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CRI

CRIM-TARTARE. s. m. & f. Nom de peuple. Habitant de Crimée. Crimæus Tartarus. Les Crim-Tartares écrasent le nez de leurs enfans, & croient que c’est une folie de porter un nez devant les yeux. Vign. Marv.

CRIN. s. m. Long poil qui vient au cou & à la queue des chevaux & de quelques autres animaux. Juba. Quand le cheval se cabre, on le prend aux crins. Le crin sert à plusieurs usages, à garnir des sommiers, des matelas, des selles, des chaises, à faire des bourses, des boutons, des cordons de chapeau, &c.

Ce mot vient de crinis, Nicod. Et crinis, selon le P. Pezron, est pris sur le crin des Celtes, qui veut dire, aride, n’y ayant rien de plus sec & aride que les cheveux. Pezron.

☞ On dit populairement prendre quelqu’un au crin & aux crins, le prendre aux cheveux. Se prendre aux crins, se prendre aux cheveux. Ces deux hommes se sont pris aux crins & se sont battus.

Crin d’Archet. Terme de Luthier. Crin qu’on frotte avec de la colophane, & dont on se sert pour faire resonner quelques instrumens de Musique, comme violes, violons, &c. Plectrum.

Crin. Terme de Métallurgie. C’est ainsi qu’on appelle dans l’exploitation des mines une interruption de la mine ou du filon, causée par l’approche d’un ban de pierre.

CRINAL. s. m. Crinale, is. Instrument de Chirurgie pour comprimer la fistule lacrymale. Voyez le Dict. de M. Col de Villars.

CRINIER. s. m. Artisan qui accommode le crin, & le met en état d’être employé par les Selliers, Tapissiers & Bourreliers. Qui jubas aptat in opus quodlibet.

CRINIÈRE. s. f. En terme de Manège, est le crin qui est sur le haut de l’encolure du cheval, tout le crin qui est depuis le toupet jusqu’au garot. Juba. Les crinières larges sont moins estimées que les autres. Ce cheval a une belle crinière. On dit ironiquement de ceux qui ont de vilains cheveux, qu’ils ont une vilaine crinière.

Crinière est aussi une couverture de cheval qu’on met sur les crins depuis le haut de la tête jusqu’au surfaix. Jubæ stragulum. On en use en Angleterre, & en plusieurs autres endroits.

Crinière, se dit plus particulièrement du crin qui est sur le cou des lions. Juba. Un lion en fureur secoue d’abord sa crinière.

On appelle quelquefois la Comète, une étoile à longue crinière. Crinitus cometa. Voy. Comète.

CRINON. s. m. Sorte de petits vers qui viennent sous la peau des enfans, & qui sont en forme de gros cheveux courts, ou de soie de sangliers. Par le moyen du microscope ils paroissent de couleur de cendre, ayant deux longues cornes, les yeux ronds & grands, la queue longue & velue au bout ; en un mot, horribles à voir. Ils occupent ordinairement les parties musculeuses du dos, des épaules ; du gras de la jambe au-dessous de l’épiderme, & causent une démangeaison continuelle & fâcheuse, qui est très-sensible, & des inquiétudes, des cris & des insomnies aux enfans, qui s’aimaigrissent & tombent enfin en langueur : ce qui fait dire à plusieurs meres que leurs enfans sont ensorcelés. Les enfans foibles & délicats y sont le plus sujets. La cause des crinons est la suppression de la transpiration insensible : la matière retenue se pourrit, & les semences ou les œufs qu’elle contient venant à éclorre par une chaleur douce & modérée, se convertissent en ces petits vers. On les découvre, & on guérit l’enfant en le mettant dans un bain, où on le frotte bien avec du miel. Les crinons sortent avec la sueur, & il est facile de les racler & de les arracher avec un rasoir, ou une croûte de pain, tandis qu’ils montrent la tête. Quelques-uns, au lieu de ce bain, mettent les enfans jusqu’au cou dans une lessive où ils font bouillir de la fiente de poule, & les y laissent suer, en excitant les crinons avec leurs mains enduites de miel. Sitôt qu’ils paroissent, on les racle de la même manière : ce qu’il faut continuer deux ou trois jours, jusqu’à ce qu’on n’en voye plus sortir. On les appelle comedones, du verbe Latin comedere, manger, à cause de la maigreur des enfans dont ils mangent la nourriture ; ou crinones, de crinis, cheveu, parce qu’ils sortent d’ordinaire par les pores de la peau, en forme de cheveux courts, ou de poils noire. Voyez DRACUNCULUS.

CRIOBOLE. s. m. Terme d’Antiquaire. Sacrifice d’un mouton, d’un bélier. Criobolium. Le Criobole se faisoit autrefois chez les payens à l’honneur d’Atys, comme le Taurobole se faisoit à l’honneur de Cybèle mere des Dieux. Ce sacrifice se trouve marqué sur plusieurs bas-reliefs anciens par une tête, ou crâne de bélier, avec des festons de fleurs & de fruits. On faisoit souvent le Taurobole & le Criobole ensemble à Cybèle & à son favori, comme on le voit dans de vieilles inscriptions, où ils sont appelés Grands Dieux, & où le Taurobole & le Criobole sont presque toujours joints ensemble. Cet Atys est, à ce que l’on croit, le même que le Soleil, c’est pour cela qu’il est appelé Menotyrannus, Μηνοτύραννος, Roi des mois.

M. D. M. I.
ET ATTIDI SANCTO
MENOTYRANNO
Q. CLODIUS
FLAVIANUS
V. CL. PONT. MAJOR.
XV. VIR S. F. SEPTEM
VIR EPULONUM
TAUROBOLIO CRIOBO
LIOQUE PERCEPTO.

Voyez Saumaise sur Lampridius, C. VII de ses Notes, édit. de Paris in-folio, p. 179. & 180. Dans cette inscription je crois qu’à la première ligne il faut M. D. M. D. au lieu de M. D. M. I. & je l’explique, Magnis Diis, Matri Deûm, &c. comme on le voit tout au long sur beaucoup d’autres qui sont dans Gruter.

CRIOLE. s. m. Terme de Relations. C’est un nom que l’on donne aux familles des descendans des premiers Espagnols qui s’établirent en Amérique dans le Mexique. Les Espagnols qui viennent d’Espagne sont grands ennemis des Crioles, & empêchent qu’ils ne parviennent aux charges. Voyez Hornius. Orb. Polit. On dit plus ordinairement en François Créole que Criole.

☞ On donne généralement le nom de Créole à tout Européen d’origine qui est né en Amérique.

CRIOPHORE. adj. m. Pausanias parle du Temple de Mercure Criophore, ou porte-bélier, ainsi appelé, parce que Mercure avoit empêché que la peste ne désolât la ville de Thebes, en portant un bélier tout autour des murailles. De là venoit qu’à la Fête de Mercure, le mieux fait des jeunes garçons de la ville faisoit le tour de ses murailles, portant un bélier ou un agneau sur ses épaules.

CRIQUE. s. f. Les matelots appellent criques de petits ports sans art, ou plutôt de petits enfoncemens que la mer fait dans la côte, où de petits vaisseaux se peuvent retirer, & se mettre l’abri. Statio tuta.

CRIQUET. s. m. petit cheval de peu de valeur. Mannulus. Il a acheté un petit criquet pour monter un laquais.

Que plût-à-Dieu que faute de Pégase,
Je pusse au moins, monté sur un criquet,
A travers monts voler au Bourniquet,
Et voir de près le Patron de la Case ! P. Du Cerc.

Ménage dérive ce mot de kerkettus, dérivé du Grec κερκος. M. Huet croit qu’on appelle criquet, un petit cheval, par une comparaison hyperbolique avec le grillon, qu’on appelle criquet.

CRISE. s. f. Ce mot dans sa propre signification