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CUT — CUV

vers, les encéphales, les pulmonaires, les hépatiques, les spléniques, les cardiaires, les péricardiaires, les sanguins, les vésiculaires, les héléophages, les cutanées, les ombilicaux & les vénériens.

CUTHÉEN, enne. s. m. & f. Quelques-uns écrivent Chutéen, mais premièrement il faudroit écrire Cuthéen. 2o. Les Bibles Latines écrivent Cutheus, & nos interprètes Cuthéen ; celui-ci est plus selon l’usage, & par conséquent il faut le suivre. Les Cuthéens étoient des peuples de l’Orient ainsi nommés de la contrée appelée Cutha, Province du Royaume d’Assyrie. Il y eut une colonie de Cuthéens transplantée à Samarie après la destruction de ce Royaume par Salmanasar. Tourmentés par des lions, ils crurent que pour s’en délivrer il falloit adorer le Dieu de ce pays. Ils obtinrent du Roi d’Assyrie un des Prêtres Israëlites emmenés captifs. Il leur apprit la loi de Moïse, & ils joignirent le culte du vrai Dieu à celui de leurs idoles. Ils adoroient une Idole que l’Ecriture nomme Nergel, 4. L. des Rois XVII, 28. & suivans. Voyez sur les Cuthéens le P. Souciet Jésuite, Dissert. sur les Médailles Hébraïques, p. 58.

CUTICULE. s. f. Terme de Médecine, qui se dit de la petite peau qui couvre la peau. C’est une membrane très-mince qui enveloppe extérieurement tous les corps. On l’appelle autrement Epiderme, & plus communément sur-peau. Cuticula. Riolan, & quelques autres après lui, ont dit que la cuticule des femmes n’avoit point de pores : Molinette soutient le contraire, par la raison qu’elles suent aussi bien que les hommes ; mais il remarque que cela est vrai des chiens & des chats, qui ne suent jamais, quelque fatigue qu’ils aient.

CUTZUBITE, ou CUZUBITE. s. m. & f. Nom de secte. Cutzubita, Cuzubita. On donna ce nom à Rome aux Donatistes, comme nous l’apprend S. Augustin dans sa lettre 175e. des anciennes éditions, T. II. p. 287. On croit que ce nom vient de Cuzuba, Cuzubica, & Cuzubita, nom du Monastère des Donatistes. Quoique plusieurs manuscrits écrivent Cutzupitæ dans S. Augustin, ce n’est point une preuve suffisante pour croire qu’il faut dire Cutzupite, plutôt que Cuzupite. Le son du z qui équivaut à ts ou tz, ds, ou dz, a pu faire ajouter ce t aux Copistes, sur-tout quand on leur dictoit ce qu’ils écrivoient.

CUV.

CUVAGE. s. m. Terme de pratique. Lieu où l’on met les cuves, ou les cuves mêmes dont un héritage doit être garni. Celui qui baille à terme un bien de campagne, doit fournir ce qui est porté par le bail, pour le ménagement des héritages, & pour la récolte des fruits, comme les granges, cuvages, pressoirs & autres choses, selon qu’il est convenu ou réglé par l’usage. Domat. Loix civiles.

CUVE. s. f. Grand vaisseau de bois, rond, composé de doëles, ou douvelles exactement appliquées l’une à l’autre, & entourées de cerceaux qui lient ces doëles, garni d’un fond seulement. On se sert des cuves pour mettre la vendange & fouler le raisin que l’on y laisse, plus ou moins, selon que l’on veut laisser prendre plus ou moins de couleur au vin. Lacus vinarius, cupa. On dit que la cuve de Clairvaux tient quatre cent muids. Abbreuver une cuve, c’est y mettre de l’eau pour la laver, la nettoyer, l’imbiber, & faire renfler le bois afin que les fentes que la sécheresse y a faites depuis qu’elle n’a servi, se bouchent, & que le vin ne s’écoule point.

Ce mot vient de cupa. Nicod. Mais Ménage, après Saumaise, observe que ce mot de cuve vient de cupa avec un simple p, mais quand il y a deux p, il signifie un vaisseau à boire, telle qu’est une coupe. D’autres le font venir du mot habel Allemand, signifiant la même chose. Dès le XIIe siècle ce mot étoit dans la langue, comme il paroît par les Actes de S. Outrille Archevêque de Bourges, écrits en ce siècle, C. 1. n. 8. Acta SS. Maii T. V. p. 250. * D. Mais ce mot cupa signifioit alors un tonneau, dans lequel on entonne, & l’on conserve le vin ; & non point le grand vase où l’on met la vendange avant que de la pressurer.

☞ On donne le même nom aux grands vaisseaux dans lesquels les Brasseurs font fermenter les grains avant que de les cuire dans les chaudières.

Cuve, se dit aussi des autres vaisseaux amples pour recevoir des liqueurs. Labrum. Une cuve pour se baigner, qu’on appelle autrement une baignoire, ou cuve de bain. On baptisoit autrefois dans une cuve.

Cuve chez les Teinturiers, est un grand vaisseau dont ils se servent pour teindre les étoiles.

Cuve, se dit aussi de la teinture même qui y est contenue. Une cuve de cochenille, une cuve de fleurée.

On appelle des fossés à fond de cuve, des fossés escarpés, & qui ont peu de talus, dont les deux côtés sont presqu’à plomb. Fossæ cujus latus paulùm declive est.

On dit proverbialement, Déjeuner à fond de cuve, pour dire, Déjeuner amplement.

CUVEAU. s. m. Petite cuve, Labellum. Un cuveau suffit pour ma vendange de cette année.

Cuveau, est aussi, selon Liger, un vaisseau de bois, entouré de cerceaux, mais beaucoup plus petit qu’une cuve, dont on se sert pour recevoir le vin qui coule de dessus le pressoir. Hâtez-vous de porter le vin du cuveau, autrement il sera trop plein. Liger.

CUVÉE. s. f. La quantité de vin qui se fait en une seule fois dans une cuve. Plenum vindemiâ labrum. Les Marchands distinguent leur vin par cuvées, car elles ne sont jamais également bonnes. Vin de la première, de la seconde cuvée. Je veux du vin de la même cuvée.

On dit figurément & familièrement de deux contes ou histoires qui sont presque d’un même genre, de même nature, ils sont tous deux de la même cuvée. Ex eodem fonte.

☞ On dit aussi en voici d’une autre cuvée, pour dire, voici une histoire, un conte qui ne vaut pas mieux que le premier.

☞ CUVER, v. n. demeurer dans la cuve. On le dit du vin qu’on laisse quelques jours dans la cuve avec la grappe. Ce vin n’a point cuvé. Fermentescere. Faire cuver du vin, c’est laisser fermenter dans la cuve le raisin avec le moût, pour faire le vin, & lui donner par-là le corps, la couleur & la qualité qu’il doit avoir.

Cuver son vin, se dit pour dormir après avoir bu avec excès. Dans ce cas il est actif. Vinum, crapulam edormire, exhalare, discutere, edormiscere, obdormiscere. Ne disputez point avec un homme ivre, laissez-lui cuver son vin.

On dit figurément & familièrement d’un homme qui est extrêmement en colère, qu’il faut lui laisser cuver son vin ; pour dire, qu’il lui faut laisser passer sa colère.

Cuvé, ée. Part. Le vin trop cuvé sent la grappe.

CUVETTE. s. f. Petit vaisseau en forme de cuve, fait de cuivre, d’argent, de marbre, &c. qu’on met dans les salles où l’on mange pour y jeter l’eau dont on s’est javé les mains, ou dont on a rincé les vers. labellum.

Cuvette ou Cunette, en termes de Fortification, est un petit fossé assez souvent plein d’eau, pratiqué dans un fossé qui est sec d’ailleurs. Il est d’ordinaire large de 17 à 20 pieds, & profond. Il sert pour empêcher l’ennemi de traverser si facilement le fossé. Fossula aquâ plena in aridâ fossâ majore cavata. Remarquez néanmoins que souvent ce fossé est sec, ou avec très-peu d’eau, & que celle qu’il a communément, n’est pour l’ordinaire qu’un amas fortuit.

Cuvette. Terme de Plombier. C’est dans les bâtimens