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DAD — DAG

DADON. s. m. Dado, ou AUDEON. Audoënus. S. Dadon, natif de Sens, fils de S. Autaire, & de Ste. Aige, & compagnon de S. Eloi, fut considéré à la Cour de Dagobert I. & élu Archevêque de Rouen en 646. Il assista en 650. au Concile de Châlons, & en 662. à celui de Clichi-la-Garonne. C’est lui qui est Auteur de la vie de S. Eloi, son ami, rapportée par Surius : & à ce que l’on dit, d’une de S. Remi, qui est dans l’Abbaye de S. Gal en Suisse. S. Dadon mourut le 24. Août 677.

Apparemment de S. Audeon on a fait successivement Saint Audon, Sain-Taudon, Sain-Tadon, Sain-Dadon, Saint-Dadon.

☞ DADON, ou Dedon. Ville d’un Pays de l’Afrique intérieure, que les Arabes appellent Vaconack.

DADUQUE ou DADOUQUE. s. m. Terme de Mythologie. Prêtre de Cérès. Daduchus. Cérès, ayant perdu sa fille Proserpine, se mit à la chercher au commencement de la nuit, disent les fables. Pour le faire dans les ténèbres, elle alluma une torche, & commença ainsi ses courses par le monde. C’est pour cela qu’on la représentoit toujours un flambeau à la main. C’est aussi pour cela, & en mémoire de ce prétendu fait, que dans les sacrifices & dans les fêtes de cette Déesse, ses Prêtres couroient dans son temple une torche à la main en cette manière. L’un d’eux prenoit sur l’Autel une torche allumée, & la tenant à la main, il couroit jusqu’à un certain endroit du Temple, où il la donnoit à un autre, en lui disant : Tibi aado. Celui-ci couroit de même & la donnoit à un troisième, & ainsi des autres. Cette cérémonie fit donner à ces Prêtres le nom de Daduques, qui signifie porte-flambeau, porte-torche. Au reste, les Daduques étoient des gens honorables & distingués, & il ne faut pas les confondre avec d’autres Ministres de la même Divinité appelés Métragyrtes, qui étoient vils & méprisés.

Ce mot est Grec, formé de δᾶς, qui signifie proprement un bois onctueux & résineux, tel que le picea, le pin, & les autres dont les anciens faisoient leurs torches, & de-là il se prend pour une torche & un flambeau ; & de ἔχω ; J’ai, je tiens, je porte ; δαδούχος, Daduque Porte-flambeau.

DADUQUE, étoit aussi, selon Alex. ab Alex. II. C. 8. le Grand Prêtre d’Hercule chez les Athéniens.

C’étoit la coutume de porter des flambeaux, non-seulement dans les sacrifices de Cérès, mais encore dans les Panathénées, les fêtes de Vulcain, & celles de Prométhée. Ce fut même dans celles de Vulcain que cette cérémonie fut d’abord pratiquée, parce qu’on le regardoit comme l’inventeur & le Dieu du feu. Mais je ne trouve point que les ministres de ces fêtes aient été appelés Daduques.

DAËZAJIE. s. f. Monnoie d’argent, qui a cours en Perse. Elle vaut cinq mamoudis.

DAFAR. Daphar. C’étoit la capitale des Homérites, peuples de l’Arabie heureuse, aujourd’hui l’Yémen, situés sur la côte orientale de cette contrée, au-delà du détroit du Golfe Arabique, aujourd’hui détroit de Babel-Mandel, ou de la Mecque. Le Prince des Homérites fit bâtir trois Eglises, l’une dans la ville capitale de toute la nation, nommée Dafar, ou Tafar. Fleury.

DAG.

DAGGIAL, ou DEGGIAL. s. m. C’est le nom que les Mahométans donnent à l’Antechrist, qu’ils appellent ou simplement Daggial, c’est-à-dire menteur, imposteur ou almassi al Diaggial, c’est à-dire faux Messie. Les Mahométans croient que Daggial doit venir à la fin du monde, & que Jesus-Christ, qui n’est pas mort, selon eux, viendra le combattre dans son second avènement ; qu’après l’avoir vaincu, il mourra effectivement. Voyez Issa. D’Herbelot.

Ce mot vient de l’Arabe דגל, dagiala, qui signifie proprement, enduire quelque chose de poix, & par métaphore, couvrir quelque chose sous de fausses apparences, mentir, tromper. Texit falsa specie, decepit, mentitus est. Les Arabes écrivent ce nom דגאל ; Daggial. Il signifie aussi un homme qui n’a qu’un œil, & qu’un sourcil, un Cyclope, & les Mahométans s’imaginent en effet que l’Antechrist sera tel.

DAGHESTAN. Province d’Asie entre la mer Caspienne qu’elle a à l’Orient, & le mont Caucase, qui la borne à l’Occident. Elle a au Septentrion les Circasses, & au midi le Schirwan, Province de Perse. Les habitans de ce pays se nomment Dagestan Tatar, Tartares de Daghestan, ou Tartares montagnards. Les Perses les appellent Lesgi. Taïku est la ville principale du Daghestan.

DAGHO, ou DAGO, Île de la mer Baltique, sur les côtes de la Livonie, dont elle dépend. Daghoa.

DAGIE, ou THAGIE. Ville d’Afrique, dans la Province de Tremecen, au Royaume de Fèz.

DAGNO, ou TERMIDAVA. Petite ville de Turquie en Europe, Dagea, Termidava. Elle est dans l’Albanie.

DAGOBERT. s. m. & nom propre d’homme. Dagobertus. Il y a deux de nos Rois qui ont porté le nom de Dagobert. Dagobert I. régna 14. ans, selon quelques-uns, & 16. selon d’autres. Il commença en 632. selon la Chronique de Du Tillet. Sous Dagobert I. qui avoit cinq femmes à la fois, & un Serrail de concubines, on se plongea dans la débauche. Le Gendre. Dagobert aimoit les lettres. Id. Dagobert II. commença à régner en 716. Du Tillet. On appelle Dabert un Saint Evêque de Bourges, nomme Dagobert. Voyez Dabert.

Pour marquer qu’une chose est fort vieille, antique, usée, on dit proverbialement & populairement qu’elle est du temps de Dagobert.

DAGON. s. m. Faux Dieu des Philistins. Dagon. Ce Dieu étoit honoré sur tout à Azot, où il avoit un temple, comme il paroît par le Ch. V. du I. L. des Rois. C’est-là que l’Arche de Dieu fut amenée & placée, après que les Philistins l’eurent prise, sous le Grand-Prêtre Héli, Juge du peuple d’Israël. Les Philistins ayant donc pris l’Arche de Dieu, l’emmenèrent de la Pierre du secours à Azot. Ils mirent l’Arche de Dieu qu’ils avaient prise dans le Temple de Dagon, & la placèrent auprès de Dagon. Le lendemain ceux d’Azot s’étant levés dès le point du jour, trouverent Dagon qui étoit tombé le visage contre terre devant l’Arche du Seigneur, ils le relevèrent & le remirent à sa place. Le jour suivant s’étant encore levés de bon matin, ils trouvèrent Dagon couché par terre sur le visage devant l’Arche du Seigneur ; mais la tête & les deux mains en ayant été coupées, étoient sur le seuil de la porte, & le tronc seul de Dagon étoit demeuré en sa place. C’est pour cette raison que les Prêtres de Dagon, & tous ceux qui entrèrent dans son temple dans Azot, ne marchent point sur le seuil de la porte. Sacy. 1. des Rois 4. V. 2. 3. 4. 5.

On prétend, après les Rabbins, que ce Dieu étoit représenté comme on représente les Tritons : c’est-à-dire sous la forme d’homme depuis la tête jusqu’à la ceinture, & le reste en forme de poisson. Cela est fondé sur la signification de ce mot, qui en Hébreu veut dire poisson. Au Ch. V. du I. L. des Rois, v. 4. où nous traduisons, & le tronc seul de Dagon étoit demeuré en sa place, il y a dans l’Hébreu רק דגון נשאר עליו, seulement Dagon étoit demeuré sur lui. R. David Kimhhi veut qu’on traduise ; seulement la forme de poisson étoit restée en lui, c’est-à-dire qu’il n’étoit resté à sa place que la partie d’en-bas, semblable à un poisson.

Le mot Dagon est masculin en Hébreu ; ainsi Dagon étoit un Dieu. Les Septante & la Vulgate suivent ce sentiment, aussi-bien que Philon de Biblos qui interprète Dagon, blé, froment, Δαγὼ ο Ζιτω, & qui veut qu’il fût fils du Ciel, & qu’il eût été ainsi appelé, parce qu’il étoit l’inventeur du blé. Car