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ce voyage. On a fait partir devant l’Ecurie. Le Trésorier de l’Ecurie paie la dépense des Pages, des gens de livrée ; des chevaux, mulets, carrosses & charrois.

ÉCUSSON. s. m. Terme de Blason. Ecu chargé d’Armoiries. Laterculus, tessera gentilitiæ, scutum minus. Il se dit particulièrement d’un petit écu, quand on en charge un plus grand. Un écusson en abyme, qui est seul au milieu d’un Ecu. Une croix cantonnée de quatre écussons, &c. Les écussons en Espagne sont ronds par le bas, au lieu qu’en France ils se terminent par une petite pointe.

L’un des Capets, pour honorer son nom,
A de trois fleurs de lis doré son écusson. Boil.

Écusson, se disoit autrefois d’une sorte d’écu pointu par en bas, différent de l’écu cassé, que les Comtes, les Vicomtes & les Barons pouvoient seuls porter en guerre : ceux qui étoient d’un rang inférieur parmi la Noblesse portoient l’écusson.

Ce mot vient du Latin scutum.

Les Ouvriers appellent aussi écussons, ces platines de fer ou d’autre métal, qui servent à orner les heurtoirs des portes, les boutons, les entrées des serrures, &c.

Écusson, en termes de Jardinage, est une manière d’ente fort commune aux Jardiniers. Scutula, emplastrum. On ne fait guère que deux sortes d’ente, en fente & en écusson. Voyez Écussonner. A proprement parler, l’écusson n’est point la manière d’ente, mais c’est un œil levé de dessus une branche de l’année, à l’aide d’un petit couteau qu’on appelle écussonnoir. Cet œil se lève en formant une espèce de triangle, au milieu duquel est l’œil, & dont la pointe est toujours en bas ; ou bien cet écusson se lève en coupant l’écorce tout autour de l’œil en forme d’écusson, dont la pointe est au-dessous de l’œil, & la tête au-dessus. Ce petit morceau d’écorce que l’on sépare du bois, & au milieu duquel est l’œil, est ce qu’on appelle écusson, parce qu’il en a la forme. Greffer en écusson. Cet écusson est repris. Liger. Voyez Greffe.

Écusson, en termes de Médecine, se dit des sachets piqués où l’on enferme plusieurs poudres, & remèdes, mêlés avec du coton entre deux toiles, ou taffetas, qui représentent un écusson, assez grand pour couvrir l’estomac sur lequel on les applique. Emplastrum scutellatum. Quelquefois on appelle écussons, des emplâtres stomachiques étendues sur une peau de chevreau couverte d’un taffetas façonné en écusson.

ÉCUSSONNER. v. a. Greffer en écusson. Inoculare, inserere. C’est une opération par laquelle on substitue les branches d’une arbre à celles qui sont naturelles à un autre. Voyez Greffe & Greffer.

Écussonné, ée. part.

ÉCUSSONNOIR. s. m. Terme de Jardinier. Petit couteau pointu, qui a au bout de son manche une espèce de spatule, dont on se sert pour l’opération de la greffe en écusson. Cultellus scutulæ inserendæ idoneus. Il a pris son nom de son usage. Cultellus inoculatorius ; Cultellus ad insitionem scutulæ comparatus.

ÉCUYER. s. m. Titre qui marque aujourd’hui la qualité de simple Gentilhomme, & qui est au-dessous de Chevalier. Eques, nobilis scutarius, scutifer. On a fait la recherche des Nobles, & on a fait des taxes sur ceux qui avoient usurpé la qualité d’Ecuyer. On appeloit aussi autrefois Ecuyers, les jeunes Seigneurs qui n’étoient pas encore faits Chevaliers. On prétend qu’anciennement la qualité de Noble n’étoit pas inférieure à celle d’Ecuyer, laquelle n’a prévalu que depuis quelques siècles. L’Ordonnance de Blois à l’année 1579. est la première qui ait fait mention de la qualité d’Ecuyer comme d’un titre de Noblesse.

Pasquier prétend néanmoins dans ses Recherches, L. II. C. 15. que le titre d’Ecuyer est très-ancien ; que, dès le temps de la décadence de l’Empire Romain il y eut deux sortes de gens de guerre, dont les uns furent appelés Gentils, & les autres Ecuyers. Ammien Marcellin, L. XIV. C. 7. & L. XVI. C. 4. en parle comme de gens que l’on craignoit, & que l’on regardoit comme invincibles ; & Julien l’Apostat faisoit grand cas de ces troupes, pendant qu’il fut dans les Gaules. Dans la suite les Gaulois, ou peut-être seulement les François, ayant vu que les plus braves des troupes Romaines s’apeloient Gentils & Ecuyers, Gentiles & Scutarii, donnèrent aussi ces deux noms aux plus braves de leurs armées.

Ce mot vient du Latin scutum, ou de scutarius, scutiger, ou scutifer, à cause que les Ecuyers portoient l’écu des Chevaliers dans les behours & tournois.

Écuyer, étoit aussi, anciennement, le Gentilhomme servant d’un Chevalier, qui l’accompagnoit à l’armée & en toutes ses entreprises ; celui qui portoit son bouclier, scutum, d’où s’est fait scutifer, qui est le nom Latin de cet Officier, d’où le nom François s’est formé par corruption. On l’appeloit aussi Armiger, parce qu’il portoit non-seulement le bouclier, mais aussi les autres armes de son Chevalier. Au reste, on prétend que ce nom vient non-seulement de scutum, écu, bouclier, mais encore de scuria, écurie, parce que les Ecuyers avoient aussi soin de l’écurie des Chevaliers. Tous les Héros de Roman étoient toujours suivis de leur Ecuyer. Dom Quichote même avoir Sancho Pansa pour son Ecuyer.

Ce mot ne vient pas écu, scutum, comme ont cru quelques-uns, mais de equus & ceux-ci s’appeloient autrefois Ecuyers, en Latin equisones, & avoient soin des écuries seulement.

Écuyer, se dit aussi de celui qui tient une Académie, qui sait fort bien le manège, qui enseigne aux jeunes Gentilshommes l’art de bien manier les chevaux & de les dresser. Equinæ domituræ curator, magister. On a mis ce jeune Seigneur chez un fort bon Ecuyer.

On dit aussi, d’un homme qui se tient bien à cheval & de bonne grace, que c’est un bon Ecuyer. Peritus equitandi.

Écuyer, se dit aussi de ceux qui ont le soin, le gouvernement des chevaux du Roi, d’un Prince. Stabuli Magister. Chez le Roi, le Grand Ecuyer, qu’on nomme absolument Monsieur le Grand, possède une des premières charges de la Couronne. Cette charge est un démembrement de celle de Connétable, Comes stabuli, qui avoit la Surintendance des Ecuries du Roi : ce qui paroît, en ce qu’il porte, comme lui, deux épées à côté de l’Ecu de ses Armes, avec cette différence, que celles du Connétable sont nues, & celles du Grand Ecuyer dans un fourreau de velours semé de fleurs de lys avec la ceinture autour. Il n’est point fait mention du Grand Ecuyer avant Charles VII. Il y avoit seulement des Grands Maîtres de l’Ecurie dès le temps de Philippe le Long en 1320. Il prête serment de fidélité au Roi, & tous les Officiers des Ecuries le prêtent entre ses mains. Sa charge lui donne le pouvoir de disposer des charges vacantes de la grande & de la petite Ecurie, & de tous les offices qui en dépendent. Il ordonne des fonds destinés pour la dépense de la grande Ecurie, & de toutes les livrées de la grande & de la petite Ecurie. Les postes & les relais appartenoient autrefois au Grand Ecuyer, & n’en ont été démembrés que du temps de Henri IV. Aux premières entrées que fait le Roi dans les villes du Royaume, ou les villes conquises, le Grand Ecuyer marche immédiatement devant le Roi, portant l’épée Royale dans le fourreau. Il la porte aussi aux pompes funèbres des Rois. Après la mort du Roi, les chevaux & les harnois de l’Ecurie lui appartiennent.

Premier Ecuyer de la grande Ecurie. Il commande à la grande Ecurie en l’absence du Grand Ecuyer,