais les noms terminés en Grec en τριος, nous ne les avons jamais tournés en dre ; nous gardons la terminaison latine tirée de la grecque. Les Traducteurs que nous venons de citer sont de meilleurs garants de cet usage, que M. Tillemont ; lui-même a dit souvent Démétrius dans son Histoire des Empereurs.

DÉMETTRE, v. a. Faire sortir un os hors de sa place, le disloquer. Pedem, brachium, humerum laxare. Il l’a tiré si rudement, qu’il lui a démis le bras. Il a fait une chute, il s’est démis le pied. Ce cheval s’est démis l’épaule. Fortifiez, Seigneur, ce qui est infirme, guérissez ce qui est malade, rétablissez ce qui est démis, ou rompu. Pélisson.

Démettre, signifie aussi, dépouiller quelqu’un d’une charge, d’un emploi, d’une dignité. Aliquem munere abdicare. Un Seigneur ne peut démettre un Officier pourvu à titre onéreux, sans remboursement. On doit démettre un Officier pour forfaiture, pour concussion.

Démettre, avec le pronom personnel, signifie en général quitter un emploi, une charge, un office, particulièrement un Bénéfice. Abdicare se magistratu, munus abdicare, deponere. Dioclétien se démit volontairement de l’Empire. Ce père s’est démis de sa charge en faveur de son fils. Un tel Evêque s’est démis de son évêché. On dit aussi, se démettre d’une affaire, pour dire, s’en déporter, ne s’en plus mêler.

Démettre, C’est simplement révoquer celui qui est pourvu d’un office, en laissant subsister le titre. Supprimer, c’est anéantir jusqu’au titre.

☞ Se démettre & abdiquer ont aussi leur nuances particulières. On n’abdique que les places éminentes, & c’est toujours un acte volontaire. Voy. ce mot. On se démet de toutes sortes de places, grandes ou petites, d’un Bénéfice & c’est quelquefois un abandon forcé. On ne doit se démettre que quand il n’est plus permis de remplir ses devoirs avec honneur Voy. encore démission, résignation, renonciation, désistement.

Démis, ise. part. Il a ses significations de son verbe

DÉMEUBLEMENT. s. m. Action de démeubler.

DÉMEUBLER. v. a. Ôter les meubles d’une chambre, d’une maison. Supellectilem eximere. On a démeublé cet appartement d’hiver, pendant qu’on occupera l’appartement d’été. Il habite dans une chambre démeublée.

Démeubler, se dit, dans un sens figuré, en parlant de la bouche dont on ôte toutes ou presque toutes les dents. Ceux qui se sont arracher les dents toutes les fois qu’ils y sentent de la douleur ont bientôt démeublé leur bouche. Dionis.

Démeublé, ée. part. Nudatus supellectili. Une bouche démeublée, est une bouche où il n’y a plus de dents.

DEMEURANCE. s. f. Ce mot est hors d’usage, & en sa place on dit demeure. Domicilium, sedes, domus.

DEMEURANT, ante. adj. Qui habite, qui loge en un lieu. Habitans, commorans. Les Bourgeois demeurans sur la rue, sont tenus de mettre des lanternes aux fenêtres pendant les réjouissances publiques.

Demeurant. s. m. Restes. Reliquium. Bon dans le discours familier.

Mainte veuve souvent fait la déchevelée,
Qui n’abandonne pas le soin du demeurant,
Et du bien qu’elle aura fait le compte en pleurant. La Font.

Régnier dit qu’un Pédant affamé voyant desservir.

Semblait avoir, des yeux, regret au demeurant.

Au demeurant. adv. Vieux mot qui signifie au reste, Ceterum. Marot dit de son valet,

Sentant la hart de cent pas à la ronde,
Au demeurant le meilleur fils du monde.

Ce terme est vieux, & on ne s’en sert plus que dans le discours familier. Je regrette fort les mots qui servent aux liaisons des périodes, parce que nous eu avons grand besoin, & qu’il les faut varier. Vaug.

☞ DEMEURE. s. f. Domicile, lieu où l’on habite. Paris est la demeure de bien des Provinciaux. Sedes, domicilium. Choisir, établir, fixer sa demeure en quelque endroit, à la ville, à la campagne. Belle, agréable demeure. Triste, sombre demeure.

Souffrez que ces demeures sombres,
Prêtent leur solitude au trouble de mon cœur. Mol.

L’Ordonnance enjoint aux Sergens de marquer dans leurs exploits le lieu de leur demeure. Le Paradis est la demeure, le séjour des Bienheureux. Les Poëtes appellent l’Enfer les sombres demeures. La prison est une triste demeure. Donnez-moi votre demeure par écrit. Voyez Demeurer.

Demeure. Il signifie aussi le temps pendant lequel on habite en un lieu. Il n’a pas fait longue demeure en ce lieu là. Ac. Fr.

Demeure, signifie aussi, état de consistance, dans cette phrase, Cela n’est pas à demeure. Cela n’est pas fait à demeure, pour dire, cela ne doit pas demeurer en l’état où il est.

☞ Labourer à demeure, en termes d’Agriculture & de Jardinage, Voyez Demeurer.

Demeure, se dit aussi, en termes de Chasse, des lieux où se retirent les bêtes, selon la diversité des saisons. Latibulum.

Demeure, en termes de Palais, se dit des retardemens du temps qui court au-delà du terme où l’on est obligé de payer, ou de faire quelque chose. Mora. Les intérêts d’une somme mobiliaire ne sont dus qu’à cause de la demeure, sont adjugés du jour du commandement de payer, qu’on est en demeure. Le Procureur a été forclos, parce qu’il est en demeure de produire, de faire son enquête.

DEMEURER, v. n. Avoir sa demeure, habiter dans quelque lieu, y faire sa résidence. Commorari, manere, habitare. Les Anciens ont cru qu’on ne pouvoir demeurer sous la Zone Torride, ni dans les Zones Glaciales. Les Nobles qui demeurent à la campagne, sont traités de campagnards. Les bêtes farouches demeurent dans les forêts, dans les lieux deserts. Diogène ayant appris que les habitans de Synope l’avoient banni de leur ville, & moi, dit-il, je les condamne à y demeurer, parce que le séjour en étoit désagréable. Ab.

☞ Ces deux mots demeurer & loger, sont synonymes dans le sens ou il signifient la résidence : mais demeurer se dit par rapport au lieu topographique où l’on habite ; & loger par rapport à l’édifice où l’on se retire. On demeure à Paris, en Province, à la campagne. On loge au Louvre, chez soi, en hôtel garni. Syn. Fr. Quand des gens de distinction demeurent à Paris, ils logent dans des hôtels, & quand ils demeurent à la campagne, ils logent dans des châteaux.

Ce mot vient du Latin dimorare, ou dimorari. Du Cange.

Demeurer, signifie aussi, être un espace de temps à faire quelque chose. Morari. Saturne demeure 30 ans à faire le tour du Zodiaque. Les couriers les plus prompts demeurent huit jours à aller de Paris à Rome. Cet usage du verbe demeurer n’est pas bon. On se serviroit plutôt des verbes être, passer, mettre ou employer. Saturne est trente ans, ou met trente ans à faire le tour du Zodiaque. Virgile passa toute sa vie à travailler à l’Enéide : ou bien l’on ne mettroit aucun de ces verbes, & l’on diroit tout court, Virgile travailla 20 ans, travailla toute sa vie à son Enéide.

Demeurer, signifie aussi, s’arrêter, ne pas quitter le lieu où l’on est. Consistere, stare. Une sentinelle crie au moindre bruit, qui va là ? demeure là. Quand il apprit cette nouvelle, il demeura tout court, il