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Olivier. Il parut il y a quelques années à Léipsik, une Dissertation qui a pour titre, de Librariis & Bibliopolis Antiquorum. Ces Bibliopoles des Anciens étoient ce que nous appelons maintenant Libraires ; c’est-à-dire, Marchands de Livres, & ceux que les Anciens nommoient Libraires, Librarii, étoient ceux qui écrivoient les Livres pour le public ; & pour les Bibliopoles, c’étoient les Copistes.

Il y avoit autrefois dans quelques Eglises Cathédrales une dignité qui donnoit le nom de Libraire à celui qui en étoit revêtu. Librarius. Il y en a qui croient que le Libraire étoit ce que nous appelons aujourd’hui Chantre, ou Grand Chantre.

Libraire, terme d’Antiquité. On appeloit autrefois en Latin Notaires, ceux qui savoient l’art d’écrire en notes abrégées, dont chacune valoit un mot ; & on nommoit Libraires ou Antiquaires, ceux qui transcrivoient en beaux caractères, ou du moins lisibles, ce qui avoit été écrit en note. On appelle aujourd’hui en termes de Palais, l’un la minute, & l’autre la grosse. Librarius. Plus de sept Notaires étoient toujours prêts à écrire ce qu’il dictoit, & se soulageoient en se fuccédant tour à tour. Il n’avoit pas moins de Libraires pour mettre les notes au net. Fleury.

LIBRAIRESSE. s. f. Femme de Libraire. Libraria. Ce mot ne se peut dire qu’en riant, & dans le style burlesque.

Il est auprès de Notre Dame,
Où la Librairesse Margot,
Lui chante bien souvent sa game. Cotin.

LIBRAIRIE, s. f. L’Art, la profession de Libraires. Typographorum vel Bibliopolarum Ars, conditio. C’est un homme qui est de père en fils dans la Librairie. Il se plaint que la Librairie ne vaut plus rien, que le trafic des Livres ne va plus. Toute la Librairie s’est assemblée pour élire un Syndic.

Librairie, signifioit autrefois une Bibliothèque, un grand amas de Livres. Bibliotheca. Henri IV. dit à Casaubon qu’il vouloit qu’il eût soin de sa Librairie. Colom. On appeloit au siècle passé dans la Maison du Roi, Maître de la Librairie l’Officier que nous nommons communément aujourd’hui, Bibliothécaire du Roi. M. de Thou a été Maître de la Librairie. M. Bignon l’est aujourd’hui. On dit aussi Garde de la Librairie, tant du Cabinet du Louvre, que de la suite de Sa Majesté. Les Librairies des Monastères étoient autant de magasins de Manuscrits. Pasq. En ce sens il est hors d’usage. Les Capucins & quelques autres Religieux disent encore, notre Librairie ; pour dire, notre Bibliothèque.

LIBRATION. s. f. Terme d’Astronomie. C’est un balancement qu’on appelle mouvement de libration, ou de trépidation, que les Ai^ronômes ont reconnu dans le Firmament, par lequel la décimaison du soleil & la latitude des étoiles changent de temps en temps. Libratio. On attribue aussi à la lune, un mouvement de llotation, qui a été reconnu par • le moyen du télefcope, mais que l’on n’a pas encore bien déterminé. On prétend qu’elle a un mouvement de llotation d’orient en occident, & du septentrion au midi, parce que dans les pleines lunes, on découvre quelquefois des parties de son disque, qu’on ne découvre point dans d’autres temps. Cela fait croire que son disque a un mouvement de mration, ou de balancement de côté & d’autre. On appelle aussi ces deux espèces de librations, l’une lii^rafio/2 en longitude, & l’.autre llotation en Lui tude. Outre cela, il y en a une troisième espèce qu’on appelle llotation apparente, & qui conhile en ce que, lorsque la lune est tout le plus loin qu’elle peut être du côté du midi, son axe étant alors presque perpendiculaire au plan de l’Ecliptique, il faut nécessairement que le soleil éclaire du côté du Pôle aréfique de la lune, quelques parties qu’il n’éclairoie pas auparavant ; & qu’au contrai le, quelques unes de celles qu’il éclairoit du cote du Pôle opposé, soient dans l’obscurité, ce qui produit les mêmes effets que la lihracion en latitude, OU le balancement du septentrion au midi, & c’est ce qui fait que quelques Astronômes appellent cela libration apparente’. Voyez Gregori, Ajironom. L. l’l, sect. 1, & M. Harns, au mot Librelion. Les observations qu’on a faites, que les caches delà lune paroissent tantôt s’éloigner du bord de la hine, & tantôt s’en.approcher, ont fait juger d’abord que le globe de la lune ne lassoie point de révolution autour de son axe, comme les autres Planètes, mais qu’il étoit seulement sujet à quelques balancemens semblables à ceux que l’on apperçoit dans une boule dont on change le centre de pelànteur, ce qui leur a fait donner le nom de librations. Ces mouvemens, irréguliers en apparence, & différensde ce qu’on a d.-couvert dans la plupart des autres Planètes qui fom leurs révolutions autour de leur axe, ont donné lieu à M. Callmi le père, de juger que cette llotation de la lune étoi : produite par la combinaison de deux mouvemens, dont l’un est celui de la lune autour de la terre, Se l’autre est sa révolution autour de son axe. M. Castini le, fils a très-bien expliqué cette hypothele dans les Élémens d’Astronomie, L. LU, c. j. La. lune nous paroit avoir une libracion ou espèce de balancement, tel que. feroit un commencement de. rotation apparente autour de son axe. La libracion se fait d’abord d’occident en orient, ensuite d’orient en occident ; de sorte que diverses régions qui lui paroissoient situées vers le bord occidental ou oriental de la lune, ou se cachent ou se montrent alternativement. Institut. Afiron : p. la^.

☞ Il y a aussi dans l’axe de la terre, en vertu de l’action de la lune & du soleil, un petit mouvement de llotation ou de balancement, que l’on appelle proprement nutation. Voye ce mot.


Libration. Voyez Pondération.

LIBRE. adj. m. & f. Qui a la liberté du choix. ☞ Le Terme s’applique à l’être intelligent, qui a le pouvoir de faire ce qu’il veut conformément à la propre détermination, ^^oyde Liberté. Liber, folucus ^ immuriis à nécessicace. Un homme de bon lens, exempt de toute passion, se plongera-t il jam.ais le poignard dans le sein î N’est-il pas libre pour cela î N’a-t-il pas le pouvoir entier & complet de le faire ? Non, répondra quelqu’un ; car ce pouvoir entier comprend deux choses ; l’une du côté des orsanes, qui doivent servir aux mouvemens jiécellàires pour se plonger le poignard dans le kin ; l’autre du côté de la volonté, qui doit commander ces mouvemens. Il est vrai que cet homme de bon sens peut porter contre lui-même son bras armé d’un poignard ; mais il ne peut pas vouloir le faire de sens froid,- sa volonté ne peut pas commander ces mouvemens. La volonté ne peut rien vouloir que sous l’idée d’un bien, qu’autant que l’objet lui est présenté comme bon : or un homme de bon sens & exempt de toute passion violente, ne peut apperçevoir aucun bien à se donner la mort ; il ne peut y apperçevoir qu’un très grand mal : il ne peut donc pas se commander une telle action. Et c’est, en estét, ce que tout homme de bon sens expérimente en foi-même, quand il se consulte sur cet article. Il lent bien qu’il se plongeroit le poignard dans le sein, s’il le vouloit efficacement ; mais il sent bien aussi qu’il ne le peut vouloir : ainsi il frémit à cette seule pensée, & son cœur lui répond qu’il ne s’y peut pas déterminer. Mais tout ce raisonnement prouve seulement que jamais un homme de bon sens exempt de passion violente, ne voudra en effet le plonger le poignard dans le sein 5 & non pas qu’il n ait pas, la liberté, le pouvoir de le vouloir. _ Une passion violente suffit même pour le vouloir Cette passion n’ôte pas la liberté, sans quoi il faudroit dire que jamais le flucide n’est un crime pundiable aux veux de Dieu ni des hommes ; ce qui est affreux. Elle ne donne pas non plus la liberté, il feroit absurde de le dire : donc elle est dans l’homme, avanÇ même qu’il ne soit poussé par une violente passion. L’afte seul du fuicide est incompatible avec le bon