Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, V.djvu/562

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

brochant sur le tout, se dit lorsque le lion est posé sur le champ de l’écu, qui est déjà chargé de quelque autre blason, & qu’il en couvre une partie.

On prétend que les lions dans les armoiries signifient souvent les voyages faits en Afrique, pays fertile en lions.

Le lion au reste est le symbole de la vigilance & de la fureur, parce qu’il ne dort point, ou du moins il repose les yeux ouverts, & parce qu’il alonge sa queue, & s’en bat les flancs, à mesure que sa colère s’échauffe. Je ne sai si en Afrique le lion dort en effet les yeux ouverts, mais j’en ai vu un en France qui dormoit les yeux très fermés.

Lion, se dit proverbialement en ces phrases. Un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort, c’est un proverbe sacré. A l’ongle on connoît le lion, ex ungue leonem : pour dire qu’on juge des choses à proportion par un échantillon, & qu’il faut souvent peu de chose pour faire connoître le caractère. On dit aussi, il faut coudre la peau de renard à celle de lion, pour dire, joindre la prudence à la valeur. On dit aussi, le partage du lion, tout d’un côté & rien de l’autre. On dit aussi, Battre le chien devant le lion, & cela se dit lorsque quelqu’un ayant fait une faute dont on n’ose le reprendre directement, on reprend un autre devant lui de la même faute. On dit aussi d’un fanfaron qui menace, que c’est un âne couvert de la peau du lion.

De la peau du lion l’âne s’étant vêtu,
Etoit craint par-tout à la ronde,
Et bien qu’animal sans vertu,
Il faisoit trembler tout le monde. La Font.

Lion. Leo. On donnoit ce nom à des Prêtres du soleil. Voyez Léontiques.

Ordre du Lion. Chevaliers du Lion. Ordo Leonis. Equites Leonini. Enguerrand I, seigneur de Coucy, qui vivoit en 1080. ayant tué un lion dans la Forêt de Coucy, qui faisoit beaucoup de ravage aux environs, pour en conserver la mémoire, on fit faire en pierre la figure de ce lion que l’on plaça dans la cour du Château de Coucy, & l’on institua des fêtes & des réjouissances, qui se renouvelloient tous les ans. On dit que ce fut à cette occasion que fut institué l’Ordre du Lion, qu’Enguerrand II. renouvella au commencement du règne de s. Louis, ce qu’il fit avec une magnificence royale ; mais, il y a plus d’apparence que ce seigneur a été l’Instituteur de cet Ordre. On donnoit pour marque à ceux qui y entroient une médaille d’or où étoit réprésenté un lion. P. Hélyot, T. VIII, C. 39, sur des Mémoires de M. de Clairambault.

Lion, dans l’Histoire des Monnoies. Espèce de monnoie d’or Françoise qui avoit cours du temps de François I, qui avoit pour Légende, sit nomen Domini benedictum, & pour figure un lion ; elle pesoit trois deniers cinq grains, & valoit cinquante-trois sous neuf deniers. On avoit aussi fabriqué des lions d’or [ons le règne de Philippe de Valois en 1338. Les lions d’or succédèrent aux écus d’or le 4 Novera bre 1338. Cette monnoie fut ainsi nommée, à cause du lion qui est sous les pieds du Roi. Un manuscrit qu’a cité M. Le Blanc, Traité Historique des Monnoies de France, p. 24^ _, dit que ce lion représente le Roi d’Angleterre, sur qui Philippe de Valois avoit eu l’avant.ige, lorsqu’il voulut lui dif puter la Couronne de France. Il n’est pas tout-à. fait hors d’apparence, dit M. Le Blanc, que le Roi d’Angleterre soit désigné par ce lion, puisque sur la plupart des monnoies que ce prince fit taire est Guienne, cet animal y est réprésenté. Cette mon noie des lions d’or finit le 14 Juin 1339. Un Ré glement pour les monnoies fut pour 1487 & 148s. & rapporté par le P. Lobineau, dans son Hlf. de Bretagne ^ T. II, p. J 4s i, fixe les lions à cinquante sous. Ce qui montre que cette monnoie avoit encore cours en Bretagne.

Lion, dans le Commerce. On donne ce nom à une sorte de linge ouvré qui se fabrique en Beaujolois, petite province de France. Il y en a de deux espéces, savoir, le grand lion, & le petit lion. Ce linge se fait ordinairement tout de lin.

LION. Voyez Lyon.

Lion (Golfe de). sinus Leonis, Leoninus, Mare Leonis. sanfon, & d’autres Géographes, entre autres M. de Lille, appellent Golfe de Lion toute la mer qui s’avance lut les côtes de Provence, de Languedoc & de Rouitation, & toute la grande anse que forment ces côtes. Hadr. de Valois, dans sa Notice des Gaules, p. 21 y, col. 2, les résute par Guillaume de Nangis, & par la route de s. Louis marquée par cet Auteur : car s’embarquant à Aiguemorte, dernier port de Languedoc, & laifant voile à l’Est, il n’arrive au Golfe de Lion que le troisième jour. De plus, s. Louis le pallâ en peu d’heures, quoiqu’avec beaucoup de péril. Ce Golfe n’étoit donc pas bien grand i & il faisoit que ce fût une partie de la mer de Provence. Valois juge, par une autre relation faite il y a deux cens ans, que c’est la mer qui est à la hauteur de Brigançon de Borme, & des îles des Lions ; & qu’il fut ainsi appelé à cause que c’étoit un passage très-dangereux. Les Bollandistes, dans les Acla sanel. Àpril. T. I, p. 171 3 not. r, étoient que le Golte de Ziolz n’est pas l’endroit de la mer Méditerrannée, où le Rhône le jette, qui ait eu autrefois ce nom de la ville de Lyon, qui par le Rhône y communique’, mais que c’est le Golfe de Grimaut, que l’on a appelé Gulfus Leonis, Golfe de Lion, ou Gulfus Leonum, Golfe des Lions, à cause de deux petites îles, ou plutôt de deux rochers qui y sont, se qu’on nomme encore aujourd’hui les Léons. Valois n’est point encore de cette opinion, parce que si c’étoient ces îles, dont ce Golfe eût pris son nom, on l’eût appelé, dit-il, Gulfus Leonum, des Lions, se non pas Leonis, du Lion.

Au reste, quoiqu’il en soit de l’origine de ce nom, Valois a tort de reprendre nos Géographes modernes ; car il faut distinguer ce qu’on appeloit autrefois Golfe de Lion, se ce qu’on nomme aujour d’hui de ce nom. Pour l’ancien Golfe de Lion Valois dit vrai : pour celui d’aujourd’hui sanlon & les autres ont raison, se ils ne parlent que de celui-là. L’on a étendu le nom de Golfe de Lion, à tout ce que Valois, en suivant les Anciens, appelle Mare Gallicum, Mer de Gaule, ou de France, Aujourd’hui le Golfe de Lion, sinus Lugdunenns, ou Leoninus, est une partie de la mer Méditerra née, qui s’étend depuis la côte orientale de lîle Minorque, & celle de la Catalogne, tout le long du Languedoc, jusqu’aux embouchures du Rhône, où commence la mer de Provence.

Lion en Beauce. Village de l’Orléanois, en France. Léonés in Beljia. Il est à cinq lieues d’Orléans, vers le nord, se vers le bourg de Toury. Maty. Ce nom & les suivans s’écrivent aussi Lyon.

Lion-sur-Loire, ou Lyon-en-sullias. Nom d’un village de l’Orléanois, en France. Leones ad Ligenm. Il est près du bord méridional de la Loire, entre Sulli & Gien, à trois lieues de oelle ci, & à une de celui-là. Maty.

Lion-le-saunier. Bourg de la Franche-Comté, situé dans le Baillage de Monmoror, à dix lieues de Dole, du côté du midi. Leodo salinarius. Ce lieu a été autrefois fortifié. Il est près d’Arley. Ce lieu a pris le surnom de saunier, parce qu’on y faisoit du sel, qu’il y avoit des salines. Valois, Not. Gall. p. 271

Lion. Terme de Philosophie hermétique. C’est le soufre, ou sperme masculin ; c’est aussi le fixe qui dévore l’aigle, c’est-à-dire, le volatil : ce mot signifie encore le mercure. Le lion vert, ces mots signifient, 1°. Le mercure Philosophal. 2°. La teinture du vitriol. 3°. Le fourneau des sages. 4°. L’œuf hermétique. Le vieux lion, c’est l’œuf des sages. Le lion rouge, c’est la teinture de l’or, ou