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DIR DIS

Directoire se dit aussi, dans plusieurs pays, d’une espèce de Tribunal chargé d’une Direction, soit civile, soit militaire.

DIRECTRICE. s. f. Celle qui dirige, qui préside, qui gouverne. Rectrix, moderatrix. Ce mot se dit particulièrement d’une fille qui gouverne une Maison de Religieuses. Il est néanmoins des Communautés de filles, où Directrice se dit des subalternes ; par exemple, dans la Congrégation des Sœurs de S. Joseph, chaque maison est gouvernée par une Supérieure, qui a le titre de Prieure ; une Intendante & une Coadjutrice. Il y a encore une Econome, une Admonitrice, une Intendante des Pauvres, une Directrice de l’Assemblée de la Miséricorde, & quelques autres Officières. P. Helyot, T. VIII. c. 24

Directrice. Se dit aussi, en Géométrie, d’une ligne le long de laquelle on fait couler une autre ligne, ou une surface dans la génération d’une figure plane ou d’un solide. Encyc.

DIREM ou DIRHEM s. m. Terme de Relation. Nom d’un poids des Arabes, qu’ils appellent Dirhec, & au pl. derahim, & que les Persans nomment Direm. C’est la douzième partie de l’once Arabique. Unciæ Arabicæ pars duodecima. Un dirhem & demi pèse un methcal, ou une drachme, de sorte qu’il y en a douze à l’once, qui n’est que de 8 drachmes. D’Herbelot.

Le Direm pèse aussi douze carats, & se prend souvent pour une fort petite monnoie de cuivre. Id. En ce cas, c’est la même chose quant au poids que le methcal, ou que l’once.

Il y a aussi un dirhem d’argent. Ce fut Hégiage, qui mourut l’an 95 de l’hégire, qui étant Gouverneur de l’Iraque Arabique, fit battre le premier des derahim d’argent. Le dirhem d’argent a pesé quelquefois un methcal, puis les dix dérahim n’ont pesé que cinq, ou six, ou sept methcals, ou onces Arabiques. D’Herb.

Voici la proportion de ces poids & de ces monnoies aux nôtres. Le premier dirhem est de 32 de nos grains. Le second de douze carats est de 48 de ces mêmes grains. En supposant le dirhem d’argent de même titre que sont nos monnoies, & mettant l’argent à 32 l. comme nous faisons toujours dans cet ouvrage, le premier dirhem d’argent vaudroit en France 6 s. 4 d. & puis, selon les différences marquées ci-dessus par d’Herbelot, 3 s. 2 d. 3 s. 9 d. ½ & un peu plus, & enfin 4 s. + 5 d. + ⅔ de d.

DIRES. s. f. C’est le nom que l’on donne quelquefois aux Furies. Virgile les nomme ainsi en plusieurs endroits, & entr’autres au IVe Livre de l’Enéide :

Ultricesque sedent in limine Diræ.

Quelques-uns prétendent que les Furies du Ciel & de l’air sont appelées Dires ; celles de la terre Furies, & celles des enfers Euménides. M. du Rondel est de ce sentiment, dans ses réflexions sur le Chapitre de Théophraste touchant les superstitions. Il dit que, quand un homme étoit mort, les Payens croyoient qu’on examinoit au Ciel ses pensées devant les Dires ; qu’on examinoit ses actions en terre devant les Furies ; & qu’il rendoit compte dans les Enfers devant les Euménides, des bruits qui avoient couru de lui.

DIRG, ou DERG. Rivière de l’Ultonie en Irlande. Derghus, anciennement Vidua. Le Dirg prend sa source au lac de Derg, ou Ernuleiffer, où l’on voit dans la petite Île de Regles une caverne profonde, dans laquelle il se fait un bruit que le peuple croit être les plaintes des ames du Purgatoire, & qu’il appelle le Purgatoire de S. Patrice. Le Derg passe par Derg & Strabane, au-dessous de laquelle il prend le nom de Lac Foyle, &, après avoir baigné Londonderry, il se décharge dans un grand golfe auquel il donne le même nom.

DIRHEM. Voyez DIREM.

☞ DIRIBUTEUR. s. m. Nom qu’on donnoit chez les Romains à un esclave, dont la fonction étoit d’arranger & de donner différentes formes aux ragoûts qu’on servoit sur les tables. On l’appelloit aussi Structor. Encycl.

☞ DIRIBITOR. Dans Apulée, c’est le distributeur des bulletins pour les suffrages dans les assemblées, dans les jugemens. Le Diribitor, dans un repas, ne seroit-il point ce que nous appelions Ecuyer-tranchant, celui qui coupe & qui sert à table ?

☞ DIRIGER, v. a. Régler, conduire. Regere, dirigere. Il a été choisi pour diriger la compagnie, pour diriger cette Maison Religieuse. C’est un tel qui dirige sa conscience, qui a soin de sa conscience.

On dit aussi, en termes de Casuistes, Diriger son intention ; pour dire rapporter ses actions à une fin certaine, & plus ordinairement à une bonne fin, quoiqu’en apparence elles puissent être blâmées. Dirigere consilium, voluntatem ad rem aliquam. Si l’on n’a soin de réfléchir souvent sur soi-même, & de diriger son intention à une bonne fin, on perd le fruit & le mérite d’une infinité d’actions qui sont indifférentes, ou même bonnes de leur nature. On a beau diriger son intention ; quand l’action est mauvaise d’elle-même, & qu’on la connoît pour telle, on ne peut la rectifier.

Diriger sa marche, si course, &c. c’est les tourner d’un certain côté. Dirigere iter aliquò, ad aliquem locum. Cet oiseau dirige son vol vers tel endroit.

On dit, en termes de Mathématiques, qu’une alhidade, un cordeau dirigent le rayon visuel, dirigent une ligne droite, quand elles les font observer, ou mirer un point directement opposé.

Diriger. Terme d’Astrologie. C’est tirer une ou plusieurs directions.

Dirigé, ée. part.

DIRIMANT. Terme de Droit Canonique. On appelle empêchement dirimant, un défaut qui emporte la nullité d’un mariage. Impedimentum dirimens. Il y a quatorze empêchemens dirimans. Voyez EMPÊCHEMENT.

DIRSCHOW, DERSOW, ou TSCOZOW. Petite Ville de la Prusse Royale. Dirchovia, Dirsavia, Dersavia, Czerum. Elle est dans la Pomeranie, sur la Vistule, à quatre lieues de Mariembourg, & à sept de Dantzic. Maty. Nous l’appelons en françois Dirchau, adoucissant la rudesse de la prononciation Allemande. Ceux du Pays la nomment Tscozow.

DIS.

DIS. Particule inséparable de plusieurs mots François, dont l’effet est ou de donner une signification contraire à celle du mot simple, comme dans disgrâce, disparité, disproportion, &c. ou de signifier çà & , & de marquer, détachement, séparation, distribution, &c. comme dans discerner, discourir, disposer, distraire, distribuer.

DIS. s. m. Terme de Mythologie. C’est un nom que les Anciens donnoient à Pluton, Dieu des enfers. Dis. Ils l’appeloient ainsi, parce que ce nom signifie riche, & qu’ils croyoient que, les richesses se tirant des entrailles de la terre, le Dieu des Enfers en étoit le maître. Vossius prétend De Idol. II. c. 60, p. 310. que c’est un mot Grec, Δις, Jupiter ; d’où vient que Virgile appelle Pluton Jovem Stygium.

Dis, Au rapport de César, L. VI. De Bello Gall. c. 4, passoit parmi les anciens Gaulois pour être leur père. C’étoit la tradition que les Druides leur enseignoient. De-là on conclut que ce Dis, que l’on nomme aussi Samothès, étoit un fils de Japhet & petit-fils de Noë, qui fut le chef de toute la nation des Celtes. Si l’on en croit Cluvier, Germ. Ant. L. I. c. 26. p. 223. & suiv. Dis étoit le même que Teut ; car de Θεῦτ, on avoit fait Ζεύς, de Ζεύς, Δείς, Δίς. Selon Vossius, De Idolol. L. II. c. 62, p. 320. C’étoit la Terre que les Gaulois adoroient sous le nom de Dis ; & de-là vient qu’ils se disoient descendans de Dis, c’est-à-dire, originaires de la terre qu’ils habitoient