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DAI

DAIL. s. m. Terme de Conchiliologie. C’est le nom d’un coquillage dont il est parlé dans l’histoire de l’Académie des Scienc. de 1710. p. 14. d’après M. de Reaumur. Le dail ne se trouve jamais qu’enfoncé dans la glaise, ou dans la banche qui n’est, selon M. de Reaumur, que de la glaise durcie. La figure du dail & de son trou est à peu-près celle d’un cône tronqué, dont la petite base est toujours en haut, & par conséquent il ne sort jamais de son trou, il l’augmente par le bas à proportion qu’il croît, par le moyen d’une espèce de pied fait en losange qu’il fait sortir par le bas de sa coquille. M. de Reaumur conjecture que les dails vivent longtems, & juge de la profondeur ou ils se tiennent par la longueur des tuyaux dont ils se servent pour rejeter l’eau, ainsi que font le coutelier, le sourdon, le lavignon, & autres coquillages.

☞ D’AILLEURS est quelquefois adverbe de lieu, & signifie d’un autre côté, d’un autre endroit. Je ferai venir d’ailleurs ce que vous demandez.

☞ Quelquefois il signifie la même chose que d’une autre cause, d’un autre principe. Vous avez tort d’attribuer votre disgrace aux propos qu’il a tenus ; elle procède d’ailleurs.

Quelquefois ce mot est synonyme à de plus & outre cela. Ils signifient tous trois surcroît ou augmentation, avec cette différence, dit M. l’Abbé Girard, que de plus s’emploie fort à propos lorsqu’il est question d’ajouter encore une raison à celles qu’on a déjà dites. Il sert précisément à multiplier, & n’a rapport qu’au nombre. D’ailleurs est à sa place, lorsqu’il s’agit de joindre une autre raison de différente espèce à celles qu’on vient de rapporter. Il sert proprement à rassembler, & a un rapport particulier à la diversité. Outre cela il est d’un usage très-convenable, lorsqu’on veut augmenter par une nouvelle raison la force de celles qui suffisoient par elles seules. Il sert principalement à renchérir, & a un rapport spécial à l’abondance.

☞ Il y aura toujours des guerres entre les hommes parce qu’ils sont ambitieux, que l’intérêt les gouverne, & que d’ailleurs le zèle de la religion les rend cruels.

DAILLOTS ou ANDAILLOTS. s. m. pl. Terme de Marine. Ce sont des anneaux qui servent à amarrer la voile, qu’on met de beau tems sur le grand étai, & qui font le même effet que les garcettes sur la vergue. Annuli.

DAIM. s. m. Bête fauve & sauvage, de grandeur moyenne, entre le cerf & le chevreuil, portant cornes tournées en avant, mais dont les perches & chevillures sont larges & plattes & non pas rondes. Le daim est de pelage plus blanc que le cerf, il porte plus de cors sur sa tête, qui est ordinairement paumée, & sa venaison est plus friande quand il est jeune, tendre, gras & bien nourri ; mais quand il est vieux, sa chair est difficile à digérer. Il y a des daims mâles & des daims femelles. Dama mas, dama fæmina. On fait des gants de daim. Le daim est naturellement fort timide & fort peureux, agile & léger à la course. On tient que sa chair est nourrissante, qu’elle fait un bon suc, qu’elle est propre pour la paralysie, & pour appaiser les douleurs de la colique. Son sang bu aussi-tôt qu’il est tiré, appaise les vertiges. Son fiel est détersif, & propre à emporter les cacaractes, & à dissiper les nuages des yeux. Son foie arrête le cours de ventre. Voyez M. Lémery, Traité des alimens.

On dit en proverbe, vîte comme un daim. Il faute comme un daim.

DAINE. s. f. La femelle d’un daim. Salnove.

DAINTER. s. m. Terme de Vénerie, qui se dit des testicules des cerfs. Cervinus testiculus. On dit aussi Dintier.

DAIRE. s. f. Nom propre d’une Nymphe. Daira. Elle étoit fille de l’Océan : elle eut de Mercure un fils, nommé Eleusis. Pausanias en parle in Atticis.

DAÏRE ou DAÏRO. s. m. C’est le nom de l’Empereur Souverain du Japon. Daïr, Daïrus. Il s’appelle autrement Vô ou Teio, Maff. Hist. Ind. L. XII. C’est le titre de la Souveraine Puissance ; ainsi l’assure Maffé, à l’endroit que je viens de citer ; le P. Sacchin, Jésuite, dans le II. Tome de l’Hist. de la Compagnie de Jesus. L. IV. n. 282. Le P. Bartoli, dans son Histoire Italienne du même Ordre, T. I. de l’Asie, L. III. p. 191. Hornius, Orbis Imp. & après lui Hoffman. Je ne sais où les Auteurs du Moréri ont pris que Daïre est le Souverain Pontife des Japonois. D’abord, le Japon fut gouverné par des Rois qu’ils appeloient Micoti c’est-à-dire, hauts, sublimes. Il y a douze de ces Rois qu’ils honorent encore sous le nom de Camis. Ils croient qu’ils étoient la postérité du soleil. De ces Camis étoient descendus les Princes qui régnèrent ensuite dans le Japon. Le premier vivoit 660. ans avant la naissance de J. C. Cent onze Princes tous de la même race ont gouverné le Japon après lui, avec le titre de Teio ou Vô, Daïre. Ils étoient Empereurs Souverains de tout le Japon, & tous les autres Rois leur obéissoient. Leur famille subsiste encore au Japon, mais elle ne tient plus le même rang. Il y a deux cents & quelques années, & selon Bartoli, 360. & plus, & près de quatre cents ans, comme dit Sacchin, que sous un Daïre fainéant & indolent, le Cubosama, c’est à-dire, le Connétable, ou Commandant Général des armées, s’empara de toute l’autorité, & les Rois soumis au Daïre, à l’exemple du Cubosama, se révoltèrent, & se mirent en liberté. Jusqu’au commencement du XVIe siècle, les Cubosama reconnurent cependant & conserverent la puissance & la dignité du Daïre, ne gouvernant en apparence que sous son nom & son autorité ; mais l’an 1600. le Daïre ayant donné sa démission, Taicosama fut déclaré Empereur du Japon, & commença une nouvelle forme de Gouvernement. Ainsi le Daïre, aussi-bien que le Cubo, sont deux dignités séculières, pour parler avec Bartoli. Il est vrai que les Japonois ont aussi leur Souverain Pontife, mais ils le nomment Zazzo, & non pas Daïre. Au reste, en changeant la forme de l’Empire, ils n’ont point changé les noms de Daïre & de Cubosama ; de sorte qu’aujourd’hui l’Empereur du Japon ne porte plus le titre de Daïre, mais celui de Cubosama, qui n’étoit que celui d’un grand Officier de l’Empire Japonois sous les anciens Daïres.

Le mot de Daïro est Japonois, & signifie, dit Bartoli, la Cour. Aula.

DAIS. s. m. Meuble précieux qui sert de parade & de titre d’honneur chez les Princes & les Ducs. C’est une espèce de poële fait en forme de ciel de lit, avec un dossier pendant. Umbella, umbraculum. Il n’y a des dais que chez les Rois, chez les Princes, les Ducs, & les Ambassadeurs.

Le dais se met auprès de la cheminée dans les chambres de parade. On tend un dais dans la grand’Chambre quand le Roi y tient son lit de Justice.

Dais, se prend encore pour un ouvrage d’Architecture & de Sculpture, qui est un ornement de bois, de bronze, de fer, qui sert à couvrir, à couronner un autel, un trône, un tribunal, une chaire de Prédicateur, une œuvre d’Eglise, &c. Ces sortes de dais sont faits en forme de pavillon, de couronne fermée, de consoles adossées. Voyez encore Baldaquin.

Il y a aussi des dais portatifs sur quatre colonnes, sous lesquelles on porte le S. Sacrement. On les appelle aussi le ciel. Les plus notables bourgeois portent le ciel ou le dais à la Procession de la Fête-Dieu. On présente aussi un dais aux Rois, aux Reines & aux Légats qui font leur entrée en cérémonie en quelque ville. Les Echevins ont présenté, ont porté le dais, &c.

Haut dais, est un trône ou un lieu élevé où le Rois donnent leurs audiences, & où ils se tiennent dans les cérémonies publiques, soit qu’il y ait un dais dessus soit qu’il n’y en ait point.

Ce mot vient de ce qu’anciennement on les faisoit comme un couvercle d’ais ou de Menuiserie,