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DIS

DISCUTER. v. a. Examiner une question, une affaire, un point d’Histoire, de Droit ; faire toute la recherche possible pour en découvrir la vérité, c’est proprement dégager une chose de tout ce qui lui est étranger, & qui ne peut servir qu’à l’embrouiller. Accuratè aliquid considerare, diligenter perpendere. Ce Commentateur a bien discuté cette question. Ce procès a été bien discuté par les Juges. L’article qui concernoit les Corses fut pareillement laissé indécis, mais non pas sans avoir été long-temps discuté de part & d’autre. L’Abbe Regn.

Ce mot vient du Latin discutere.

Discuter, signifie aussi, en Jurisprudence, Rechercher les effets d’un débiteur, les faire vendre par autorité de Justice, pour faire le paiement de ce qu’il doit. Inquirere debitoris in bona, eademque auctione sub hasta vendere. Ses Créanciers sont autorisés à discuter ses biens & ceux de sa caution. On dit, dans le même sens, discuter quelqu’un. On discute le principal obligé, avant que de discuter la caution.

Discuter, en termes de Médecine, signifie, séparer, diviser, pousser & chasser çà & là. Dividere, dissolvere, discutere. Les principaux effets des cataplasmes sont d’appaiser les douleurs, de ramollir, résoudre, discuter, ou mener à suppuration les matières amassées aux parties extérieures du corps.

DISCUTÉ, ée. part.

DISDIAPASON. s. m. Terme de Musique. Le disdiapason est une consonnance composée, que le P. Paran dit être quadruple de 4. à 1. ou de 8. à 2. Le disdiapason est une symphonie qui se fait lorsque la voix va de son premier ton au quinzième lieu. On peut appeler cette consonnance, une quinzième. La voix ne s’étend ordinairement que depuis son premier ton, jusqu’au disdiapason, c’est-à-dire, qu’elle n’a guère plus d’une double octave d’étendue, car le disdiapason est une double octave ou une octave redoublée. La voix peut quelquefois s’élever plusieurs tons au-dessus du disdiapason ; mais avec un effort qui fait que le son de la voix n’est pas naturel, & que l’on appelle fausset.

DISDIAPASON DIAPENTE. s. m. Terme de Musique. Consonnance composée en proportion sextuple de 12 à 2. ou de 1. à 6.

DISDIAPASON DIATESSARON. s. m. Terme de Musique. Consonnance composée en proportion de 16 à 3.

DISDIAPASON DITON. s. m. Terme de Musique. Consonnance composée en proportion de 10 à 2. ou de 20. à 4.

DISDIAPASON SEMI-DITON. s. m. Terme de Musique. Consonnance composée en proportion de 24 à 5.

Ces termes, qui sont pris des Anciens, & qui servent à expliquer les accords & les consonnances de leur Musique, se trouvent dans les Auteurs François qui ont écrit de la théorie de la Musique.

DISEN. Voyez DILIBOD.

DISSENTERIE. Voyez DYSSENTERIE.

DISSENTIS. Célèbre Abbaye du pays des Grisons, dans le quartier qu’on nomme la Ligue Grise, près de la source du haut Rhin. Discentium. L’Abbé de Disentis a droit de battre monnoie.

DISERT, erte. adj. Qui parle aisément & avec quelqu’élégance, qui a le discours pur & aisé. Il est bien plus aisé d’être disert, que d’être éloquent. Disertus, dicendi peritus.

☞ Il manque à l’homme disert, pour être éloquent, de la noblesse dans l’expression, & de l’élévation dans les pensées.

DISERTEMENT. adv. D’une manière diserte. Cet Avocat plaide disertement.

Disertement, signifie aussi, En paroles nettes & intelligibles. Je lui ai dit bien disertement que je voulois mettre telles clauses dans mon contrat. Clarè, dilucidè, disertis, conceptis verbis. La foi des Traités & des Capitulations, où ces franchises & libertés se trouvent disertement confirmées. Mem. d’Artois.

Un Privilège disertement appliqué & aux grains du cru & aux grains du commerce. Normant. Laissons ce mot au Palais. Il vient du Latin disertè, qui signifie la même chose : il ne se dit point dans l’usage ordinaire. On ne le trouve que dans des Factums & des Mémoires.

☞ DISETTE. s. f. Nécessité, manque de quelque chose nécessaire, nous dit-on, dans le Dict. de l’Acad. Notion fausse, ou trop vague. La disette est proprement un manque de vivres. Penuria. Son opposé est l’abondance. Copia. Nous sommes dans une grande disette de blés, de vivres. La pauvreté emporte la privation des commodités de la vie. L’indigence suppose un manque des choses nécessaires. La disette, dit M. l’Abbé Girard, est un manque de vivres.

☞ La disette semble venir d’un accident, ou d’un défaut de provision, plutôt que d’un défaut de biens-fonds. De sages précautions préviennent la disette ; les consommations superflues & immodérées la causent quelquefois.

☞ Les disettes qui arrivent dans l’Etat, sont une marque indubitable que la Police n’y est pas parfaite, ou qu’elle n’y est pas fidèlement observée. Voyez Besoin, Indigence, Pauvreté, Nécessité. Les Anciens ont personnifié la disette.

La disette au teint blême, & la triste famine,

Troublent l’air d’alentour de longs gemissemens.
Boileau.

Le mot vient de desita, qui a été fait de desinere, desivi, desitum. Ménage.

Les disettes arrivées en France, & dont nous avons connoissance, sont en 481. sous Childeric, en 588. sous Clotaire II. en 651. sous Clovis II. en 778. & 779. sous Charlemagne ; & 805. & 806. sous le même ; en 1304. sous Philippe le Bel, & les deux années suivantes ; en 1316. sous Philippe le Long ; en 1390. & 1391. sous Charles VI. en 1431. sous Charles VII. en 1446. sous le même Roi ; en 1560. sous Charles IX. en 1565. plus grande que jamais ; en 1572. & 1573. en 1587. causées par les guerres ; en 1625. sous Louis XIII. en 1629. sous le même ; en 1660. 1661. 1662. sous Louis XIV. en 1664. sous le même ; en 1693. & 1694. sous le même ; en 1698. & 1690. moindre ; en 1709. Voyez tous les Réglemens de Police qui furent faits en ces occasions-là, ramassés par M. de la Mare, dans son Traité de la Police, Liv. V. Tit. XIV. c. 10. & suiv. T. II. p. 983. & suiv.

☞ DISETTEUX, euse. Vieux adj. pris quelquefois substantivement. Qui manque des choses nécessaires. C’est un pauvre disetteux. digens, indigens.

M. Furetière a dit, dans un de ses Factums contre l’Académie, au lieu de rendre la langue riche & abondante, ils la rendent pauvre & disetteuse. Ce mot est vieux & suranné.

DISEUR. s. m. DISEUSE. s. f. Celui ou celle qui dit. Dicens, loquens. L’entente est au diseur ; c’est-à-dire, que celui qui parle entend bien ce qu’il veut dire, & qu’il y a quelque chose de caché que lui seul entend. Excepté dans cette phrase proverbiale, le mot de diseur ne s’emploie jamais seul. Un diseur de bons mots est celui qui affecte de paroître subtil & plaisant. Homo facetus. Les quatre grands diseurs de bons mots de notre temps étoient Angevins, M. le Prince de Guimené, M. de Bautru, M. le Comte de Lude & M. le Marquis de Jerzey. Ménage. Un grand diseur de riens, c’est un homme qui parle beaucoup ; qui ne dit que des bagatelles. Gerro, nugator. Un diseur de nouvelles, un nouvelliste. Narrator. Cette causeuse, cette grande diseuse de riens, cette monstrueuse éloquence des déclamateurs, a infecté les esprits des jeunes gens. S. Evr.

Le bon sens de l’esprit est le guide fidèle ;
Lui seul peut le conduire, & sait le ménager.
Un bel esprit, si j’en sais bien juger,
Est un diseur de bagatelle. S. Evr.